Le français, langue morte à la télé

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La France découvre avec stupeur qu'elle n'est pas à l'abri du fléau de l'anglais

La secrétaire d’État chargée du Développement et de la Francophonie, Brigite Girardin, désireuse de servir une bonne cause, a par provocation envoyé un courrier truffé d’anglicismes au "monde du travail, en pleine semaine de la francophonie, pour démontrer à quel point ceux-ci ont envahi et dénaturé la langue française". Résumant sa pensée, elle a souligné "qu’on appauvrit la langue française et qu’on mutile l’anglais".


Le CSA, "pour inciter les médias à faire la chasse aux anglicismes", a, de son côté, le 16 mars, lancé "la Journée de la langue française dans les médias audiovisuels".


Les intentions sont excellentes de part et d’autre mais je me demande si la lutte contre le "franglais" est bien prioritaire et si elle n’occulte pas le fait que dans les médias – mais je pourrais y ajouter le monde politique et le milieu artistique -, ce n’est pas l’emprunt trop fréquent à la langue anglaise qui constitue la véritable difficulté mais la manière incorrecte, relâchée, sur le plan du vocabulaire et de la grammaire, dont on parle généralement le français. Sans même avoir besoin de l’excuse de l’anglais !


Il y a bien sûr des exceptions dans ce délitement qu’une oreille attentive subit de plus en plus souvent. Serge Moati, Michel Field, Patrick Poivre d’Arvor ou Frédéric Taddeï savent s’exprimer dans notre langue sur un mode exemplaire et dans l’univers du sport totalement naufragé pour l’usage de notre langue, un Hervé Mathoux parvient courageusement à ne pas sombrer.


Songeons à ces présentateurs – n’est-ce pas, David Pujadas ? – oubliant qu’avec l’auxiliaire avoir, l’accord se fait avec le complément d’objet direct quand il est placé avant. Pour qu’il soit en bonne compagnie, je me rappelle le député frondeur Christian Paul, au demeurant intéressant, qui au début de C politique commet exactement la même faute.


Dès que les médias sont livrés à eux-mêmes, contraints de se passer des prompteurs ou de leur texte à lire – même deux paragraphes – sur des sujets infinitésimaux, on sent que, loin de vivre la parole comme une chance, ils la subissent comme une corvée dont il convient vite de se défaire. Et je suis persuadé que la majorité, étant contente d’elle, se déclarerait offusquée par un tel procès !


Je souffre quand je vois et j’entends pourtant le chef du service politique de TF1, pour une intervention parfois d’à peine plus d’une minute, se raccrocher, sans craindre le ridicule, à son papier devant lui !


Dans ces exercices télévisuels, se cumulent deux handicaps : on ne sait plus parler sans lire, donc sans avoir écrit, et les mystères magnifiques, les subtilités de notre langue sont de plus en méconnus parce que le grec et le latin sont tristement décédés. Ces locuteurs imparfaits, piètres modèles pour ceux qui les regardent et les écoutent, ne cessent de nous affliger, de nous infliger la rançon d’un terreau culturel trop pauvre (Le Figaro).


On fera alors le procès des anglicismes plus tard, quand l’essentiel sera acquis, appris, réappris, restauré.


Le français à la télé, aujourd’hui, c’est pas assez. Si j’osais, je les inviterais à retourner tous à l’école !


Ils y gagneraient. Avec notre estime en plus.


Extrait de : Le français à la télé, c’est pas assez !.




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