La Banque du Canada parle d’un environnement prévisionnel toujours plus incertain et volatil. Le gouverneur soutient du même souffle que la cible d’inflation guidant l’action de l’institution a fait ses preuves, ce qui n’empêche pas de reconnaître la pertinence de sa remise en question.
La Banque du Canada et le ministère des Finances doivent reprendre l’exercice quinquennal de réflexion sur le niveau optimal de la cible d’inflation dans un mois ou deux. Aux questions posées en marge de sa déclaration, mardi, devant le Comité permanent des finances de la Chambre des communes, Stephen Poloz a estimé que la barre du changement demeurait haute, tellement la cible de 2 % composant le point central de l’intervalle de 1-3 % a été probante.
On peut lire dans le texte du Globe and Mail version électronique que sa remise en question demeure cependant un enjeu dans cet environnement d’après-crise contraignant nombre de banques centrales à évoluer autour des taux zéro, voire à visiter le territoire des taux négatifs. « Une cible plus élevée aurait donné plus de marge de manoeuvre », peut-on lire. Aussi faut-il s’interroger sur la juste mesure de l’inflation et sur la façon dont elle s’insère dans la stabilité financière recherchée, a ajouté le gouverneur. Tout en rappelant que la crise pétrolière a représenté « un risque à la baisse lié à notre capacité d’atteindre la cible d’inflation ».
Dans sa déclaration faite une semaine après la publication du Rapport sur la politique monétaire de la Banque du Canada, Stephen Poloz a évoqué largement la conjoncture toujours plus volatile et incertaine dans laquelle l’institution évolue. « Douze mois se sont écoulés depuis notre dernière rencontre, et les économies canadienne et mondiale ont vraiment connu une année très mouvementée », a-t-il souligné aux membres du Comité, selon le texte de son discours.
Choc pétrolier
Il est revenu au choc pétrolier plutôt dur qu’a dû absorber l’économie canadienne. « Les investissements et la production dans le secteur des ressources se sont effondrés, la diminution du revenu national a provoqué une réduction des dépenses des ménages, et le secteur des ressources a subi d’importantes pertes d’emploi. Ces facteurs négatifs l’ont emporté nettement sur les avantages découlant de la baisse des coûts de l’énergie pour les ménages et les entreprises […] En réduisant le revenu national, il a aggravé la vulnérabilité liée aux déséquilibres dans le secteur des ménages, comme le montre le ratio élevé de la dette au revenu. »
L’impact a également été ressenti sur les termes de l’échange, sous la forme d’un recul prononcé du dollar canadien. Les ajustements économiques engendrés ont suivi deux axes opposés, la faiblesse de l’activité se concentrant dans le secteur pétrolier alors que l’économie hors ressources a progressé à un rythme modéré.
Mais à la lumière des révisions à la baisse répétées des perspectives de croissance de l’économie mondiale, « de nouvelles données indiquaient que les entreprises du secteur canadien de l’énergie réduiraient leurs investissements encore plus qu’on le croyait précédemment ». Les cours pétroliers ont pourtant remonté depuis leur creux de janvier, sous les 30 $US le baril, mais la banque doit conjuguer avec les intentions des entreprises signalant que « même si les prix continuaient d’avoisiner leurs niveaux actuels, elles procéderaient à de nouvelles réductions importantes supérieures à celles que nous avions prévues en janvier ». Et la banque centrale s’en tient à des hypothèses relatives aux prix du baril de pétrole qui dépassent seulement de 2 à 3 $US celles de janvier.
BANQUE DU CANADA
Le diseur de bonne aventure
L’exercice prévisionnel est devenu un excercice extrême, tant les économies traversent des moments mouvementés, explique Stephen Poloz
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