Le Couillard semoncé

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«Je n'ai pas souvenir d'un premier ministre québécois qui s'est fait rabrouer aussi vertement.»





Obnubilé par son fédéralisme soumis et le multiculturalisme canadien, le premier ministre Couillard n’a pas su faire preuve de retenue devant le vainqueur de la course à la direction du Parti québécois, contrairement à l’étiquette qui propose d’abord de s’en tenir aux félicitations de circonstances. Déchaîné, notre premier ministre a associé Jean-François Lisée au populisme qui caractérise l’extrême droite européenne, le liant tacitement au fascisme à cause de ses positions sur l’immigration et la laïcité.


De plus, ses propos tenus à l’égard de Lisée, lors de son séjour en Islande, le furent fort probablement dans un souci étroit de politique intérieure pour saper l’intégrité de son adversaire et amorcer promptement sa diabolisation. Le premier ministre avait toutefois oublié qu’en faisant des analogies entre les positions de monsieur Lisée et des partis à l’étranger, il venait d’ouvrir la porte sur la politique extérieure sans en avoir soupesé toutes les conséquences.


L’effet boomerang n’a pas tardé. La réplique cinglante du premier ministre français à Philippe Couillard, par rapport aux débats sur la laïcité, n’a pas eu l’ampleur de la rebuffade servie au président Poutine par François Hollande, mais elle s’apparente à une sévère réprimande dans le domaine diplomatique. Je n’ai pas souvenir d’un premier ministre québécois qui s’est fait rabrouer aussi vertement, à la limite du diplomatique, sur son propre territoire et il n’y en a fort probablement pas d’autres.


Les débats identitaires, indépendamment de l’angle choisi, transcendent une multitude de pays. Que ce soit sur les plans culturel, linguistique, religieux ou migratoire, la plupart des pays européens, les États-Unis, le Moyen-Orient et une partie de l’Asie sont confrontés à des débats qui ne sont pas toujours l’apanage des partis de droite, mais qui sont l’expression de préoccupations de larges franges de la population. Chez nous, la quête des Premières Nations pour la reconnaissance de leurs us et coutumes et de leur souveraineté territoriale n’a-t-elle pas un fort caractère identitaire? Serait-elle, selon les propos de monsieur Couillard, assimilée à du repli sur soi et à une mentalité d’assiégés?


Contrairement à plusieurs de ses prédécesseurs, qui surent porter le Québec dans le monde avec grandeur et dignité, les propos de monsieur Couillard l’ont transformé en un rustre ignorant l’art diplomatique. Il contribue ainsi à faire du Québec une quantité négligeable que la visite touristique du premier ministre Valls, dans notre capitale provinciale, illustre très bien. Pire encore, notre ministre des Relations internationales, madame Christine St-Pierre, a ajouté son soutien aux propos de son chef, contrairement aux autres ministres de l’entourage qui sont restés cois. C’est doublement affligeant de voir un premier ministre aussi maladroit conseillé par une ministre qui aurait dû rectifier le tir plutôt que de contribuer à ce qu’il s’empêtre davantage.


Le silence des autres ministres libéraux est révélateur d’un malaise profond au sein du gouvernement et il contribue à les faire paraître encore moins compétents pour résoudre les défis du 21e siècle. Selon le dicton populaire, le pouvoir userait, se peut-il qu’il n’ait suffi que de deux ans pour user notre premier ministre actuel et son équipe?




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