Disparaître, Québec solidaire ? La nouvelle lubie du SPQ-Libre

Le NPD au Québec - une analyse simpliste

Il ne faut rien comprendre au contenu soi-disant fédéraliste de la vague orange pour imaginer le projet d’une aile québécoise du Nouveau Parti Démocratique du Canada.

Tribune libre

Il ne faut rien comprendre au contenu soi-disant fédéraliste de la vague orange pour imaginer le projet d’une aile québécoise du Nouveau Parti Démocratique du Canada.
La vague orange avait pour but de déloger Harper et non de donner un gouvernement social-démocrate à Ottawa. Et si certains peuvent encore le supposer, il leur faudra se questionner profondément sur les capacités indépendantes des canadiens de faire avancer eux-mêmes leur propre société sans rien attendre de ceux que les gouvernements successifs de leur pays ont marginalisé au cours de leur histoire.
Si le Bloc avait une certaine usure, son remplacement par un parti fédéraliste va beaucoup décevoir les Québécois. À quoi s’attendaient donc les milliers de Québécois qui ont appuyé le NPD ? D’abord à voir une autre manière de défendre leurs intérêts du côté de la Chambre des Communes parce que le pouvoir des Conservateurs les a outrés et qu’ils n’y ont rien trouvé après les élections fédérales de vraiment honnête dans des politiques qui ont en plus perpétué leur marginalisation au Canada. Pensons à la manière dont ont été attribués les contrats de construction de navires qui a ignoré complètement un grand chantier naval québécois, la Davie. Les dépenses militaires, l'acquisition de bases militaires à l'étranger, l'alignenment sur l'attitude agressive de l'OTAN dans son « impérialisme humanitaire », tout ça a soulevé le coeur de bien des Québécois. Ce pouvoir décentralisé vers l’Ouest se fout carrément d'eux, de leurs valeurs et de leur volonté de voir leur nation progresser constamment. Répétons-le, rien n'a été contredit du fait que les dépenses en santé et en éducation créent plus d'emploi que les investissements dans l'armement !
Un vote pour un semblant de contre-pouvoir à Ottawa ne remplacera cependant pas le Bloc. À Ottawa ce parti nationaliste était même prêt à des alliances pour faire avancer, paradoxalement, le ROC sur des questions à propos desquelles les Québécois sont déjà en avance sur les Canadiens. Il avait cependant comme attitude, non pas de s'opposer au complexe militaro-industriel canadien, mais de réclamer des « retombées pour les Québec des contrats des F-35 ». Est-ce que le NPD ne vient tout simplement pas chercher au Québec, sans vraie contrepartie, les forces politiques dont il a besoin pour consolider son influence sur un Canada qui se refuse d’aller de l’avant dans sa propre évolution progressiste ?
La venue d’un NPD-Québec, qui a déjà été complètement effacé du Québec au cours des débats sur l’unité de la gauche, devrait décevoir tout autant que ce qui a révulsé les Québécois auparavant dans ce parti : un fédéralisme à la remorque des progrès de société faits sur la gauche au Québec.
Alors quel poids politique aurait un investissement militant dans un parti qui ne comprend rien aux aspects de gauche portés par le mouvement indépendantiste du Québec ? Ce qui a été un facteur de progrès indéniable au Québec, ce mouvement en quête d’émancipation populaire, n’aura de résultat pour le Canada que si les forces de gauche au Canada s’investissent eux-mêmes dans la transformation du ROC en un pays indépendant des USA, démilitarisé et portant un projet progressiste au sein de l’impérialisme canadien.
« Une nation qui en opprime une autre ne saurait être libre » (Marx). À rêver d’une gauche canadienne plus vigoureuse, celle-ci devrait au départ placer la question nationale québécoise, et toutes les autres, comme non résolue. Et sa contribution au progrès des nations du monde devrait la faire se positionner en faveur d’une séparation du Québec et au démantèlement d’un pays que Harper a poussé le plus vers la droite jusqu’à justifier le maintien d’une oppression criminelle, militarisée, de tas d’autres nations du monde, aux côtés des USA, dans les guerres que l’on sait. Leur combat pour l’indépendance, et du Québec, et du Canada, deviendrait ainsi une force anti-impérialiste conséquente et contribuerait au progrès de l’humanité. Mais il ne trouvera d’issu que dans son propre refus du maintien d’un pouvoir profondément inégalitaire en Amérique du Nord.


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    22 août 2012

    Je dois avouer que je suis dans l'expectative face à cette proposition. Je vous le confesse humblement. J'ai de sérieuses interrogations que je souhaite partager avec vous.
    La seule formation de gauche au Québec actuellement, Q.S., regroupe, moitié moitié, des fédéralistes et des souverainistes. Nous en observons les tiraillements régulièrement. À mon sens, c'est une position inconfortable. Je pose donc comme hypothèse que la cause de la justice sociale serait sans doute mieux servie si :
    1) Q.S. disparaissait
    2) Les fédéralistes de gauche, anglos et francos, se réunissaient dans leur propre véhicule.
    3) les souverainistes de gauche se fusionnaient avec O.N. afin de décupler leurs forces.
    Je crois comme Mulcair qu'il existerait une demande pour un NPD Québec. Je crois aussi qu'il serait utile de mettre fin à cette impasse et ce malaise qui existe présentement à Q.S. Mais je peux me tromper. Ce n'est qu'une hypothèse pour l'instant. Avant que ce point de vue ne deviennent une proposition, il serait souhaitable de l’approfondir et de la critiquer.

  • Jean-Pierre Bouchard Répondre

    22 août 2012

    Les militants et membres de QS sont t-ils conscients de ce que signifie la dynamique d'un NPD Québec pour QS? Que cette dynamique va ressembler à celle de l'ADQ pour la CAQ. La question se pose. Les grands idéaux ont peu de poids en rapport des forces politiques hostiles et du jeu vorace des grands médias québécois.