Ce n’est pas moi qui le dit, c’est Justin Trudeau, le premier ministre du Canada. Je me demande si Justin Trudeau aurait eu le courage de faire une telle déclaration en plein débat des chefs sur les réseaux francophones du Québec. C’est que les fédéralistes sont assez frileux avec le mot « multiculturalisme » généralement. Le PLQ de Philippe Couillard tente par tous les moyens de l’imposer au Québec tout en évitant soigneusement de faire le débat sur la place publique. Ça non plus ça ne vient pas de moi, ce sont les réputés avocats Julius Grey et Julie Latour qui s’en indignaient alors que les travaux sur le liberticide projet de loi 59 (et 62) du parti Libéral cheminaient dans la plus grande indifférence.
Vous pensez vraiment que la ministre Stéphanie Vallée aurait eu le courage d’expliquer ce que son gouvernement essayait de faire à la manière d’un Bernard Drainville, tableaux, vulgarisation et rencontres citoyennes à l’appui. Pourtant, les projets de loi 59 et 62 du PLQ, c’est la réponse de Philippe Couillard à la méchante, satanique charte des valeurs de Drainville. Cela aurait mérité la même explication. Mais le PLQ sait très bien que l’appui à la laïcité est important, majoritaire au Québec; ce n’est certainement pas le cas du multiculturalisme.
Et pourtant, aujourd’hui, dans un communiqué officiel du bureau du Premier ministre du Canada, les Québécois apprennent que le multiculturalisme est aussi emblématique du Canada que le sirop d’érable.
Car c’est un jour important aujourd’hui pour Justin Trudeau; j’irais même jusqu’à dire que « sa » véritable fête « nationale », c’est le 27 juin, journée internationale du multiculturalisme. C’est d’ailleurs pour cette occasion que le bureau du PM a émis ce communiqué officiel. Faut célébrer ça. Mais encore, on apprend aussi dans ce communiqué que » nous célébrons le multiculturalisme en tant que composante vitale de notre tissu national ».
On comprend vite pourquoi les fédéralistes ont combattu avec le plus grand acharnement la volonté des Québécois sous le gouvernement de Pauline Marois de rompre avec le multiculturalisme issu de Trudeau père et si cher à Trudeau fils. C’est avec une composante vitale du Canada que les Québécois se proposaient de rompre. Pas question. Encore aujourd’hui, avec la même mauvaise que jadis, la gauche multiculti de Montréal et ses alliés libéraux et ardents fédéralistes continuent d’attaquer le projet laïciste. On le fait passer pour raciste, pour xénophobe. Tout pour protéger le multiculturalisme.
Sans le nommer. Car ils attaquent la laïcité mais bien peu de ceux-ci avancent pourquoi ils sont si attachés au multiculturalisme, au communautarisme, à l’internationalisation, à la fin des frontières, à la fin des identités nationales, etc.
Justin Trudeau, PM du Canada, est d’ailleurs sous le feu de critiques car il s’est interféré dans les affaires d’une autre nation en se positionnant résolument contre le Brexit. Début de l’année 2016, le PM du Canada était en visite officielle à Londres justement pour faire la promotion du multiculturalisme canadien. En toile de fond du Brexit, il y a l’influence de la haute-finance mondiale et européenne qui vise la fin des souverainetés et aussi ce multiculturalisme débridé avec lequel tant de nations peinent à composer.
Les « identités nationales », le multiculturalisme en toile de fond du Brexit
Et pourtant, ironiquement, la gogoche multiculti de Montréal, si prompte à faire la leçon de moralité, si rapide à lancer les accusations de xénophobie, s’inspire des arguments infects, déshumanisants, des plus infréquentables néo-capitalistes… Ceux qui, comme le nauséabond Peter Sutherland, ex PDG de Goldman Sachs et haut dirigeant de la pétrolière BP (et participant des activités du puissant Bilderberg Group ), sont eux-aussi les plus ardents défenseurs du multiculturalisme… Peter Sutherland, tout puissant personnage qu’il est, dirige aujourd’hui le Forum mondial sur la migration et le développement. Le 21 juin dernier, à quelques jours du vote sur le Brexit, Sutherland y est allé d’un vibrant plaidoyer en faveur du multiculturalisme.
« The EU should « do its best to undermine » the « homogeneity » of its member states, the UN’s special representative for migration has said.
Peter Sutherland told peers the future prosperity of many EU states depended on them becoming multicultural. »
(L’Union européenne devrait faire tout son possible pour affaiblir l’homogénéité de ses états-membre. La prospérité des états membre de l’UE dépend de leur capacité à devenir multiculturelle)
Voilà qui va à l’encontre de bien des combats que livre la gauche; du moins celle qui ne se vend pas comme une prostituée de luxe aux oligarques qui militent pour la fin des nations en fonction des intérêts de leur classe. Il semble bien que Jean-Luc Mélenchon, l’emblématique leader du Front de gauche en France l’ait compris. Sa critique de l’Union européenne est sans appel.
En entrevue au Cogeco 98.5 ce matin, Jean-Martin Aussant, l’ex chef d’Option Nationale et banquier qui connaît bien la haute finance de Londres. Son analyse du Brexit et de l’importance des souverainetés nationales est capitale:
« Je suis en faveur des souverainetés nationales. De pouvoir converser entre nations c’est très bien. Plus on a des états fédéraux immenses, et c’est le cas de l’Europe, moins on est proche du citoyen en terme de pouvoir. Quand les souverainetés nationales sont conservées partout, avec leurs spécificités, leurs cultures, ces nations, ces gens ont une plus grande possibilité de choisir elle-même leur destin, leur avenir et leur développement quand leur gouvernement est plus proche d’eux. »
Jean-Martin Aussant c’est l’anti-thèse du politicien identitaire populiste. Pourtant, il aurait appuyé le Brexit eut-il été encore citoyen britannique. Le discours, les arguments sur lesquels il s’appuie, sont aux antipodes des intérêts de ceux qui fomentent l’accaparement multiculturaliste des nations; de ceux qui se battent avec tant d’acharnement pour faire disparaître les souverainetés nationales.
Il fallait lire les déclarations intempestives de Peter Sutherland sur les médias sociaux suite au résultat du Brexit. L’expression démocratique? Très peu pour lui (et nombre d’autres de ces ultra-riches amis). Dès que le résultat fut connu, cet émissaire onusien de la migration international et porte-étendard planétaire du multiculturalisme criait au racisme, à la xénophobie. Il fut l’un des premiers à en appeler au renversement pur et simple du résultat. Une attitude méprisante envers les citoyens anglais et leurs institutions démocratiques.
La faute des « vieux » qui ont sacrifié la jeunesse, la faute des médias, la faute des identitaires… faut annuler le vote, faut refaire un 2e référendum immédiatement… Un joyeux pistolet! Surtout un ardent défenseur de sa caste, de sa classe sociale. Cet argument des « vieux » qui ont sacrifié les jeunes par leur appui majoritaire au Brexit, ne tient tout simplement pas la route. Le taux de participation des 18-24 ans ne fut que de 36%. Les « jeunes » n’ont que leur apathie à blâmer pour ce résultat.
N’en déplaise aux fédéralistes au Québec et Canada, aux Trudeau, Couillard, Legault, les identités nationales demeurent pertinentes et la question de la souveraineté des nations l’est tout autant. Pour le Québec, alors que rien n’est réglé concernant l’organisation et la gestion de la diversité ethno-culturelle. Le multiculturalisme n’est pas une finalité en soi, un fait immuable. C’est un modèle et il peut être contesté, critiqué et remplacé. Si l’éphémère gouvernement du PQ de Marois nous a montré quelque chose c’est que les Québécois préfèrent la laïcité au multiculturalisme débridé, sans limites d’un Justin Trudeau.
Et le Brexit expose un côté pas très joli de ceux qui tiennent tant à la fin des souverainetés nationales. En terme de campagne de peur, sont pas mauvais non plus ces gens-là. L’épouvantail de la dévaluation des économies, les campagnes de culpabilisation de xénophobie, de racisme envers quiconque ose défendre le principe de l’importance de l’identité nationale… On connaît.
Et par la bande ensuite, ce monde là perçoit des taxes de l’État islamique, une des causes les plus sinistres des grands mouvements de réfugiés qui fuient la barbarie.
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