Le Plan Nord fera échec au multipartisme, croit Charest

Jean Charest misera sur le Plan Nord pour obtenir des Québécois un quatrième mandat d'affilée

Pourquoi cette si fréquente photo de JJC en chien enragé?... Faudrait en trouver une qui le montre tel quel: en vendeur de char usagé!



Le premier ministre Charest fera du Plan Nord un point central de sa prochaine campagne électorale.
Photo: Robert Skinner, archives La Presse


Jocelyne Richer La Presse Canadienne MUNICH, Allemagne - Les Québécois ont besoin d'un grand projet rassembleur, sur le plan politique, selon le premier ministre Jean Charest. Sinon, c'est tout l'échiquier politique qui s'en trouvera fractionné entre plusieurs partis.
Un projet commun constitue donc, à ses yeux, le meilleur antidote à la multiplication des partis politiques, une tendance lourde qu'on observe autant au Québec que partout dans le monde, a-t-il soutenu vendredi, en point de presse, au terme d'une mission de cinq jours en Europe visant à promouvoir son Plan Nord.
Il s'agissait d'une mission d'exploration, qui n'a donné lieu à aucune annonce d'investissement.
Le traditionnel bipartisme est vraiment chose du passé au Québec, avec l'avènement de l'Action démocratique, plus récemment de Québec solidaire, prochainement d'un nouveau parti issu de la coalition dirigée par François Legault, et possiblement d'un nouveau parti souverainiste.
Dans le cas du Québec, le projet commun proposé par Jean Charest pour faire échec au multipartisme s'appelle Plan Nord.
Après avoir qualifié l'année 2010 d'«annus horribilis», M. Charest juge que son gouvernement est reparti sur la bonne voie en 2011 avec son discours inaugural, le dernier budget et l'annonce de ce mégaprojet du développement du Grand-Nord sur 25 ans.
«Les Québécois aiment bien avoir un projet devant eux», a dit M. Charest, après avoir pris le petit-déjeuner traditionnel- arrosé de bière - avec le ministre-président de la Bavière, Horst Seehofer.
«On est ce genre de société qui a besoin de projets, besoin d'une vision, et le Plan Nord vient s'inscrire dans cette tradition que nous avons au Québec», selon lui.
Il observe que la multiplication des partis politiques, avec, à la clé, des gouvernements fragiles, est un phénomène mondial.
«Il y a un questionnement. On le voit en France, en Allemagne. On voit ça en Belgique (sans gouvernement depuis un an), à Londres, où il y a un gouvernement de coalition», a-t-il dit, attribuant ce phénomène aux bouleversements économiques et politiques qui ont marqué les dernières années.
«Ca me ramène à l'essentiel en politique. J'en reviens convaincu plus que jamais qu'il nous faut un projet au Québec», a-t-il ajouté, en profitant de l'occasion pour décocher quelques flèches à ses adversaires actuels et potentiels.
«Je m'attends juste à ce que nos adversaires s'obligent aux mêmes devoirs que nous, c'est-à-dire de proposer des choses et de répondre aux mêmes questions auxquelles nous nous devons répondre», a-t-il commenté, réclamant les mêmes règles du jeu pour tous.
Il a constaté que le contexte politique québécois était en mouvance constante et qu'il était, dans ce contexte, bien difficile de prédire de quoi aura l'air le Québec politique de demain.
«Les choses changent et peuvent changer encore 20 fois d'ici les deux prochaines années, tellement la politique, aujourd'hui, va rapidement», a-t-il dit, dans une suite de commentaires à saveur clairement pré-électorale.
Après une année très difficile, en 2010, marquée notamment par diverses allégations de favoritisme et une chute marquée dans les sondages, il dit avoir gagné «en maturité et en expérience», ce qui lui a permis d'«aborder la politique différemment».
«Il faut être capable de faire la différence entre l'actualité et l'avenir du Québec. Ce sont des nuances qu'un premier ministre apprend à faire», a-t-il ajouté, philosophe.
Pour éviter les faux pas et les critiques, son gouvernement prépare mieux les dossiers, a-t-il indiqué, citant en exemple son Plan Nord, qui a connu une gestation de deux ans avant d'être annoncé.
Après une mission qui l'a conduit, en cinq jours, de Londres à Bruxelles, Francfort et Munich, avec un horaire extrêmement chargé, le premier ministre a pris la route du Québec, vendredi, pour être à Montréal à temps pour accueillir le couple royal en visite au Canada.
Samedi, il accompagnera le duc et la duchesse de Cambridge, William et Kate, à l'Hôpital Sainte-Justine et à l'Institut de tourisme et d'hôtellerie, puis, il sera de la cérémonie tenue dimanche midi à l'Hôtel de Ville de Québec.
«On compte les recevoir avec beaucoup de chaleur», a commenté M. Charest, qui ne s'est pas montré inquiet de l'impact sur l'image du Québec à l'étranger, à la suite de possibles manifestations antimonarchiques.
Il a dit que les manifestants avaient le droit de s'exprimer, pourvu «que les gens s'expriment dans le respect».
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Le Plan Nord sera un enjeu électoral, selon Charest

Le premier ministre Charest fera du Plan Nord un point central de sa prochaine campagne électorale.



Jocelyne Richer
La Presse Canadienne Munich, Allemagne - Jean Charest misera sur le Plan Nord pour obtenir des Québécois un quatrième mandat d'affilée.
Le mégaprojet du premier ministre, qu'il tente de promouvoir cette semaine auprès des investisseurs étrangers, pourrait ainsi devenir sa planche de salut pour à la fois regagner la faveur populaire et se maintenir au pouvoir.
À Francfort, en Allemagne, jeudi, dernière étape de la mission européenne qu'il dirige dans le but de faire connaître son projet à l'étranger et faire pleuvoir les milliards d'investissements dans la Grand-Nord, M. Charest a soutenu que le Plan Nord sera un des enjeux de la prochaine campagne électorale.
«On peut certainement affirmer que le Plan Nord fera partie du décor et de l'ensemble des enjeux» de la prochaine campagne électorale, a-t-il commenté, en point de presse, après une allocution devant des gens d'affaires et des financiers de Francfort.
Il a dit que son projet était «bien reçu partout dans le monde» et qu'il était convaincu que les Québécois allaient adhérer à cette initiative et en retirer un sentiment de fierté.
«Je suis persuadé que les Québécois vont beaucoup aimer ce projet et que ça va être pour eux une source de fierté, j'en suis convaincu», a-t-il dit.
Il a cependant nuancé son propos en disant qu'il était encore trop tôt pour échafauder des stratégies électorales.
Ce sont les Québécois qui vont décider «s'ils vont trouver de quoi (dans ce projet) à vouloir réélire le gouvernement», a-t-il dit.
Quoi qu'il en soit, contexte pré-électoral ou non, pour la deuxième fois depuis le début de la mission, lundi à Londres, M. Charest a pris appui sur le Plan Nord pour attaquer sa rivale péquiste, Pauline Marois.
Il n'a toujours pas digéré le fait que la chef péquiste ait émis des réserves par rapport à ce projet de 80 milliards de dollars en 25 ans, lancé officiellement à Lévis en mai dernier.
Sur le plan politique, à ses yeux, cela «a été une erreur de Mme Marois de ne pas dire un oui franc et ouvert» au développement du Nord québécois.
Selon lui, «au Parti québécois, la réaction a été plutôt indifférente, du bout des lèvres. Je m'attendais à ce que Mme Marois dise: c'est un bon projet, faites-le, on avance. Quand le PQ a fait la Paix des Braves, moi j'ai dit que j'appuyais la Paix des Braves. J'ai pas dit: la Paix des Braves, mais, la Paix des Braves, peut-être.»
En fait, Mme Marois a dit que si elle était portée au pouvoir, elle donnerait suite au Plan Nord, tout en s'engageant à en revoir certains aspects, comme le régime de redevances imposé aux compagnies minières, pour s'assurer que l'exploitation des ressources naturelles profite à l'ensemble des Québécois.
Chose certaine, les Québécois devront s'habituer à ce que le Plan Nord fasse partie du décor, et pendant longtemps.
«On va en parler et on va en faire la promotion pendant plusieurs, plusieurs années à venir», a planifié M. Charest, qui poursuivra son opération séduction, sur la scène internationale, au Japon et en Chine, au mois d'août.
En mai, il avait annoncé le premier volet quinquennal du projet et le deuxième volet est déjà en préparation. De plus, parallèlement, les Québécois seront invités, entre-temps, à participer à une consultation publique sur le sujet.
Le premier ministre, qui revient au pays vendredi soir, a mené sa mission européenne à un train d'enfer, multipliant les discours devant un public cible du monde des affaires et de la finance, et les rencontres privées avec des chefs d'entreprises et des financiers.
À Munich, en fin de journée, il a été reçu avec tous les honneurs dus à un chef d'État, avec tapis rouge à sa descente d'avion et escorte policière bloquant l'autoroute pour laisser passer son véhicule et sa suite.
En soirée, M. Charest a pu assister à un concert de l'Orchestre symphonique de la Bayerisher Rundfunk dirigé par le chef québécois Yannick Nézet-Séguin.
«Ça me touche beaucoup», a dit M. Nézet-Séguin, à l'entracte, que le premier ministre ait choisi d'assister au concert, malgré un horaire très chargé, alors que M. Charest venait le saluer.
Le jeune chef québécois de réputation internationale, qui a reçu une longue ovation du public allemand, a indiqué qu'il était fier de se produire partout dans le monde «en tant qu'ambassadeur du Québec et du Canada».
Il a dit apporter à la direction musicale un style «différent», «typiquement québécois», en adoptant une approche «collégiale», «très ouverte».
«Je reste moi-même partout où je suis», a ajouté le chef, avant d'entreprendre la deuxième partie du concert, dans une salle remplie à pleine capacité.


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