Jean Charest et Jérôme Monique-Forget Photo PC
Tommy Chouinard et Denis Lessad - Jean Charest et Monique Jérôme-Forget refusent de comparaître devant une commission parlementaire spéciale parce qu'ils ont «quelque chose à cacher» au sujet des pertes historiques de la Caisse de dépôt et placement, accuse la chef péquiste Pauline Marois.
Le gouvernement Charest reproche quant à lui à l'opposition de faire preuve de «mauvaise foi» et de vouloir politiser un enjeu «très sérieux».
L'impasse persiste donc toujours quant à la tenue d'une commission parlementaire chargée de faire la lumière sur les pertes du bas de laine des Québécois, qui ont atteint 39,8 milliards de dollars pour l'année 2008.
Le gouvernement et l'opposition ne s'entendent pas sur plusieurs modalités, en particulier sur les témoins à convoquer. Le PQ réclame la comparution de M. Charest et de Mme Jérôme-Forget notamment. Pas question, répond le gouvernement, qui ne veut entendre que les dirigeants actuels de la Caisse et l'ex-PDG Henri-Paul Rousseau.
«Si M. Charest et sa ministre ne veulent pas venir en commission parlementaire, c'est parce qu'ils ont quelque chose à cacher. Sinon, pourquoi ne pas accepter d'y venir?» a affirmé Pauline Marois, en marge d'une réunion du caucus de son parti, hier à Québec.
Selon elle, M. Charest et Mme Jérôme-Forget veulent éviter de répondre «sous serment» à plusieurs questions, dont le moment où ils ont été informés que la Caisse se dirigeait vers des pertes désastreuses. Le PQ est convaincu qu'ils connaissaient l'état des finances de la Caisse au moment de la campagne électorale et qu'ils ont décidé de le «cacher». «Vouloir être informé, est-ce politiser un débat? Je m'excuse, mais M. Charest voulait avoir seul les mains sur le volant. Il les a maintenant. Alors qu'il assume ses responsabilités et qu'il rende des comptes», a lancé Mme Marois.
À son arrivée au caucus des députés réunis pour deux jours à Lévis, Jean Charest a demandé à l'opposition de «mettre la politique de côté pour un enjeu très sérieux». Il a plaidé que le gouvernement «a répondu en toutes lettres à ce que François Legault avait demandé vendredi» dernier dans une lettre adressée au président de la commission des finances publiques, Alain Paquet. Mais M. Legault «a changé d'idée», et le PQ en réclame davantage, dont sa comparution et celle de sa ministre.
«Quand nous avons écrit la lettre, nous n'avions pas l'état de situation qu'on nous a présenté mercredi», a répliqué Mme Marois.
Pour le leader parlementaire Jacques Dupuis, «la lettre était un stratagème, et c'est clairement de la mauvaise foi. Le PQ veut faire un débat strictement politique».
«On ne se défile pas de nos responsabilités politiques, a-t-il ajouté. On entre en Chambre le 10 mars, il y a des périodes de questions, des motions de blâme, il y a toutes sortes de procédures qui permettent de faire le débat politique et on va le faire». Mais pour le gouvernement, il aurait été préférable que «rapidement» la population soit informée de ce qui s'est passé à la CDP.
Pauline Marois accuse le gouvernement de vouloir «mettre le couvercle sur la marmite», en tenant une commission parlementaire de deux jours la semaine prochaine. «Il y a trop de conséquences, trop de sujets» pour que la question soit expédiée aussi rapidement. Elle demande le dépôt du rapport annuel de la Caisse - attendu en avril - et de différents documents pour que les parlementaires aient en main «toutes les informations». Les déposants de la Caisse -la SAAQ, la CSST et la Régie des rentes notamment-doivent être convoqués, selon le PQ. «La commission peut avoir lieu en mai, en juin. L'important, c'est qu'elle soit faite sérieusement, et qu'on ait les moyens d'aller en profondeur», a-t-elle dit. Ce qui est urgent à ses yeux, c'est que le gouvernement procède à des nominations au conseil d'administration -plusieurs mandats sont échus depuis longtemps- et qu'un nouveau PDG soit désigné.
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