RETRAITES

Le modèle voisin

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Avec les Libéraux, «le modèle québécois en prend pour son rhume»

Pendant que le gouvernement du Québec consacre toutes ses énergies à réduire ses dépenses sans égard aux conséquences pour le filet de sécurité sociale, celui de l’Ontario annonce les détails d’un nouveau régime de retraite obligatoire malgré l’opposition acharnée et méprisante du gouvernement Harper.
Au Québec, on aime bien défendre notre « modèle québécois », mais dans un contexte de lutte contre les déficits budgétaires, ledit modèle en prend pour son rhume. En fait, ce combat pour le retour à l’équilibre budgétaire sert aussi de prétexte à un autre combat plus insidieux que mène ce gouvernement pour réduire l’empreinte de l’État dans la vie économique et sociale.

Pendant ce temps, en Ontario, province qui fait aussi face à d’importantes contraintes financières, le gouvernement de Kathleen Wynne accroît le salaire des aidants à domicile pour le porter à 19 $ l’heure et vient de fournir les détails de son nouveau programme de retraite complémentaire au Régime de pension du Canada — équivalent du RRQ — pour tous les salariés qui ne participent pas déjà à un régime d’entreprise.

L’insuffisance des revenus de retraite est sujet de débats au pays depuis quelques années puisque le tiers seulement des salariés participe à un régime d’entreprise. Si les prestations publiques du RPC-RRQ, de la Sécurité de la vieillesse et du Supplément de revenu garanti suffisent pour remplacer les revenus de travail modestes des retraités du bas de l’échelle, il en va autrement de ceux de la classe moyenne qui n’ont pas eu la chance de participer à un régime d’entreprise.

Malheureusement, à cause de l’entêtement du gouvernement Harper à privilégier l’épargne privée et le volontarisme individuel à travers le CELI et le REER, la seule autre voie ouverte aux salariés est la création récente des Régimes volontaires d’épargne retraite par les provinces. Des régimes auxquels les entreprises devront bientôt inscrire tous leurs employés, mais sans obligation d’y cotiser elles-mêmes et sans obligation non plus pour les employés d’y rester inscrits. Quant à la rente, elle dépendra de la bonne performance de ces régimes dont la gestion aura été confiée aux institutions financières privées. Un échec assuré !

Au contraire, la loi ontarienne forcera bientôt toutes les entreprises qui n’offrent pas déjà un régime complémentaire à contribuer à parts égales avec leurs employés au nouveau régime public qui versera aux futurs retraités des prestations de remplacement de 15 % de leurs revenus.

Ainsi, un employé qui gagne 45 000 $ recevra 6400 $ en sus des 11 000 $ du RPC et des 6700 $ de la Sécurité de la vieillesse, pour un total approximatif de 24 000 $ pleinement indexé, soit plus de 50 % de son salaire de fin de carrière.

De plus, employés et employeurs devront cotiser sur la première tranche de 90 000 $ de revenus, de sorte que la prestation de retraite du RPC-RRQ, qui ne dépasse pas 12 800 $ à l’âge de 65 ans présentement, sera bonifiée d’un montant à peu près équivalent, pour un total de 32 300 $ en incluant la Sécurité de la vieillesse, au lieu de 19 500 $ à l’heure actuelle.

Ce n’est toujours pas suffisant, et c’est pourquoi il faut viser le remplacement d’au moins 50 % du revenu pour tous les salariés de la classe moyenne, mais c’est tout de même un progrès majeur.

Le principal obstacle à la mise sur pied du régime ontarien est à Ottawa, dont le premier ministre Stephen Harper se vante ouvertement de mettre des bâtons dans les roues du projet de Mme Wynne qualifié faussement de hausse de taxes pour la classe moyenne. Or, comme l’Ontario ne gère pas lui-même sa caisse de retraite, il a besoin d’Ottawa et du RPC pour recueillir les cotisations, gérer les actifs et distribuer les prestations.

Autre difficulté : sans la collaboration du fédéral et des autres provinces, le système des pensions publiques canadien risque de partir dans toutes les directions alors que la mobilité de la main-d’oeuvre appelle à une harmonisation au moins partielle entre les régimes, comme ce fut le cas jusqu’ici pour le RPC-RRQ.

Au Québec, le gouvernement Couillard ne montre aucun intérêt pour la solution ontarienne, pas plus que pour toute autre forme de bonification du RRQ dont il contrôle pourtant tous les rouages grâce à la Régie des rentes et à la Caisse de dépôt. Libéral de nom, peut-être, mais de plus en plus conservateur dans la pratique, malheureusement.


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