Le gouvernement Harper renversé

2 mai 2011 - Harper majoritaire



Les députés conservateurs applaudissent leur chef Stephen Harper après le vote sur la motion de censure présentée par les libéraux.
Photo: Reuters


Hugo de Grandpré et Malorie Beauchemin La Presse (Ottawa) - Les partis de l'opposition ont renversé le gouvernement fédéral. Le premier ministre Stephen Harper doit se rendre à la résidence du gouverneur général, samedi matin, pour déclencher des élections générales.
C'est une motion de censure présentée par le Parti libéral qui aura finalement eu raison des conservateurs. Peu après 14h, vendredi après-midi, le Bloc québécois et le NPD lui ont donné leur appui, scellant le sort de la 40e législature.
«Le vote d'aujourd'hui, qui bien sûr me déçoit, va aussi, je pense, décevoir la plupart des électeurs canadiens», a lancé le premier ministre Stephen Harper au terme du vote. Il a donné «l'assurance» que ses troupes et lui continueraient à faire de l'économie leur «première priorité».
La motion adoptée par la Chambre des communes déclarait le gouvernement coupable d'outrage au Parlement pour avoir refusé de lui fournir le détail des coûts de certaines de ses politiques, dont ses nombreux projets de loi en matière de justice criminelle.
«La Chambre est d'accord avec la décision du Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre que le gouvernement est reconnu coupable d'outrage au Parlement, ce qui est sans précédent dans l'histoire parlementaire canadienne, et en conséquence, la Chambre ne fait plus confiance au gouvernement», a déclaré le texte final, adopté par 156 voix contre 145.
Les heures du gouvernement Harper étaient comptées depuis mardi, lorsque tous les partis de l'opposition ont annoncé qu'ils voteraient contre le budget. Jugeant qu'il s'agissait d'un bon énoncé économique et se disant prêt à faire campagne en l'intégrant à sa plate-forme électorale, Stephen Harper a refusé de modifier le document.

C'est le chef libéral, Michael Ignatieff, qui a lancé les hostilités, vendredi matin, en ouvrant le débat sur la motion de censure de son parti, dans une Chambre des communes clairsemée.
«Pendant quatre mois, nous avons demandé des comptes. Pendant quatre mois, nous n'avons eu aucune réponse. Que le mépris de ce gouvernement, a ajouté le chef libéral. Un gouvernement qui viole les règles et cache les faits à la population canadienne ne mérite par de rester en poste. Ça suffit. Assez, c'est assez.»
Les membres du gouvernement conservateur se sont succédé pour condamner la motion et la volonté de l'opposition de faire tomber le gouvernement, et ainsi de rejeter le budget 2011-2012 qui vient d'être présenté, mardi.
Le premier à prendre la parole du côté des conservateurs a été Harold Albrecht, un député d'arrière-ban de l'Ontario. Le leader du gouvernement à la Chambre des communes, John Baird, lui a succédé. Ils ont affirmé que l'outrage n'était qu'un prétexte partisan pour provoquer des élections dont les Canadiens ne veulent pas.
«Soyons clair sur la signification réelle de ce vote de non-confiance, a lancé John Baird. C'est un vote contre un plan pour stimuler l'économie et les emplois avec de bas taux d'imposition. C'est un vote contre les travailleurs canadiens et leurs familles. C'est un vote qui affaiblira la reprise économique.»
Donnant un avant-goût de la campagne électorale, le Bloc québécois et le gouvernement se sont mutuellement accusés pendant toute la journée de mal représenter les intérêts des Québécois.
Dans un discours enflammé au cours duquel le chef du Bloc québécois, a accusé les conservateurs d'avoir abandonné le Québec, Gilles Duceppe a tenu un discours diamétralement opposé à celui du leader du gouvernement à la Chambre.
«Pour eux (les conservateurs), ce ne sont pas les résultats des politiques publiques qui sont importants. Ce sont les résultats idéologiques. Le chef conservateur sait très bien que si la population apprend que ses politiques coûtent des milliards, il va échouer à imposer son ordre du jour idéologique», a-t-il chargé.
Le député néo-démocrate Yvon Godin a été le dernier à prendre la parole. Vociférant avec conviction, il a mis le point final au débat en accusant les troupes de Stephen Harper de ne pas dire la vérité en affirmant qu'ils ne voulaient pas d'élections.
«On va vous revoir sur la route dans les prochains 35 jours! Vous allez prendre la porte!», a-t-il crié en toisant les bancs conservateurs.


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