En juin 2011, un sondage CROP accordait 18% des intentions de vote au PQ sous la direction de Pauline Marois, derrière les libéraux à 25% et loin derrière l’hypothétique parti de François Legault à 40%. Quatre mois plus tard, le sondage de Léger Marketing-QMI indique qu’un Parti québécois dirigé par Gilles Duceppe récolterait 37% des voix, contre 25% pour Legault et 21% pour les libéraux. Le moins qu’on puisse dire, c’est que les intentions de vote des Québécois semblent se balader tout azimut, au gré des rumeurs et des changements éventuels.
Toutefois, il y a un an, à cette même période, les « 50 jeunes souverainistes » écorchaient le leadership de Pauline Marois et son plan de gouvernance souverainiste dans une lettre ouverte qui a fait couler beaucoup d’encre et qui, à n’en pas douter, est toujours d’actualité. Si on ajoute à cela les doutes, exprimés ou non, qui traversent actuellement tout le PQ, de la base à la direction, le coup fatal pourrait venir des présidents de circonscriptions, où la grogne s’exprime déjà depuis des mois.
Il n’en fallait pas davantage pour qu’une éventuelle candidature de Gilles Duceppe à la tête du PQ refasse surgir le fantasme du sauveur. Pourtant, si nous tentons d’examiner les éléments qui pourraient répondre aux critères de relance du PQ à travers le personnage de Gilles Duceppe, nous aurions avantage à nous poser quelques questions. Représente-t-il vraiment le changement recherché par les forces souverainistes? Même si, pour des raisons stratégiques, Gille Duceppe n’a pas encore annoncé ses intentions, prêterait-il flanc à des intentions opportunistes s’il se lançait dans l’arène? Son image de chef autoritaire risquerait-elle de nuire à la nécessaire coalition nationale citoyenne?
Enfin, malgré la volatilité des intentions de vote manifestées lors des derniers sondages, ils dénotent une tendance lourde et bien établie, c’est le profond désir de changement au sein de l’électorat québécois. En ce sens, comment se fait-il qu’en l’espace de quelques mois, c’est Gilles Duceppe qui en récolterait les dividendes au profit de François Legault, deux politiciens aguerris qui n’incarnent sûrement pas un « vent de changement »?
À mon avis, je ne crois pas que Gilles Duceppe puisse mobiliser les militants et les sympathisants du mouvement indépendantiste. Il pourrait tout au plus servir de cataplasme sur l’hémorragie…en d’autres termes, comme disait mon grand-père : « On ne fait pas du neuf avec du vieux! »
Henri Marineau
Québec
La balade des sondages
Le fantasme Duceppe
On ne fait pas du neuf avec du vieux!
Tribune libre
Henri Marineau2093 articles
Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplô...
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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com
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9 commentaires
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011Je suis de l'avis de Michel qui, en passant, a utilisé un meilleur terme que moi pour désigner l'immigration se tournant vers l'anglais: des «anglotropes».
Le danger vient des actes posés par les gouvernements de Charest et de Harper. Ce contre quoi il y a eu peu d'opposition de la part des oppositions provinciales et fédérales, et aucun appel de leur part à la mobilisation du peuple québécois ... ça c'est incroyable!
C'est l'Omerta. Tout le Québec a été témoin de ce silence et de la désinformation. L'arrivée subite à Montréal de lots d'immigrants malvenus, encore sans le consentement du peuple et sans nécessité, ne vient que confirmer l'Omerta et la légitimité des craintes des nationalistes québécois.
Il n'y pas place aux compromis confédéraux, aux compromis tout court, à la négation du danger, aux banales insultes de sois-disant xénophobie et à la chicane entre Nous. Il n'y a de place que pour le courage d'agir ouvertement ici et maintenant.
Changer de chef au P.Q. ne changera rien aux accommodements de son programme écrit dans le seul but d'obtenir des votes et le pouvoir, avec lequel il devra ensuite se fier audit programme, lequel prévoit un référendum afin de donner une chance à l'adversaire de le battre. Ça et se tirer dans le pied, c'est pareil !
La Nation canadienne-Française, celle même du Québec, est en danger d'assimilation très proche qui se fera dans l'appauvrissement et l'anglicisation. Nous voulons le Pays du Québec, justement pour perpétuer la Nation canadienne-Française qui elle-même s'est qualifiée de Québécoise. Aux autres de s'y intégrer et pas l'inverse!
Sans vouloir être théâtral, je dis que le temps est venu de faire l'indépendance du Québec avant qu'il soit trop tard, avant de ne plus en avoir le temps.
Tandis qu'on se plaît à se traiter de tous les noms en parlant du P.Q., qui se fout Royalement de nos arguments, le P.I. compte sur les indépendantistes québécois et, lui, il a un programme qui nous mène directement à la déclaration d'indépendance du Québec et à une Constitution d'État, le Pays du Québec. Il n'a pas d'intérêt à rechercher et à conserver un pouvoir politique, ce qu'il veut c'est libérer la Nation canadienne-Française, qualifiée de Québécoise avant réalisation de son Pays français.
Se joindre au P.I. c'est lui donner de la force et y parvenir tous ensemble en peu de temps.
[Réjean Pelletier]
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011Après Pauline Marois qui se fait "blaster"sur la place piblique, voilà maintenant que Gilles Duceppe est en train de goûter à cette médécine des des purs et durs.
Duceppe fait déjà face à un campagne de dénigrement féroce de la part des médias fédéralistes (La Presse et le Journal de Québec entre autres)... et il n'est même pas chef du PQ.
Ajoutez-y les propos inquisitoires sur sa foi indépendantiste de la part de certains autres souverainistes, et vous avez la recette parfaite d'un désastre total pour la cause de l'indépendance nationale.
On croit rêver devant une telle situation. Pas croyable !!!
Michel Pagé Répondre
2 novembre 2011Monsieur, et lecteurs,
Pendant que les souverainistes, les nationalistes, les réformistes, les "coalitionnaires", se querellent, l'essentiel passe lourdement, inexorablement qui viendra à courte échéance rendre irréversible (le bateau de la conscience nationale coule, les souris dansent mais les matous se chamaillent entre eux!) la dégringolade du français:
Parmi les développements récents et annoncés qui mériteraient une protestation solidaire de tous les Canadiens-français et Québécois et de l’Assemblée Nationale du Québec :
1. la nomination d’un deuxième juge unilingue anglophone à la Cour Suprême (mi-octobre) ;
2. la nomination d’un VG unilingue anglophone par le gouvernement conservateur (26 oct);
3. Le projet de loi annoncé attribuant plus de sièges à des provinces anglophones, ce qui réduirait le poids représentatif du Québec et de l’ensemble du Canada-français.
Il est important de rappeler que le Sénat, majoritairement anglophone et conservateur avait déjà rejeté un premier projet de loi de Monsieur Y. Godin, franco-Acadien émérite défenseur des droits des francophones hors Québec et de l’égalité entre les deux langues officielles.
et une manifestation devant les bureaux d'immigration Canada à Montréal, dont les services se font trop en anglais, et où on donne le message que le français. on peut s'en passer!!
Au plan de la bonne gouvernance, on observera que la planification de l'immigration est déficiente. L'immigration anglotrope est trop élevée. Plus de 86% des nouveaux arrivants s'installent dans la région de Montréal, alors que quelque 51% des immigrants choisissent l'anglais. Les niveaux d'immigration sont trop élevés depuis au moins 2009. Cette surconcentration sur Montréal, déjà aux prises avec le taux de chômage le plus élevé parmi les grandes villes canadiennes, va à l'encontre des besoins sur le seul plan de l'intégration économique (lire chap. 5 dans petit livre "Un passé un destin ou l'avenir d'un peuple".. ce à quoi la ministre de l’immigration s’est apparemment refusée à faire!)
Aussi : http://www.vigile.net/Sur-le-theme-de-la-cohesion et sous Québec droite: Le Québec accueillerait deux fois trop d’immigrants sur Montréal;
Henri Marineau Répondre
2 novembre 2011En complément à l'argumentaire de mon article, je verrais très bien des politiciens aguerris comme Bernard Landry et Gilles Duceppe savoir se retirer dignement de la politique active et plutôt utiliser leur expérience de "mentors" auprès de ceux qui pourraient profiter de toute la place et incarner un "véritable vent de changement"!
Élie Presseault Répondre
2 novembre 2011Avant même de songer à parler de fantasme Duceppe... il faut revenir sur une composante-clé de la vie politique québécoise... les politiciens-caméléons. Nous avons eu la chance d'observer de date encore récente l'exemple vivant de Lucien Bouchard. S'il y a un politicien qui aurait pu ressuciter, c'est ce dernier... dans le droit fil des René Lévesque, Robert Bourassa et Pierre Elliott Trudeau. À l'instar du dernier politicien cité, Jacques Parizeau n'a jamais transigé avec ses convictions et représentait le parfait antipode du politicien-caméléon.
À la place de reprendre les habits du politique de la vie publique, Lucien Bouchard a préféré désigner un héritier lucide... François Legault. Comme quelqu'un l'a expliqué plus tôt, Lucien Bouchard ne s'est point gêné pour descendre Pauline Marois en flammes.
Hier, je revenais, dans un commentaire, sur l'importance du charisme en politique. Malheureusement, le plus souvent, ce sont les caméléons qui ont tenu le haut du pavé jusqu'à maintenant. Si Jacques Parizeau a survécu au cours des années, c'est en raison de sa capacité d'assimiler les nécessités du multipartisme et de la coopération avec les caméléons.
Si M. Duceppe se décide à revenir en politique, il aura à tenir acte des nécessités de la présente situation. D'aucuns tiennent compte des attributs des colistiers... Il y a des politiciens de l'ombre et d'autres politiciens davantage complémentaires. Il y a une certaine théâtralisation à l'oeuvre et il est important d'user d'une certaine image politique.
Robert Bourassa est bien revenu en politique, il avait tout juste 60 ans à sa seconde retraite. Nous parlons d'un politicien normal, bien que caméléon et conservateur. Pour sa part, Charles De Gaulle s'est illustré entre 49 et 55 ans lors de la seconde guerre mondiale avant de se retirer du jeu des partis politiques en cours. Profitant d'une seconde crise, De Gaulle a réémergé alors qu'il avait 67 ans. Ce dernier était le seul recours valable pour dénouer la crise. La spirale du déclin étais dès lors en marche. Quiconque s'illustre en temps de crise est amené à explorer quelques dénivellations devant la hauteur des défis en présence.
Parler de psychodrame québécois serait bien vain pour illustrer les phénomènes en présence. Nous revenons souvent à la passation des pouvoirs du PQ lors de la mort de René Lévesque. Avec abnégation, plusieurs politiciens s'ingénient actuellement à rééditer l'exploit et conjurer un traumatisme premier. Il faut user de certains dons de caméléon pour parvenir à tirer son épingle du jeu.
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011Si les médias mainstream parlent de Duceppe c'est que l'aristocratie financière qui détient ces médias sait que Duceppe n'est pas dangereux pour eux.
C'est que Duceppe est aussi l'une de leurs marionnettes. Avez-vous remarqué que les médias mainstream parlent moins souvent de Françoise David de QS ou d'Éric Tremblay du parti Indépendantiste que de Gilles Duceppe et de François Legault?
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011En politique, comme dans la vie, monsieur Marineau, tout est possible et parfois surprenant.
Bourassa est revenu diriger le Québec en 1989 après s'être fait battre sévèrement dans Mercier en 1976 par Gérald Godin.
De Gaulle est revenu au pouvoir pour créer la Vè République après plusieurs années de retraite.
Tout est une question de circonstances. Ce n'est pas une question de jeune ou de vieux. Cela n'a rien à voir.
Pierre Cloutier
Henri Marineau Répondre
2 novembre 2011@ Pierre Cloutier
En ce qui me concerne, le sous-titre de mon article, "On ne fait pas du neuf avec du vieux!", s'applique mutatis mutandis à Bernard Landry!
Archives de Vigile Répondre
2 novembre 2011Cela démontre tout simplement qu'une partie de l'électorat ne veut pas de Pauline Marois et cherche des solutions de rechange.
Je suis curieux de connaître le taux de popularité de Bernard Landry s'il annonçait son intention de revenir en politique active pour y réaliser l'indépendance.
Pierre Cloutier