Le projet de souveraineté du Québec relevait maintenant de la science-fiction

Le dernier "round" du Québec ?

Tribune libre

La culture américaine a certes, eu une puissante influence sur le développement de la pensée québécoise, mais aussi dans le monde entier. L’efficacité de l’appareil médiatique américain n’a jamais trouvé son pareil d’un océan à l’autre. Sa capacité de pénétration est incomparable de point de vue international. Qui ne connaît pas Madonna ou bien Michael Jackson sur la planète aujourd'hui? Qui n’a jamais vu le film Titanic, E.T., Rocky ou King Kong? Oui, l'industrie américaine de l' « entertainment » a connu et connais encore un rayonnement planétaire.
Grâce à ses outils, les États-Unis ont aussi réussi à propager une idéologie et des valeurs capitalistes à travers le monde. L’« American way of life » est devenu, pour des millions de personnes, l'illusion de l’atteinte du succès. Bien que les Québécois soient francophones, ils n'ont pas été épargnés par ce modèle à saveur de propagande. Le Québec est entouré par ses voisins anglophones canadiens, et partage ses frontières avec les États-Unis. Autrement dit, le Québec est assiégé par l’Anglais.
Malgré tout, la culture québécoise a continué à survivre et évoluer tant bien que mal jusqu’à présent, malgré les nombreuses pressions qu'elle subit. Sans doute, ce qui a miraculeusement permis à la nation québécoise de demeurer en vie tient au fait qu'elle possède des émissions de télévision, des films, des journaux et plusieurs postes de radio de langue française. Les Québécois se reconnaissent dans ces productions et sont de fidèles auditeurs de télévision et de radio, malgré que plusieurs productions soient des adaptations francophones de succès américains. Le Québec n’en est pas à ses premiers assauts contre sa langue française et sa culture. Toutefois, la population québécoise est vieillissante, l'esprit nationaliste s'essouffle et le coup fatal est de plus en plus probable.
Le poète, romancier et philosophe martiniquais Édouard Glissant nous procure un angle de vu intéressant lorsqu'il appréhende les influences extérieures sous le terme de « créolisation » culturelle du monde. Plutôt qu’entrer dans un état de peur du monde extérieur, Glissant voit dans la rencontre des cultures, une opportunité d'entrer en relation et partager avec l'autre. Cette manière de considérer les influences culturelles extérieures renvoie davantage à la notion d'ouverture sur le monde, mais aussi, à la possibilité d'effectuer des choix plutôt que subir la domination culturelle et politique d’autres nations.
Évidemment, une telle résilience culturelle serait souhaitable, si ce n’est idéal, mais encore faut-il que les Québécois soient en mesure de se reconnaître comme nation. Cette dernière ne doit pas seulement être comprise comme la reconnaissance à un groupe, mais avant tout, comme une appartenance individuelle à des valeurs communes, une fierté nationale. Certains reconnaîtront peut-être ici, des intentions patriotiques. S'il en est ainsi, j'expliquerais davantage « l'amour pour la patrie » comme un sentiment d'harmonie des citoyens autour de valeurs profondes, d’une vision de ce que constituerait le futur pour eux et leurs enfants.
Quelles sont les valeurs québécoises? Comment définir cette nation alors qu'elle subit continuellement un renouvellement de sa population par des vagues d'immigration? Comment la culture québécoise peut-elle demeurer forte dans le contexte où son taux de natalité s'élève à 11.3 % pour l’année 20081? Combien de ces enfants sont d’ores et déjà branchés sur les chaînes télévisées Al-Jazeera, CCTV etc. ? Où est-elle notre chaine télévisée nationale québécoise indépendantiste, alors qu’en nous remplie les oreilles de l’intronisation de notre nouveau Roi et Maître Russo-Américano-Canadiano-Libéral à la chaîne de Radio-Canada ? À vrai dire, mon questionnement demeure entier. Nul ne connaît le futur, mais si l’on s'en tient aux pronostics, le Québec que nous connaissions maintenant sera très bientôt un tout autre endroit. Sans vouloir être pessimiste, dans l’état actuel, il y a peu de chance que la nouvelle population supporte la cause de l’indépendance du Québec. En d’autres termes, la culture québécoise est appelée à disparaître.
Il est vrai qu’en relativisant un peu plus, on en arrive à penser que quoique l’on fasse, on finira tous, un jour ou l’autre par disparaître. Alors, pourquoi ça fait tellement « bobo » de penser que notre culture s’effacera comme un beau tatouage délavé par le temps? Je crois que ce qui fait le plus mal, c’est notre « égo ». C’est la fierté de gens engagés qui s’envole, avec leurs espoirs et leurs rêves. C’est la fausse couche qui fait disparaître la raison d’être de la chambre du bébé et de la décoration couleur pastel.
Ça fait au moins 20 ans, que l'on élit des représentants qui nous mènent en galère sur des océans de mensonges et de gratte moi le dos…évidemment, c’est beaucoup plus facile de blâmer les autres alors qu’on est tous complice dans notre individualisme exacerbé. « Moi, je, personnellement » avec ma petite voiture individuelle, télévision individuelle, discours individuel, portion individuelle, masturbation intellectuelle… no future.

La réussite individuelle passe aussi par la réussite collective. Ça prend des projets de société, des succès de société, pas juste des défaites. L'individu a-t-il plus d'importance que la société à laquelle il appartient? Je ne pense pas. Pas de continuité de soi dans le futur lorsque l’on vieillit et on meurt, alors échec à l’examen final. C’est comme ça. Pour que nos valeurs continuent à vivre dans le coeur de nos descendants lorsqu'on meurt, il faut se connaître, se reconnaître et transmettre aux générations suivantes.
Le Québec a déjà connu la passion, une passion contagieuse épidémique enflammée, une passion qui appartient au passé, mais qui a marqué l'imaginaire d’un peuple. Aujourd'hui, le bon colon paie gentiment ses impôts, ferme gentiment sa gueule, cire sa petite automobile et va encaisser son chèque jaune du gouvernement fédéral à la banque. Il ne sait plus rêver et attend son Obama personnel qui viendra le sortir de la merde et de son grand vide existentiel. Non seulement bientôt les Québécois ne pourront plus se réclamer différent du Canada de par sa langue française, sa culture et ses valeurs distinctives, mais en plus, ils seront bientôt dilués, noyés dans une masse impuissante, au mieux ces derniers assaisonneront délicatement le paysage d'un Canada dominé par l'hégémonie américaine. Ce ne sera certainement pas la première fois qu'une telle fausse couche se produit. J'imagine que c'est l'évolution, la sélection naturelle ou bien la volonté de Bon Dieu.
Je serais heureux, mais étonné de voir nos jeunes décrocheurs ou bien nos retraités, qui n'ont pas vu venir la fin du téléroman se réveiller au dernier « round ». Ça sent la soupe lipton dans laquelle on mit deux fois trop d'eau! Y'a trop de volume et pas assez de nouilles, c'est trop dilué. Quoi qu'il en soit, aujourd’hui, nous avons besoin des immigrants (étant donné qu’on a pas fait d’enfants), cette jeunesse qui pense que c’est mieux ici, pour participer à reconstruire la « belle province » laissée en friche et faire des belles routes sur lesquels ont pourra brûler de gaz. Après tout, nous appartenons tous à la même petite boule globalisée grisailleuse polluée qui tourne dans le vide cosmique.
Alors, qu'est-ce qu'on peut bien faire en face d'un tel constat plutôt triste et réaliste? Eh bien, c'est certainement pas en adoptant des comportements racistes qui contreviennent aux valeurs pour lesquelles ont s’est tellement battue et vanté sur la planète. Mais au fait, quelles sont nos convictions? Où est rendue notre solidarité? Qu'avons-nous de si grand à offrir aux nouveaux arrivants et à nos enfants? Des rêves brisés, un petit chèque jaune? Un progrès qui se fait tellement attendre que la fin va arriver avant ?
Les rêves de grandeur, ça ne s’impose pas, ça se partage et je crois que c’est principalement là que se trouve notre problème. Notre individualisme est tellement exacerbé qu’on n’est même pas capable de s’entendre. C’est la confusion des langues, la tour de Babel, chacun tirant sur son bout de la courtepointe. La mosaïque culturelle se fragmente. Chacun retourne dans son petit cube et pleure amèrement sur son sort, alors que l’on vit sur une mine d’or. Ce n’est certainement pas en multipliant nos parties de gogauche qu’on arrivera à faire face aux grands partis qui nous désinforment, nous manipulent et achètent nos âmes. Il faut faire front commun tabarnak !!!
Oh! Obama, ce Jésus d’Amérique, notre Messie il va amener la paix sur la terre, tout le monde va se tenir par la main. C’est alors que je dis, danger ! Danger à la pensée unique, à « l’amnésie internationale », l’oubli que ce dirigeant est la tête d’un pays qui sème la guerre et la déroute partout où il pose le pied. Danger à l’homogénéisation de la culture impérialiste américaine mondiale. Danger à entendre plus souvent parler d’Obama, de Bush, de Sarkozy que nos propres succès dans nos quartiers. Y’en a marre de Obama ! Dites-moi ce qui s’est fait de bien dans ma ville, dans ma province. C’est ça mon identité, ça commence par la famille, les amis. Ensuite, ça s’étend autour de nous et notre société. Notre culture se globalise à un tel point qu’on oublie qui nous sommes. J’en ai rien à cirer du Nouvel Ordre Mondial. Ce n’est pas vrai que le global va venir dicter le local. J’ai le goût d’être fier de nos accomplissements dans nos collectivités, de nos fromages, de notre sirop d’érable, de notre terroir et de nos idées créatives et visionnaires, de nos intellectuels, nos artistes et notre moteur-roue que personne ne parle. Où est-elle rendue cette loi sur l’affichage des produits de consommation? Bien souvent, on ne sait même plus d’où provienne les produits que l’on achète et encore moins dans quelles conditions ces produits ont été fabriqués. Non, je n’ai pas le goût d’être complice de l’exploitation des plus démunies, de bouffer des OGM et participer à l’épandage de pesticide qui cause la désolation. Non merci aux produits qui traversent continuellement les océans et les navires qui fracassent les baleines. Pour être fier, il faut produire des emplois chez nous. Pas de pays sans de paysans.
Alors, que faire ? Manifester ? Nous reste-t-il encore une forme de pouvoir quelque part alors que les titans de l’économie mondiale exercent sur nous leur domination mercantile? À mon avis, il faut d’abord jetter un regard sur les petites communautés résilientes, souples, modestes, qui peu à peu se retirent d’un système complètement malade, dirigé par des dinosaures déguisés en « gentlemen ». Ce système n’est pas seulement archaïque, mais en plus, il court à sa perte. Le capitalisme se meurt, agonise et est prêt à tout pour entrainer à sa suite la majorité silencieuse et servile. L’écologie aussi se meurt, et c’est là que le bât blesse.
Je crois que la culture de demain sera communautaire, d’abord plus pour des raisons de survie, mais aussi pour des raisons idéologiques de partage, de respect, de fierté, pour l’environnement et la fraternité. Entretemps, comment sortir de cette spirale infernale?
Il faut d’abord se désaffilier massivement de ce qui nourrit les inégalités et l’exploitation indue de l’environnement. Ouvrir les yeux sur nos « produits de consommation » et se questionner sérieusement sur notre « culture automobile » qui tous deux ont pris le dessus sur notre sens moral et nos valeurs sociétales. J’abonde dans le sens de Édouard Glissant, lorsqu’il nous encourage à essayer de pénétrer et de deviner la créolisation du monde et commencer à lutter contre la standardisation généralisée qui atteint l’économie, le social, la culture, etc. Balancez votre télévision par la fenêtre et écoutez votre souffle.
Dans son roman, il reconnait que « nous devons nous habituer à l’idée que notre identité va changer au contact de l’Autre ». Toutefois, nous pouvons opérer des choix et nous ne sommes pas forcés d’ouvrir la porte toute grande aux conquérants qui cherchent à nous injecter leur culture impérialiste à coup d’endoctrinement publicitaire et médiatique mensonger. Comme l’explique Jean Bernabé, Patrick Chamoiseau et Raphaël Confiant, dans leur manifeste Éloge de la créolité : être créole signifie prendre conscience de son Moi et parvenir à la connaissance et à la compréhension de ce moi. Sans doute, un défi de taille pour un Québec à la fois colonisé et en perpétuelle mutation. Pour ce faire, ce dernier devra définir ses contours et « mettre ses culottes » dans un espace qu’il partage désormais avec des êtres humains issus de tous les pays du monde.
Finalement, je crois que nous devons nous souvenir de nos frères les Acadiens, qui ont été déracinés de leur patrie et transportés de force en Louisiane française. Mais encore, être conscient, comme le rappelais Rodrigue Tremblay, économiste et ancien ministre, dans La Presse en 1987 que "La machine" est peut-être (je dirais, certainement !!!) en marche pour la "Louisianisation" graduelle et irréversible du Québec, lequel deviendrait avec le temps un "French Quarter" de l'Amérique du Nord. "
Après tout, la culture francophone des « Cadjins » en Louisiane n’a-t-elle pas connu son coup de grâce lorsque les Anglais découvrirent du pétrole sur leur territoire?
Finalement, n’est-ce pas le temps de faire vibrer la nation et allier au plus vite l'ensemble des partis de gauche et faire front commun ? Est-ce que le Parti Québécois travaille encore pour les Québécois? Est-ce que les québécois sont véritablement conscient des enjeux ?
Références :
Institut de la statistique Québec. «Naissance et taux de natalité 1900-2008». [En ligne]. http://www.stat.gouv.qc.ca/donstat/societe/demographie/naisn_deces/naissance/401.htm (Page consultée le 29 avril 2009)


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2 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2009

    Les Québécois sont désolidarisés, oui, mais ce n'est pas par choix. Leur solidarité a été réprimée, rien de moins. Ils ont été forcés dans cette situation.
    Lorsque Jean Lesage a fait de la création de la Caisse de Dépôt et Placement le centre de sa campagne électorale en 1960, les Québécois n'ont pas répondu que l'économie les ennuyait mais ont plutôt répondu par un vote majoritaire.
    Lorsque Jean Lesage a dit à ces Québécois que cette Caisse avait comme mandat de servir exclusivement au développement économique des "Canadiens français", aucun d'eux qui se diront plustard "Québécois" n'ont traité Lesage de xénophobe ! Ils lui ont plutôt donné un pouvoir majoritaire !
    Avec la Caisse, les Québécois sont passé d'un contrôle économique du Québec de seulement 40% (bien qu'ils étaient 85%), le reste étant possédé par la minorité anglophone, à 67% dans les années 80.
    Ce succès n'a évidement pas fait l'affaire de la minorité anglophone qui est en fait la majorité au Canada.
    Paradoxallement, c'est le PQ qui leur donnera l'occasion de renverser la vapeur, car ne pouvant accuser les Libéraux fédéralistes et multiculturalistes de xénophobie, le nationalisme indépendantiste du PQ pouvait, lui, être taxé d'exclusif. C'est ainsi que le PQ fit de tous les citoyens du Québec des Québécois et que donc la Caisse ne servirait plus exclusivement les "Canadiens français".
    D'une Caisse au service des Canadiens français nous sommes passé à une Caisse au service du rendement et développement du "Québec", puis maintenant au service exclusif du rendement.
    C'est biensûr la majorité fédérale anglophone par sa "diaspora" au Québec qui prend le contrôle de notre Caisse.
    C'est la même histoire pour nos médias et notre sytème d'éducation. Ces deux pouvoirs sont la clé pour le contrôle d'une nation.
    Le PQ aura décidé que 67% était suffisant et qu'au delà on entre dans la xénophobie ou empiètement au libre marché "business is business" dont a besoin cette nouvelle bourgeoisie québécoise pour aller plus haut. Elle devait s'associé aux entreprises du ROC.
    Aujourd'hui, politiciens péquistes et libéraux ont des intérêts d'affaires conjoints avec la communauté anglophone et sont donc bien mal placés pour des actions politiques qui risqueraient de nuire à ces intérêts. La souveraineté n'est plus qu'un slogan électoral afin d'obtenir le vote des 40% qui rêvent à plus.
    Mais je ne partage pas votre pessimisme au sujet de la dénatalité.
    Le taut de fécondité augmente au Québec. Il est passé de 1.6 à 1.7 et cette progression est en régions pendant que Montréal est une des plus basses avec Gaspésie Îles de la Madeleine.
    Les immigrants sont donc dirigés à Montréal.
    Pour cette jeunesse, nous avons besoin de NOTRE caisse, NOS médias, et NOTRE sytème d'éducation.

  • Archives de Vigile Répondre

    5 mai 2009

    Je suis étonné.
    Une femme, Madeleine, qui dans tous ses articles parle d'elle au masculin.