Hydro-Québec

Le contrat d'Arcelor-Mittal restera secret

La société d'État refuse de dévoiler l'entente avec la minière comme le réclame le PQ

PLAN NORD - gérer nos richesses naturelles


Alexandre Shields - Hydro-Québec refuse de rendre public le contrat signé avec la multinationale ArcelorMittal pour l'approvisionnement électrique de son complexe minier de production de fer situé près de Fermont. La société d'État a toutefois admis que l'entreprise avait obtenu le tarif L, soit environ 4,5 ¢ le kilowattheure. Une entente décriée par le Parti québécois (PQ), mais jugée nécessaire par le gouvernement Charest, selon qui des tarifs plus élevés auraient pu «compromettre» les investissements de la minière. Celle-ci a cumulé des revenus de 94 milliards en 2011.
Par l'entremise de la Loi d'accès à l'information, le Parti québécois a demandé les contrats signés entre Hydro-Québec et ArcelorMittal concernant le mégaprojet minier de Mont-Wright. La société d'État et l'entreprise ont refusé de remettre les documents exigés. Hydro-Québec a invoqué cinq articles de la législation pour justifier son refus. Un de ceux-ci stipule qu'«un organisme public peut refuser de confirmer l'existence ou de donner communication d'un renseignement dont la divulgation aurait pour effet de révéler», par exemple, «un projet de tarification».
Une situation inacceptable, selon le Parti québécois, qui a attaqué le gouvernement Charest hier à l'Assemblée nationale. «On a appris que, pour l'agrandissement de la mine d'ArcelorMittal à Mont-Wright, qui a été annoncé en mai dernier, Hydro-Québec a vendu son bloc d'énergie à 4,3 ¢ le kilowattheure, au tarif L. L'électricité nous coûte 10 ¢ à développer et le premier ministre la vend 4,3 ¢ à ArcelorMittal. On perd au change, et on perd beaucoup», a soutenu le député Bernard Drainville.
Selon certains économistes, l'hydroélectricité qui sera produite au complexe de la rivière Romaine devrait en effet coûter 10 ¢ le kilowattheure. Et dans le cadre du Plan Nord, la société d'État devra investir 47 milliards de dollars sur 25 ans, essentiellement dans des projets hydroélectriques construits toujours plus au nord, avec les coûts que cela implique.
«On vend déjà notre minerai pas cher, on leur construit des routes, sans parler des chemins de fer, sans parler des ports qui pourraient venir. On ne va quand même pas leur vendre l'énergie pour moins cher que ça nous coûte à la développer, a ajouté M. Drainville. [...] Ça contredit directement ce que le premier ministre s'est engagé à faire, c'est-à-dire s'assurer que les Québécois fassent de l'argent avec les projets des minières dans le Nord.»
Le ministre des Ressources naturelles, Clément Gignac, a répliqué qu'ArcelorMittal profitait du tarif L parce que l'entreprise fait aussi de la «transformation» au Québec. Elle exploite une usine de boulettage du minerai de fer à Port-Cartier. Ce produit est ensuite exporté par bateau. Et selon le ministre, un refus du gouvernement «aurait peut-être compromis les investissements».
ArcelorMittal a annoncé en mai 2011 des investissements de 2,1 milliards d'ici cinq ans dans l'expansion de son complexe minier de Mont-Wright. L'objectif est de produire 24 millions de tonnes de concentré de fer chaque année. Sur les marchés, les prix dépassent 100 $ la tonne.


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