Interdiction de la burqa

Le Canada n'a pas l'intention d'imiter la France

«Nous avons une tradition de liberté personnelle»

Burqa interdite


Hélène Buzzetti - Ottawa — Le Canada n'a aucune intention d'emboîter le pas à la France en légiférant contre le port de la burqa ou en refusant la citoyenneté à quelqu'un qui la porte ou l'impose à sa conjointe. La population canadienne, croit Ottawa, n'en voit pas la nécessité puisqu'aucun débat ne s'organise autour de cette question.
Hier, le ministre canadien des Affaires étrangères, Lawrence Cannon, a été invité à commenter le refus de Paris la veille d'octroyer la citoyenneté à un homme marié à une Française à qui il imposait le port de la burqa. «C'est un débat qui est tout à fait interne à la France, a-t-il déclaré en conférence de presse. Au Canada, je ne crois pas qu'on soit rendu à la même étape, au niveau politique, de ce débat.»
Le ministre Cannon a quand même ajouté, sans rien préciser, que «c'est sûr qu'il y a des préoccupations, mais pour l'instant, nous ne sommes pas rendus à nous engager d'une manière législative comme les Français l'ont fait.» Après la conférence de presse, son adjointe a ajouté que le gouvernement ne sentait pas de pression populaire pour s'engager sur la voie de l'interdiction de la burqa.
En France, où le débat fait rage, le Conseil d'État a jugé qu'un ressortissant étranger ne devait pas être naturalisé parce qu'il «adopte au quotidien une attitude discriminatoire vis-à-vis des femmes, allant jusqu'à refuser de leur serrer la main et à préconiser une séparation des garçons et des filles». L'homme débouté a reconnu qu'il obligeait son épouse à se draper entièrement.
Kenney et Ignatieff sont contre
Le ministre canadien de la Citoyenneté et de l'Immigration, Jason Kenney, s'est déjà prononcé contre l'interdiction de la burqa au Canada. «Nous avons au Canada une tradition de liberté personnelle, a-t-il déclaré lundi. Le gouvernement ne dit pas aux gens quels vêtements ils doivent porter. Je suis contre l'idée que l'État réglemente les vêtements des citoyens canadiens, qui sont des gens libres. Ils ont le droit de choisir comment ils s'habillent.»
M. Kenney a ajouté que le nouveau guide pour les immigrants «souligne qu'il y a certaines pratiques culturelles que nous qualifions de barbares et qui sont contre les lois canadiennes, entre autres les meurtres d'honneur et les mariages forcés. Donc nous sommes très clairs sur le fait que certaines pratiques soi-disant culturelles ne sont pas acceptables au Canada», mais le port de la burqa n'est pas du lot, à son avis.
Le chef libéral, Michael Ignatieff, a défendu la même position la semaine dernière. «Nous sommes un parti qui croit profondément dans la liberté de religion et la liberté de croyance.» La burqa, beaucoup portée en Afghanistan, ressemble à une tente qui recouvre entièrement le corps de la femme. Seul un petit grillage de tissu devant les yeux lui permet de voir.


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