Projet de loi 94

Le Parti québécois veut-il vraiment affirmer la laïcité...

...comme valeur fondamentale?

Laïcité — débat québécois

Le Parti québécois veut-il vraiment affirmer la laïcité comme valeur fondamentale?
Par le Conseil national du MLQ
Texte paru dans le no.16 de la Revue Cité Laïque, printemps 2010
http://www.mlq.qc.ca/cite-laique/numero-16/
Les premières réactions du Parti québécois au dépôt du Projet de loi 94 vont dans la
bonne direction : « le gouvernement libéral ne règle rien et maintient le statu quo »
en matière d’accommodements raisonnables, affirment les députées Louise Beaudoin
et Véronique Hivon, dans un communiqué du 24 mars dernier.
Elles ont raison d’indiquer qu’« avec ce projet de loi, le gouvernement Charest préfère endosser
le multiculturalisme canadien », et qu’il est nécessaire « d’énoncer dans la Charte
québécoise des droits et libertés les valeurs fondamentales du Québec ».
Mais il est loin d’être acquis que le
Parti québécois soit résolu à agir en
faveur de l’affirmation de la laïcité, malgré
les déclarations en ce sens de personnalités
comme Louise Beaudoin, dont la
sincérité des convictions laïques ne saurait
être mise en doute. Nous ne croyons pas,
contrairement au communiqué péquiste
du 24 mars, que l’approche québécoise en
matière d’accommodements religieux soit
« mieux reflétée dans le projet de loi 391
présenté par la chef de l’opposition officielle,
Pauline Marois, en novembre dernier ».
Le projet de loi 391 de Pauline
Marois manquait la cible

Voici des extraits du communiqué du MLQ
du 30 novembre dernier au sujet du projet
de loi de Pauline Marois.
« / …/ Le projet de loi 391 ne permettrait
pas la pleine affirmation de la laïcité
puisqu’on y parle plutôt de « séparation entre
l’État et la religion » sans jamais nommer
explicitement la laïcité. Cela constitue
un recul par rapport au projet de loi 195
que Mme Marois avait présenté en 2007,
lequel mentionnait alors la laïcité comme
valeur fondamentale.
De plus, selon le projet de loi 391, la
Charte devrait plutôt « être interprétée de
manière à tenir compte du patrimoine historique
du Québec ».
Le MLQ voit dans cette clause interprétative
proposée par le PQ un réel danger,
car elle permettrait aux tribunaux d’ouvrir
la porte à d’autres accommodements religieux
jugés déraisonnables par une majorité
de citoyens, et de consolider l’intrusion actuelle de la religion dans les institutions
publiques comme le maintien des crucifix
dans les établissements publics et la récitation
de la prière lors de conseils municipaux.
Dans cet esprit, le projet d’amendement
tel que formulé par le PQ contribuerait à
soutenir le cours obligatoire de Culture
religieuse au nom d’un patrimoine qui ne correspond plus aux pratiques religieuses
actuelles ni aux intérêts d’une majorité de
Québécois de toutes origines ».
Une invitation à la cohérence
Le Parti Québécois a raison de dénoncer
le Projet de loi 94 qui ne règle rien quant
au port de signes religieux ostentatoires
dans la fonction publique. Mais il devra
être lui-même cohérent s’il se prétend
partisan d’une laïcité authentique. Il devra
notamment exiger l’adoption d’une
Charte de la laïcité ou, à tout le moins,
l’affirmation claire du principe de la laïcité
dans la Charte des droits et libertés de
la personne.
Il devra exiger une directive à l’adresse
des municipalités concernant la récitation
de prières à l’occasion des réunions des
conseils municipaux.
Il devra demander le déplacement du
crucifix actuellement au-dessus du siège
de la présidence de l’Assemblée nationale
vers un lieu, le musée de l’Assemblée nationale
par exemple, où il sera vraiment
traité comme élément patrimonial. Le
patrimoine québécois ne doit pas servir
d’alibi pour reconfessionnaliser les institutions
publiques, tout particulièrement
les lieux de pouvoir.


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