Le choix du chef

14eedf2418ec51af4aab018d5538b6d8

Si Hivon devient chef du PQ, le parti s'enfoncera davantage dans la complaisance avec la gauche multiculti


Selon un sondage Léger et Léger, les femmes seraient en tête dans la course à la succession du PLQ et du PQ. La libérale, Dominique Anglade, et surtout la péquiste, Véronique Hivon, mènent le bal. Quoiqu’on puisse en dire sur l’importance et la notoriété des partis, la capacité d’attraction des chefs demeure un atout majeur pour espérer conquérir le pouvoir. À ce chapitre, le PQ a manqué de veine plus souvent qu’à son tour au cours des deux dernières décennies.


Les mauvais choix n’expliquent pas entièrement les déboires du PQ et il ne faudrait surtout pas sous-estimer les effets d’une campagne mal menée avec un leadership déficient. Les partis n’ont pas l’habitude de rendre public leur bilan de campagne et le PQ a décidé de ne pas faire exception à la règle pour la dernière élection générale. Comparativement à l’élection de 2014, leur campagne aura été passablement moins erratique, mais elle n’a jamais véritablement décollé. Le chef Jean-François Lisée n’a pas eu la cote dans l’année précédant le scrutin et la campagne électorale ne lui a pas donné l’occasion de l’améliorer. Triste consolation, Philippe Couillard ne recueillait guère plus de sympathie.


À l’heure des questions existentielles, le PQ n’a plus le droit de se tromper dans la désignation du prochain chef qui n’aura pas une sinécure, en l’occurrence redonner au parti sa crédibilité autour d’un projet défini et emballant. Trop longtemps les dirigeants de la formation ont voilé la raison d’être du parti et trahi ses fondements sociaux-démocrates pour aspirer ou se maintenir au pouvoir avec des chefs plus dévoués à l’appareil qu’à la cause.


Jean-François Lisée passait difficilement la rampe chez ses propres collègues et générait beaucoup d’animosité chez l’électorat. Accusé d’être condescendant, ses discours ne réussirent pas à émouvoir une population qui en avait marre des libéraux. À sa décharge, il faut admettre que le parti était déjà dans un état piteux quand il en a pris la direction et que lui-même était associé à cette dégradation par ses collaborations passées comme conseiller spécial. On ne saura jamais si Alexandre Cloutier aurait pu faire mieux toutefois, il est loisible de croire qu’il n’aurait pu faire pire en représentant un air de renouvellement du PQ.


Malgré sa longue expérience politique, Pauline Marois a multiplié les erreurs tactiques tout au cours de sa période comme chef. Sa dernière campagne électorale a été une accumulation de gaffes, elle, qui éprouvait plus de fierté à être la première femme première ministre du Québec que pour l’avancement de l’indépendance. Elle aussi était trop associée à une vieille garde du parti qui refusait de se renouveler.


André Boisclair devait incarner le rajeunissement du parti, il a surtout enclenché sa descente aux enfers avec une arrogance pré-électorale qui le rendait sourd aux appuis traditionnels de son parti.


Bernard Landry est arrivé plus tard qu’il ne l’espérait à la tête du PQ. Fidèle à la cause et profondément épris du Québec, il a manqué de temps et de bons conseils pour poursuivre le chemin tracé par René Lévesque. Retenu par ses conseillers dans la campagne électorale de 2003, il s’est comporté comme l’ombre de lui-même. Encouragé par sa garde rapprochée, il a inopinément démissionné après un vote de confiance qui n’était, somme toute, pas catastrophique. S’il était un dernier Mohican, le titre lui reviendrait.


Lucien Bouchard s’est avéré une vedette du référendum de 1995, mais il s’est couché au tapis après la défaite sans autre intention de rebondissement. Lui aussi a laissé un fort sentiment de trahison avec son sommet sur le déficit zéro en rognant sur les fondements sociaux-démocrates du PQ et en ayant l’air de suivre la doctrine de Daniel Johnson. Il aurait fort probablement mieux valu que Bernard Landry succède à Jacques Parizeau pour entretenir le désir de pays et de mieux-être pour tous.


25 ans plus tard, le choix d’un chef pour le PQ sera crucial et Véronique Hivon peut s’avérer la femme de la situation. Elle jouit d’un charisme certain, elle reflète un vent de renouveau et elle dispose d’une expérience politique qui s’est forgée dans la mise en œuvre de décisions délicates. Sa première mission sera de revigorer l’option de la souveraineté sans l’enrober de stratégies douteuses. La seconde consistera à renouer avec un projet qui profite à tous comme l’espérait le fondateur du PQ.