Fête nationale

Le choix de Guy A.: pas très avisé

La Fête nationale du Québec est depuis longtemps ouverte sur les communautés

Tribune libre

On annonçait récemment que Guy A. Lepage succéderait à Normand Brathwaite comme animateur du spectacle de la Fête nationale. Et Guy A. n’a pas tardé à annoncer ses couleurs : il veut une fête ouverte sur le Québec cosmopolite (traduisez : avec une dose d’anglais).
Ce choix de Guy A. Lepage ne laisse pas d’inquiéter. Veut-il transformer la Fête du Québec en une sorte de Tout le monde en parle, où la chanson anglaise est à l’honneur, où cette expression musicale est mise presque sur le même pied que la chanson française, où des interprètes comme les gars de Simple Plan et Pascale Picard, qui renient leur langue, sont reçus comme des héros? Oui, c’est inquiétant.
Malgré les prétentions de Guy A., la Fête nationale du Québec a toujours été ouverte sur le Québec cosmopolite. Marco Calliari, Nanette Workman, Jim Corcoran, Samian ne sont que quelques-uns des nombreux « non pure laine » qui ont été invités et très bien reçus au spectacle du 24 juin. Ils chantaient en français, d’accord. Mais le français n’est-il pas la langue nationale et commune du Québec? Patrick Watson peut chanter en français. Ne pourrait-il pas montrer son appartenance au Québec en chantant dans la langue de la majorité? Il ne faudrait pas que Guy A. réponde pour lui.
Les commerces où l’on entend un peu de chansons françaises sont devenus rares, les radios « françaises » diffusent presque 50% de contenu musical anglophone, il n’y a à toutes fins utiles plus d’émissions de « variétés » à la télévision françaises où il n’y a pas une proportion significative de prestations en anglais, les jeunes francophones québécois qui participent à des concours du genre Star Académie le font de plus en plus dans la langue de Shakespeare, les films et les dramatiques télévisuelles « francophones » québécois ont fréquemment des trames musicales anglaises, en voulez-vous plus? La société québécoise est traversée d’influences anglo-américaines et on voudrait nous faire croire qu’elle est fermée aux autres cultures? Et on voudrait nous en culpabiliser?
Le spectacle du 24 juin a été jusqu’ici unilingue français. À part les spectacles solos, c’est une des rares manifestations culturelles, avec les Francofolies, qui se déroule tout en français. Et on va se mettre à lui en faire le reproche? Quand même! Un peu de retenue les masochistes!
Osera-t-on prétendre qu’il n’y a pas d’âme dans ces spectacles très courus du 24 juin? On y sent un courant inégalé passer entre les artistes et le public. Et ce public est de plus en plus cosmopolite et apprécie, de toute évidence, ce bain dans la culture québécoise. Y a-t-il vraiment besoin de changer la formule? Le « problème » n’existe-t-il pas que dans la tête de Guy A. Lepage?
Ce que Guy A. Lepage propose, c’est un peu le multiculturalisme et le bilinguisme à la Trudeau servis à la sauce québécoise. C’est un peu Bouchard-Taylor avec son autoculpabilisation extrême mis en œuvre. Les Québécois ne se sont pas prononcés pour cela, ils ont été même très critiques à cet égard.
Non vraiment, on aurait pu faire un choix plus heureux pour le 24 juin au soir. À moins que Guy A. ne renonce à sa lubie, on va s’ennuyer de Normand Brathwaite!
Claude Richard


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3 commentaires

  • Jean-François-le-Québécois Répondre

    21 mars 2009

    Franchement, Guy A. Lepage ne fait rien pour changer sa réputation de gars qui manque de subtilité... et qui est imbu de sa personne.
    Mais son projet de festivités de la Saint-Jean, ou Fête nationale, supposément ouvertes sur le monde, me fait penser à une autre chose...
    Je songe au curieux spectacle d'ouverture des festivités du 400e anniversaire de la ville de Québec, en janvier 2008. Un événement qui s'était attiré des critiques pas toujours dythirambiques, disons. Vous vous souvenez?
    Le spectacle en question, conçu par le très montréalais producteur et metteur en scène Bouchard (son prénom m'échappe), était en effet TRÈS ouvert sur le reste de la planète Terre...
    Du genre, que nous avons pu voir des danseurs professionnels s'exécuter (très bien), dans différents numéros, revêtus de costumes traditionnels appartenant aux cultures de plein d'autres pays (?)...
    Oui, on voulait un grand spectacle à saveur moderne, cosmopolite, internationale, ouverte sur le monde, et cetera.
    Mais... avait-on oublié que c'était l'anniversaire de Québec, et non pas de Madrid, ou Beijing, ou Rome, ou Mexico, ou... Peu importe; ce que je veux dire, c'est que je me demande d'où vient cette manie, chez certains, de lancer à notre face que nous devons êtres «plus ouverts» (sic); et que quand c'est l'anniversaire d'une de nos villes, ou institutions, ou autre chose de chez nous, l'on fête à peu près tout, on représente à peu près n'importe quelle culture ou nation... sauf la nôtre.
    Il y avait déjà le multiculturalisme canadien; mais il y a aussi, maintenant, le désir de «cosmopolitisme», disons, qui nous vient de la clique du monde des arts et spectacles de notre métropole, j'ai nommé: Montréal!
    Je ne sais pas... Quelqu'un pourrait-il m'éclairer? Est-ce que la «gang» des artistes du Plateau Mont-Royal jugent que ça serait kétaine, ou je ne sais quoi, de se concentrer le jour même de la Fête nationale des Québécois, sur la célébration de la nation et la culture québécoises?

  • Archives de Vigile Répondre

    18 mars 2009

    Je suggérerais à Lepage une fête cosmopolite comme suit:
    75% de chanteurs, interprètes de chansons québécoises afin de donner un peu à manger à nos artistes que Harper a oubliés
    5% d'acadienss et de francos hors-Québec qui veulent fêter avec nous en français,
    15% d'artistes venant de la francophonie à travers le monde,
    5% de musique et de chansons latino-américaines ou de chansonniers-compositeurs anglos du Québec.
    La même proportion pour toutes les autres sortes de spectacles et une danse dans la rue pour finir le tout. Des concours et des jeux pour les enfants avec des drapeaux à gagner.
    Surtout ne demandons aucun sous à Ottawa qui n'attends que cela pour venir travestir notre fête avec Josée Verner et Harper.
    Ainsi nous aurons une belle fête cosmopolite.

  • Archives de Vigile Répondre

    17 mars 2009

    Qu'ont à dire les organisateurs de cette fête multilingue en chansons?
    La SSJBM est-elle d'accord? Et le MNQ ?
    Mais au Québec, le nouveau dieu est Guy-A, ce médiocre leader d'opinions, par qui tout doit passer. S'il le dit, il doit avoir raison. Voyez toutes ces personnalités (!!!) qui se précipitent afin d'être agrées par Guy-A. Nous sommes vraiment à l'ère de la médiocrité et de l'insignifiance comme jamais dans notre histoire.
    Nous faisons pitié! Quant à moi, je ne regarde jamais si ce n'est pour vérifier en début d'émission qui est assez naïf pour y paraître.
    Marie Mance Vallée