Le cancer de la pensée

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Très juste !






Au début des années 1990, quand j’étais chef de pupi­tre au journal Voir, nous avons publié un dossier sur la rectitude politique.




À l’époque, il s’agissait d’un nouveau courant de pensée qui touchait surtout les universités américaines.




UNE MODE, UNE PASSADE




Ce dossier (le premier à traiter de cette question au Québec, si je me souviens bien) comprenait entre autres une entrevue avec Arthur Schlesinger Jr., historien émérite et ex-conseiller de John F. Kennedy, qui venait de publier un essai passionnant sur la question : The Desuniting of America : Reflections on a Multicultural Society.




Avant, disait essentiellement Schlesinger, les Américains oubliaient ce qui les divisait (la race, la religion, la culture...) pour mettre l’accent sur ce qui les unissait. Or, de plus en plus, c’est l’inverse.




Au lieu de se regrouper et de se rassembler, les Américains se désunissent.




Chaque groupe dans son petit ghetto. Dans le terme «Afro-américain», le mot important, désormais, n’est plus «Américain» mais «Afro».




Chaque groupe, chaque ethnie­­, chaque communauté religieuse, culturelle ou sexuelle tire la couverture de son bord.







Vingt-cinq ans plus tard, la rectitude politique est plus forte qu’avant.









Les Noirs veulent que les universités enseignent la littérature noire, les Amérindiens, la littérature amérindienne, etc.




Idem pour les lesbiennes, les féministes et les latinos.




Les collaborateurs de Voir et moi hochions la tête en lisant les premiers reportages consacrés au sujet dans la presse américaine (le critique le plus virulent de ce mouvement était John Leo, du U.S. News and World Report).




«Heureusement, disions-nous pour nous consoler, c’est une mode, une passade. Ce courant débile durera deux ou trois ans, et mourra de sa belle mort.»




LE MONSTRE EST SORTI DU LABO !




Vingt-cinq ans plus tard, non seulement la rectitude politique n’est pas morte, mais elle est plus forte qu’avant.




Et l’épidémie ne touche plus uniquement les campus américains : le monstre s’est échappé des laboratoires de la Californie pour prendre d’assaut l’Occident au grand complet.




Même les intellectuels français (qui ont toujours détesté les modes américaines et chéri leur liberté de parole) doivent rendre des comptes à la police de la pensée!




Vous faites du yoga? Vous «violez» la culture indienne. Vous portez une coiffe amérindienne? Vous êtes coupable d’appropriation culturelle.




La dernière lubie du genre : des étudiants d’un collège huppé en Ohio se sont mobilisés, car la cafétéria a «insulté» la culture traditionnelle chinoise en servant du poulet du général Tao qui était bouilli et non frit.




Pas de farce.




Dans les années 1960, les étudiants protestaient pour défendre les droits civiques des Noirs. Maintenant, ils manifestent pour protéger des recettes­­.




Ben coudonc.




LES GROS MÉCHANTS BLANCS




Le pire est que ces étudiants qui prennent les armes pour défendre les «cultures minoritaires» ne font partie d’aucune minorité.




La plupart du temps, ce sont des petits Blancs hétéros de classe supérieure.




Mais à force de se faire dire par leurs profs que l’Occident est responsable de tous les maux, ils ont fini par se sentir coupables de tout.




Alors ils font chier la planète entière.




Gageons que ça va continuer en 2016...




Comme dit Sugar Sammy (qui lui, se fout de la rectitude politique) : «We’re gonna rire.»




 



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