Le "contre-pouvoir" des artistes

Tribune libre

Ce soir-là, dans la salle surchauffée de la rue Fullum, étaient regroupées des figures aussi connues que Guylaine Tremblay, Ariane Moffatt, Dominic Champagne, Jean-Marc Vallée, Pierre Curzi, Daniel Boucher, Christian Bégin, Nathalie Gascon, Anne-Marie Cadieux, le médecin Alain Vadeboncoeur et l'économiste et professeur de sociologie économique à l'UQAM, Éric Pineault.
Parmi eux, se retrouvait aussi Philippe Falardeau qui résumait en ces termes les intentions des artistes :
«Ce que font les artistes aujourd'hui, c'est un zoom arrière, cet effet d'éloignement de l'objectif de la caméra qui permet le recul, la perspective, la distance critique. Bref, qui permet de saisir une problématique dans son ensemble. »
Pas moins de 250 cosignataires d'un manifeste intitulé « Nous sommes ensemble » y avaient convoqué les médias pour deux raisons : d'abord affirmer publiquement la solidarité des artistes avec le mouvement étudiant mais surtout, réclamer du gouvernement Charest deux mesures très précises, soit un moratoire sur la hausse des droits de scolarité et la tenue d'états généraux sur l'éducation supérieure.
Selon les porte-parole des artistes, le spectaculaire de la rue empêche ce recul et, ce faisant, occulte ce qui se joue dans les antichambres du pouvoir. «Les choses sont en train de se passer, qu'on le veuille ou non, et elles profitent à ceux qui sont en train de nous les passer. Il ne faut pas lâcher. Ce n'est pas un show », a clamé Dominic Champagne.
Toujours aux dires des participants, l'idée que le spectacle des manifestations diffusé à tous les soirs aux bulletins de nouvelles arrange bien le gouvernement Charest, compte tenu qu'il chasse de l'actualité tous les autres dossiers compromettants, entre autres, celui que le conflit étudiant soit le révélateur d'une crise sociale plus large, qui dépasse le cadre des droits de scolarité et qui porte sur les valeurs mêmes de la société québécoise.
Quoique en désaccord avec la perception des artistes concernant les manifestations dans la rue qui, à mon sens, doivent continuer de se tenir, je dois leur concéder que l’idée de « saisir la problématique dans son ensemble », que ce soit au moyen d’états généraux sur l’éducation supérieure ou d’une commission parlementaire spéciale, représente sans contredit le meilleur véhicule pour résoudre le conflit actuel qui a largement dépassé la hausse des droits de scolarité.
D’ailleurs, le mouvement étudiant n’est-il pas en train de réaliser son propre
« zoom arrière » en invitant leurs sympathisants à un débat de société?
***
Un article de Nathalie Petrowski publié dans La Presse du 2 mai 2012 sous le titre « Le zoom arrière des artistes » mérite, à mon sens, qu’on s’y arrête tout au moins en guise d’appui aux étudiants dans le conflit qui les oppose actuellement au gouvernement Charest.
Aux dires de la journaliste, c'est Philippe Falardeau qui a le mieux résumé la chose : «Ce que font les artistes aujourd'hui, c'est un zoom arrière, cet effet d'éloignement de l'objectif de la caméra qui permet le recul, la perspective, la distance critique. Bref, qui permet de saisir une problématique dans son ensemble. »
Ce soir-là, dans la salle surchauffée de la rue Fullum, étaient regroupées des figures aussi connues que Guylaine Tremblay, Ariane Moffatt, Dominic Champagne, Jean-Marc Vallée, Pierre Curzi, Daniel Boucher, Christian Bégin, Nathalie Gascon, Anne-Marie Cadieux, le médecin Alain Vadeboncoeur et l'économiste et professeur de sociologie économique à l'UQAM, Éric Pineault.
Pas moins de 250 cosignataires d'un manifeste intitulé « Nous sommes ensemble » y avaient convoqué les médias pour deux raisons : d'abord affirmer publiquement la solidarité des artistes avec le mouvement étudiant mais surtout, réclamer du gouvernement Charest deux mesures très précises, soit un moratoire sur la hausse des droits de scolarité et la tenue d'états généraux sur l'éducation supérieure.
Selon les porte-parole des artistes, le spectaculaire de la rue empêche ce recul et, ce faisant, occulte ce qui se joue dans les antichambres du pouvoir. «Les choses sont en train de se passer, qu'on le veuille ou non, et elles profitent à ceux qui sont en train de nous les passer. Il ne faut pas lâcher. Ce n'est pas un show », a clamé Dominic Champagne.
Toujours aux dires des participants, l'idée que le spectacle des manifestations diffusé à tous les soirs aux bulletins de nouvelles arrange bien le gouvernement Charest, compte tenu qu'il chasse de l'actualité tous les autres dossiers compromettants, entre autres, celui que le conflit étudiant soit le révélateur d'une crise sociale plus large, qui dépasse le cadre des droits de scolarité et qui porte sur les valeurs mêmes de la société québécoise.
Et de conclure Nathalie Petrowski :
« En réalité, les artistes se doutent bien que des élections s'en viennent. Ils ne sont pas contre, pour autant qu'un moratoire sur la hausse soit déclaré avant, afin que les élections ne se jouent pas uniquement sur cet enjeu.
À cet égard, les artistes ont au moins une carte gagnante dans leur jeu: la déclaration de Jean Charest à la question d'une journaliste sur d'éventuelles élections portant sur les droits de scolarité, le premier ministre n'a pas hésité à qualifier une telle manoeuvre de grotesque et d'ignoble. Il a chargé tellement fort et avec tant d'ostentation qu'il est aujourd'hui très mal placé pour revenir sur sa position. S'il le fait, il passera pour un homme qui n'a pas de parole et, surtout, il donnera raison à tous ceux qui l'accusent de cynisme politique. Les artistes espèrent ne pas en arriver là.
En attendant, convaincus, sinon de leur force, à tout le moins du fait que leur voix porte, les artistes viennent d'entrer dans le débat. C'est une bonne nouvelle pour le mouvement étudiant. Quant à Jean Charest, il devra désormais composer avec un nouveau contre-pouvoir, moins puissant que lui, mais décidément plus populaire. »
En terminant, je vous laisse sur ce commentaire révélateur de Daniel Boucher, l’un des cosignataires du manifeste :
«J'ai l'impression qu'on est en train de vivre les conséquences d'avoir voté non deux fois! La turbulence qu'on nous promettait si on votait oui, elle est en train d'arriver, mais parce qu'on a voté non... Et le mouvement étudiant est juste le catalyseur du fait qu'on est tanné…As-tu remarqué comment les adultes essaient de planter les leaders étudiants, y a des raisons à ça. C'est parce qu'ils sont solides!»
Henri Marineau
Québec

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com




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