Le mauvais réflexe

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C'est systématique ! Il n'en rate pas une !





L’ambition ultime de Philippe Couillard était de diriger le Québec. Cinq ans après sa démission du gouvernement Charest, son élection à la chefferie du Parti libéral en 2013 l’indiquait clairement.


Jusqu’à son accession rapide au pouvoir en 2014, l’ex-ministre de la Santé demeurait néanmoins une énigme. Au-delà des «vraies affaires» dont il jurait vouloir s’occuper, que chercherait-il à accomplir? Quelle serait sa «vision»? Quel serait son legs politique?


Une fois premier ministre, le mystère se dissipa. Les «vraies affaires» cédaient le pas à l’austérité. Cherchant à se délester de l’ère Charest, il promettait aussi une éthique irréprochable. Dès l’été 2014, l’«affaire» Bolduc trahissait toutefois le trait contraire.


La première réaction de Philippe Couillard fut de banaliser le fait que son ministre Yves Bolduc avait empoché plus de 200 000 $ en «primes» pour «inscrire» 1600 nouveaux patients quand il était dans l’opposition. Des patients délaissés dès son retour au pouvoir.


Depuis, dès qu’il est question d’éthique et d’intégrité, M. Couillard montre le même réflexe initial de banalisation. Ce mauvais réflexe, il l’a répété dans l’«affaire» Hamad. Dans son expulsion de Robert Poëti du ministère des Transports encore aux prises avec des pratiques douteuses. Dans la manière dont il s’est drapé dans la fausse vertu de la dissidence de Renaud Lachance à la suite du rapport final de la commission Charbonneau.


L’éthique comme principe


Idem à l’arrestation par l’UPAC de deux ex-ministres libéraux, Nathalie Normandeau et Marc-Yvan Côté. Idem cette semaine en première réaction au geste ahurissant d’un conseiller transfuge de la CAQ, parti avec des documents confidentiels. Ou encore dans l’«affaire» Lessard.


Ce réflexe initial est si puissant que, chaque fois, seule la pression médiatique réussit à le faire reculer.


Or, au pouvoir, l’éthique se traduit par les agissements des individus qui l’exercent, mais aussi dans la gouverne elle-même. On la mesure aux buts visés par les politiques publiques.


Gouverner de manière éthique, c’est gouverner avant tout pour le bien commun. Ce n’est pas une «utopie», mais un principe essentiel. Et ce principe, où se cache-t-il?


Où se cache-t-il ?


Sûrement pas dans l’austérité. Ni dans le réflexe de banalisation face aux questions d’intégrité. Ni dans la «révolution» Barrette qui désorganise à outrance le système public de santé et de services sociaux. Ni dans l’«affaire» RONA.


Résultat: selon les sondages, près de 80 % des francophones ne se retrouvent plus dans ce gouvernement. Le vote francophone étant fractionné plus que jamais, seul le mode de scrutin assure aux libéraux leur «monopole» au pouvoir. Sur le plan démocratique, c’est une aberration.


Inquiets néanmoins de finir minoritaires en 2018, en marge de leur caucus spécial, quelques libéraux laissaient couler leur «grogne» jusqu’aux médias, pointant la mauvaise «communication» au bureau du premier ministre. Ce n’est pourtant que le symptôme d’une carence nettement plus profonde.


Quand le gouvernail de l’éthique se détraque, on gouverne en perdant de vue le bien commun. Et quand ça dure trop, ça devient aussi un sacré problème pour ceux qui l’ont perdu de vue.




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