Comme vous, je me désole d’assister à ce qui semble être le naufrage inexorable du Parti Québécois.
Voyons d’abord comment nous en sommes arrivés là ?
Primo. Le PQ, au fil des ans, est devenu l’instrument des fonctionnaires et des élites bureaucratisées qui dissimulent leur avidité accapareuse de deniers publics sous la belle bannière sociale-démocrate. On a l’impression, surtout depuis une vingtaine d’années, que le Parti québécois sert les intérêts de la bourgeoisie bureaucratique au détriment de sa mission première de réaliser l’indépendance. Regardez ses élus depuis 20 ans. Une majorité d’entre eux vient de l’administration publique, des milieux de l’éducation et de la santé, des agences parapubliques ou des syndicats de fonctionnaires. Le Québec allait à droite, la direction du PQ lorgnait QS.
Malgré tout, fondamentalement, le parti de René Lévesque et de Jacques Parizeau demeure un parti indépendantiste à qui on doit une grande partie des réformes qui ont fait le Québec moderne.
Secondo. Le PQ, c’était, et c’est encore l’équipe des bons gars. Depuis que Machiavel a exposé les ressorts de la politique et du pouvoir, ils n’ont pas changé. Les «bons gars», ceux qui respectent les règles, les conventions, les normes ne réussissent que rarement prendre le pouvoir et s’ils y arrivent, à le garder longtemps. Mais bien sûr, ils seront cités en exemple pour la postérité : des perdants vertueux et admirables.
C’est que l’ennemi principal du peuple québécois, le parti libéral (PLQ, PLC c’est la même poutine !) est un adversaire implacable, dénué de principes, sans remords et amoral : des «dirty tricks» criminels de la GRC autorisés par Trudeau contre le mouvement indépendantiste au référendum de 95, volé par Chrétien. Et je ne parle même pas des traficotages abjectes entourant le rapatriement unilatéral de la Constitution de 1982 par PET.
L’orthodoxie fédéraliste et multiculturelle du Parti libéral qui a donné naissance, par rejet, à la fois au PQ et de la CAQ, lui assure un appui inconditionnel et massif des Anglo-ethniques. Le vote francophone étant divisé, ça permet aux libéraux de prendre le pouvoir en associant à leur base anglo-ethnique (où grouille une clique mafieuse), un ramassis d’affairistes, d’opportunistes et de magouilleurs francophones de tout acabit. Pensez aux gouvernements Charest et Couillard.
Cette donnée fondamentale de l’appui massif des non-francophones pour le PLQ ne va pas changer. La seule façon de battre à jamais cette combinaison antinationale gagnante est par une « grande coalition », qui fusionnerait toutes les formations patriotiques du Québec.
Plutôt que d’inventer des mouvements et des partis sans lendemain, les Québécois lucides doivent s’atteler à la tâche urgente de fédérer autour de la CAQ les diverses formations nationales à la dérive pour en faire une véritable « Grande Coalition ». Les affrontements avec le fédéral qui s’annoncent et la remontée de la haine anti-Québec dans le «Rest of Canada» vont favoriser un tel rassemblement. N’oublions pas que les racines politiques de François Legault sont au PQ pour lequel il a siégé pendant dix ans à l’Assemblée nationale et dont il a été ministre.
L’idée d’indépendance peut survivre au désastre actuel. Mais la possibilité de réaliser l’indépendance va devenir de plus en plus incertaine à cause de l’effet conjugué de l’immigration non francophone et du vieillissement de la population. Les Québécois francophones sont de moins en moins nombreux et de plus en plus vieux. Aucun peuple vieillissant n’est à l’origine de grands bouleversements politiques. Les vieux regardent passer l’histoire, ils ne la font pas. Cela semble maintenant être notre destinée à moins que nous réagissions dépérissement tranquille de notre nationalité. Veux, veux pas, c’est ça qui est ça.
Et je rêve du jour où les indépendantistes, l’«équipe des bons gars», vont enfin comprendre qu’il vaut toujours mieux être de mauvais gagnants que de bons perdants.