Le «chiffon» linguistique

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«Un problème bien réel», n'en déplaise à Philippe Couillard





Le premier ministre Philippe Couillard est un homme comblé et satisfait. Comblé d’être Québécois dans la mesure où, pour reprendre sa propre expression, c’est sa façon d’être Canadien. Satisfait aussi de l’état du français.


Face à Jean-François Lisée, qui présentait hier un projet de loi sur la langue de travail, M. Couillard lui lançait cette perle : «Ça va bien, le français, au Québec et au Canada». Toutes les données ont beau dire le contraire, dont celles de Statistique Canada et du Commissariat aux langues officielles, M. Couillard est heureux de faire semblant de l’ignorer.


Métaphore risquée


S’en prenant ensuite au Parti québécois, il osa une métaphore risquée : «quand ça va mal de leur côté, on agite soit le chiffon identitaire, soit le chiffon linguistique». M. Couillard ne comparait évidemment pas la loi 101 à un «chiffon». Il s’inspirait plutôt de l’expression connue «agiter le chiffon rouge», laquelle réfère à un geste provocateur.


En 2001, en réaction à une subvention fédérale à l’Aquarium de Québec offerte à condition d’y faire flotter l’unifolié, Bernard Landry s’était inspiré de la même métaphore : «le Québec n’a pas l’intention de faire le trottoir pour des bouts de chiffons rouges». Devant la réaction courroucée du Canada anglais, il s’en était excusé.


Déni navrant


Quant au «chiffon» de M. Couillard, il montre deux choses. Profitant du vote captif des anglophones, pas question pour lui d’admettre que le français recule. D’ici les élections, il frappera ad nauseam sur le même clou en dépeignant le PQ comme un vieux parti de nationaleux intolérants.


Pendant que le torchon préélectoral brûle et que M. Couillard s’en amuse, le français, lui, se fragilise. Le même déni a beau avoir commencé en 1996 sous Lucien Bouchard, l’inaction béate de ce dernier ne justifie en rien celle du premier ministre actuel. Elle ne fait qu’aggraver un problème bien réel.




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