Lettre ouverte / Opinion

Le poids de la culture québécoise sur le web

Stratégie culturelle numérique

Tribune libre

Sur le web, la culture québécoise ne fait pas le poids face à la concurrence. Le diagnostic fut posé dès 2011 par la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) dans son rapport «Porte grande ouverte sur le numérique». Le remède fut prescrit par le ministère de la Culture et des Communications en 2014 par l’adoption de la Stratégie culturelle numérique sous le thème «Pour occuper l’espace numérique» accompagné d’un budget de 110 millions de dollars réparti sur sept ans. «La première orientation, “Enrichir l’offre de contenus culturels numériques˝, consiste à générer une masse critique de contenus existants, nouveaux et expérimentaux pour assurer une présence accrue sur tous les canaux.» peut-on lire dans le plan. Or, à ce jour, le milieu culturel a fait preuve de fort peu d’expertise pour donner du poids à ses contenus numériques. Certes, l’ajout de pareil contenu augmente un tant soit peu la masse critique de notre culture sur le web. Mais c’est d’abord et avant tout son référencement aux internautes par les moteurs de recherche qui lui donne tout son poids. Dans le monde virtuel du web, c’est le nombre élevé de liens vers un contenu donné, repérés par les moteurs de recherche qui lui assure une masse critique. Il faut donc aborder le contenu numérique différemment que dans le monde physique de briques et de mortier où le nombre garantit automatiquement la visibilité en magasins.

Prenons l’exemple de la littérature. Sur le web, le livre n’est qu’une annonce de lui-même. La masse critique d’un titre ne repose plus sur le nombre d’exemplaires sur les tablettes en librairies. L’annonce du titre importe davantage que le titre lui-même sur le web. Il faut donc que cette annonce soit la plus complète et la plus pertinente possible. Il suffit de visiter les sites web de nos éditeurs pour constater qu’une majorité d’entre eux limitent l’annonce de leurs titres à la plus simple expression. Aussi, sur le web, l’éditeur ne peut pas agir comme dans la chaîne traditionnelle du livre, c’est-à-dire confier la promotion de ses titres en librairies à son distributeur/diffuseur. Dans le monde virtuel, l’éditeur se retrouve dans le rôle du diffuseur qu’il le veuille ou non, et ce, de par sa seule présence sur le réseau avec son site web. L’annonce de chacun de ses titres doit être généreuse en donnant le maximum d’informations aux lecteurs potentiels.

De plus, un nouvel intermédiaire s’impose à la chaîne du livre une fois sur le web : les moteurs de recherche (dont le plus célèbre, Google). Sur le web, l’internaute ne questionne pas directement les sites web mais les moteurs de recherche. Et pour être référé aux lecteurs potentiels par ces moteurs de recherche, il faut en respecter les normes. Une tournée des sites web de nos éditeurs nous force à conclure que peu d’entre eux répondent aux exigences des moteurs de recherche. Bon nombre de sites d’éditeurs ne comprennent pas un titre et une description appropriés à intégrer dans le code de la page web. Elle passe ainsi sous le radar des moteurs de recherche et elle n’est pas recommandée aux internautes.

Pour les moteurs de recherche, plus il y a de liens qui conduisent à une page web donnée, plus cette dernière sera populaire dans les résultats affichés aux internautes. Or, d’une part et c’est bien connu, le milieu québécois du livre travaille en silos, sans multiplier les liens vers les uns et les autres et ainsi attirer davantage l’attention des moteurs de recherche. Et d’autre part, les éditeurs négligent le réseautage avec le web littéraire des internautes, ce qui résulte en des liens en moins vers leurs sites web.

Dans ce contexte, la Stratégie numérique culturelle du Québec atteindra difficilement son objectif sans imposer aux différents intervenants subventionnés un cahier de charges précisant les éléments composant les contenus et les normes à suivre pour un référencement maximum par les moteurs de recherche.

Mémoire soumis sous le même titre à Hélène David, ministre de la Culture et des Communications.

Télécharger ce mémoire: >https://fondationlitterairefleurdelys.wordpress.com/2015/02/06/la-fondation-litteraire-fleur-de-lys-depose-un-memoire-au-sujet-de-la-strategie-culturelle-numerique/]
Fondation littéraire Fleur de Lys

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Serge-André Guay34 articles

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Marié et père de quatre enfants, Serge-André Guay est
né à Lévis (Québec, Canada) en 1957. De formation autodidacte et
travailleur autonome depuis 25 ans, il a tout d'abord été animateur,
commentateur, chroniqueur, journaliste, recherchiste et rédacteur en chef
au service de différents médias québécois et ontariens.

Puis, son expérience des médias et un stage de formation en Europe font de
lui un éducateur aux médias dont les interventions sont recherchées par le
milieu scolaire. Ensuite, à titre de consultant, l'utilité de ses plans
d'action en communication et en marketing est vite appréciée.

Depuis 1990, il développe une expertise hautement spécialisée en recherche
marketing, soit l'étude des motivations d'achat des consommateurs, axée sur
l'évaluation prédictive du potentiel commercial des produits et des
services, nouveaux et améliorés.

Pour ce faire, il retient la méthode et l'approche indirecte proposées par
le chercheur américain Louis Cheskin, à qui il accorde le titre de premier
scientifique du marketing.

Depuis, il a étudié les réactions sensorielles involontaires et les
réactions inconscientes de plus de 25,000 consommateurs dans le cadre de
plus d'une centaine d'études des motivations d'achat pour différents
manufacturiers et distributeurs canadiens.

Il a signé de nombreux articles et donné plusieurs conférences
percutantes. Il a aussi publié une série de vingt-quatre études traitant du
caractère scientifique du marketing sous le titre "Science & Marketing ",
Prédire le potentiel commercial des biens et des services". À ses yeux, le
marketing doit renouveler son efficacité sur des bases scientifiques
rigoureuses.

Il n'hésite pas à questionner les idées reçues. Animé par une profonde
réflexion sur la conscience et la condition humaine, il est un «
penseur-entrepreneur », à la fois fonceur et analytique.

En 2000, il écrit un essai de gouvernance personnel sous le titre J'aime
penser – Comment prendre plaisir à penser dans un monde où tout un
chacun se donne raison.

En juin 2003, il met sur pied la Fondation littéraire Fleur de Lys,
premier éditeur libraire francophone sans but lucratif en ligne sur
Internet





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1 commentaire

  • Archives de Vigile Répondre

    10 février 2015

    Coucou le Québec, ici la France, nous vous lisons quand même !