Le PQ appartient au mouvement indépendantiste

Tribune libre

13 juin 2011
Dans les années 60 et 70, les forces du mouvement indépendantiste se sont courageusement démantelées pour mieux s'unir et consacrer leurs énergies à la création et à la formation du PQ. Ce parti appartient au mouvement indépendantiste des Québécois, son esprit est constitué de la souffrance d'un peuple, du sang des patriotes, de la résistance incessante des plus courageux de ce peuple et de la détermination de tous les Québécois qui se souviennent... et qui croient qu'en appuyant le PQ, ils appuient leur souveraineté. Le PQ représente l'indépendance dans le coeur des Québécoises et des Québécois qui l'ont fait vivre en lui apportant leur confiance et en l'appuyant, il représente la conscience du peuple québécois à s’émanciper et à se responsabiliser.
Entre les échecs de deux référendums sur la souveraineté, le combat pour la bonne gouvernance est disputé de manière trop farouche par les adversaires du PQ ce qui l'empêche de vraiment mener le combat du peuple. Maintenant aussi investi par des carriéristes, des opportunistes et des indépendantistes mous, le parti jongle péniblement entre le maintien et la reprise du pouvoir. L'échec de 1995 s'installe comme un gros nuage gris qui ne veut pas passer, projetant ses foudres et ses averses sur l'ensemble du mouvement indépendantiste québécois. Le combat pour la libération du peuple devient de plus en plus difficile à porter pour un bon nombre de ces élus, ce qui ré-enligne tranquillement la position du PQ vers l'unique bonne gouvernance de son idéologie sociale-démocrate. L'essence même de l'indépendantisme semble se diluer au sein du parti.
Aujourd'hui, il y a encore des élus au PQ qui semblent même ignorer l'appartenance au peuple du parti, ils croient qu'ils peuvent faire les choses comme ils le veulent, selon leur seule appréciation de la situation, avec une stratégie qu'ils croient pouvoir garder silencieuse, ils nous demandent de leur faire confiance. Ils semblent ignorer l'appartenance du PQ au mouvement populaire indépendantiste et ce que ça signifie.
Soit les élus actuels du PQ comprennent cette appartenance au mouvement indépendantiste, soit ils quittent le parti, voilà une demande minimale exigible de quiconque se retrouve au sein du PQ. Ce n'est ni à la reine, ni à rien d'autre qu'au peuple québécois qu'ils doivent offrir allégeance et prêter serment de fidélité. Si le PQ ne s’assoit pas aux mêmes tables que ses partenaires du mouvement indépendantiste et ne négocie pas, le mouvement indépendantiste recommencera ce qu'il a fait dans les années 60 et 70, se dotera à nouveau d'un parti politique qui posera les gestes définitifs de rupture avec Ottawa. Parce que si l'ensemble du mouvement indépendantiste réel s'unit à nouveau pour former un nouveau parti, un PQ reformaté, actualisé, propre et résolument indépendantiste, il pourrait vite prendre le pouvoir. Ça ne prend pas une décennie pour former un parti à notre époque, demandez à François Legault.
Il n'en demeure pas moins qu'encore en ce moment, la meilleure option serait que le PQ connaisse une forme de révolution au sein du parti, que l'indépendance devienne plus que jamais la PREMIÈRE priorité, avant toutes les autres, parce qu'à remettre ça, on s'éloigne à un rythme dangereux de cette victoire qui est aussi une victoire pour toutes les autres grandes priorités. Qu'il adopte maintenant la «commission permanente de préparation à la souveraineté» (qui a été refusé sur «la forme» mais qui est une mesure EXTRAORDINAIRE, un geste IRRÉVERSIBLE et CLAIR), qu'il adopte avant les élections l'engagement à prendre les moyens nécessaires, une fois au pouvoir, pour déployer et réaliser la souveraineté. Il faut qu'il retrouve le contact avec sa base militante et ses différents partenaires du mouvement indépendantiste qui demeure le plus haut niveau de la conscience nationale du peuple québécois, l'esprit même qui a mis au monde le PQ.
Patrick Diotte, indépendantiste.


Laissez un commentaire



3 commentaires

  • Michel Laurence Répondre

    14 juin 2011

    Malheureusement pour nous, le PQ croit que les indépendantistes lui appartiennent.
    On a beaucoup décrié les poteaux du NPD qui ont été élus le 2 mai 2011. Quand je regarde la photo de famille de la députation du PQ, je suis tenté de passer la même remarque : il y a là plein de poteaux aussi. Il y en a même parmi les 12 qui ont signé la lettre télécommandée par Mme Marois et son entourage.
    Le PQ n’est plus l’ombre de ce qu’il devrait être.
    Mme Louise Beaudoin a mentionné, lors de son point de presse, que maintenant au PQ c’est le « crois ou dégage » qui est devenu la règle. Ce qui fait la démonstration sans équivoque de ce que j’affirme dans ma première phrase.
    Comment se fait-il que les congressistes se soient laissé embarquer dans le Plan Marois de « gouvernance souverainiste » ? Personne parmi eux n’a lu l’histoire du PQ ? Claude Morin, l’étapisme, ça ne leur dit rien ?
    Mercredi, Mme Marois doit annoncer le programme du PQ.
    Soyons attentifs à chacun des mots qu’elle prononcera.
    C’est déprimant, mais le PQ n’a jamais remis en question le parlementarisme britannique; il l’a même fait sien. Si bien que pour plusieurs députés du PQ, militer signifie aujourd’hui poser une question à l’Assemblée nationale.
    OUF ! Ce n’est pas en acceptant de jouer selon les règles établies par l’oppresseur qu’on va se faire un pays.
    Si, dès la prochaine session, la députation du PQ refuse de respecter ces règles faites pour pérenniser notre asservissement, et qu’il ne siège plus à l’AN, refusant ainsi de jouer ce rôle d’opposition fantoche pour enfin consacrer toute son énergie à faire tout ce qui doit être fait pour rapidement déclarer l’indépendance du Québec, alors là, je serai d’accord et je le suivrai. À défaut, le PQ nous conviera à un autre 15 ou 20 ans d’attente, de tergiversations, de calculs politiques et de « gouvernance provinciale ».
    Il faut aussi frapper l’imaginaire des Québécois. Au lieu d’écrire un nouvel Hymne national, commençons par déclarer le 24 juin Jour de Deuil national : http://t.co/920TWQC

  • Nicole Hébert Répondre

    14 juin 2011

    Monsieur Diotte,
    J'ai apprécié votre texte. J'en partage plusieurs énoncés. Moi qui me range derrière le PQ, je souhaiterais aussi le voir, je ne dirais pas se radicaliser, car cela dénote une absence de souplesse et cette qualité est indispensable, même chez les plus déterminés. Je dirais donc plutôt afficher une lumineuse clarté dans l'option, la communication et la détermination, justement. Que, oui, la population sache où il va. Qu'elle puisse retrouver l'obsession de cette option dans la moindre intervention de ses éluEs. Quant au comment, je suis d'accord, compte tenu des intentions et des moyens de l'adversaire, que le jeu ne se choisisse et ne se révèle qu'au moment opportun. Avec l'assentiment de la population, évidemment. Pour ce qui est de préparer le terrain de longues mains, comme le souhaite M. Parizeau, j'ai acquis la conviction, lors d'un colloque récent, que l'équipe actuelle était bel et bien en train de la faire.
    Par ailleurs, je me demande ce que vous suggérez lorsque vous souhaitez que le PQ consulte sa base militante? Qu'il ne le fait pas? Qu'elle ne l'a pas été au Congrès d'avril? Que le vote de confiance à Pauline Marois est truqué? Et lorsque vous suggérez que le PQ s'assoit avec ses partenaires indépendantistes - et je partage votre avis - ne trouvez-vous pas que cette responsabilité est mutuelle? Que les partenaires devraient aussi chercher à s'asseoir avec le PQ plutôt que de s'asseoir à répétition aux tables d'à-côté, en changeant sans cesse de tables de surcroît... Et pour, non pas proposer des critiques qui stimulent mais pour critiquer, le plus souvent. Quant ce n'est pas résolument pour détruire.
    Je pense comme vous que le PQ appartient aux "désirants" d'un Québec libre et encore plus créatif qu'il ne l'est déjà. Un Québec à la face du Monde. C'est pourquoi je propose à ceux-là de réintégrer le PQ - en acceptant de ne pas nécessairement y faire la pluie et le beau temps mais en collégialité - et de l'investir encore et encore jusqu'au bout de la route. Ce que je devrai faire moi-même de plus en plus si je veux être plus congruente.
    Mais merci de votre texte clair, nuancé et au ton sincère. Je souhaiterais, si votre attitude est bien reflétée dans ce texte, me retrouver un jour à une même table de travail que vous.
    Cordialement
    Nicole Hébert

  • Frédéric Picard Répondre

    13 juin 2011

    Je suis las de mourrir. Je me sens profondément cave. Les assaults pour reprendre le parti ont été nombreux et tous condamnés par l'échec. Le PQ est un parti de dictateurs. Le PQ n'est plus mon parti. Il n'est plus le parti du meilleur PM que le Québec n'ait jamais eu...
    Non, le PQ n'appartient plus au mouvement indépendantiste. Le PQ est une gibelotte amorphe, un invertébré qui refuse d'évoluer. Dans un monde ou la politique se radicalise a gauche ou a droite, un parti de vélléitaires n'a pas sa place.
    A moins d'une surprise extraordinaire, je voterai QS aux prochaines élections. Le parti est imparfait, mais il a plus de chances d'être réformé que votre titanic idéologique.