Michel Hébert - D’un sommet à l’autre, rapport après rapport, on nous dit qu’il faut faire quelque chose. Qu’il faut créer de la richesse, que les finances publiques sont foutues, que la dette augmente de 286 $ par seconde et que des intérêts, on en paiera jusqu’à la fin des temps.
Toutefois, une fois les rapports lus, commentés, rangés dans l’étagère avec les autres, une fois les micros débranchés et les conciliabules terminés, la nervosité des politiciens s’estompe et puis, plus rien... Ce qui nous avait été présenté comme essentiel et urgent est passé sous silence.
Dans son dernier livre intitulé Quelque chose comme un grand peuple, Joseph Facal nous invite à réfléchir sur notre endettement excessif, sur notre déclin démographique, sur notre productivité vacillante, etc. On a entendu les mêmes thèmes, énuméré les mêmes souhaits d’un monde meilleur au cours de la rencontre des élites à Lévis, cette semaine.
Rien de concret n’en est sorti, sauf l’engagement de créer un « groupe de travail » qui devra trouver une façon pour que les candidats à la retraite restent au travail. Pourquoi? Pour qu’ils continuent à payer des impôts!
Dette de 215 milliards
Il n’y a pas si longtemps, le Québec affrontait une « tempête parfaite », une des pires crises économiques de l’histoire moderne. L’expression était de Jean Charest et faisait référence au film montrant un petit navire de pêcheurs avalé par l’abîme océanique. L’allégorie tient toujours : la dette du secteur public québécois atteint plus de 215,7 milliards, plus de 66 % de notre PIB. De vrais et de faux experts préfèrent tenir compte de la dette nette ou de la dette directe; l’important, c’est celle qu’on doit rembourser, et elle s’élève à 215 milliards, n’en déplaise aux ténors de l’intersyndicale jovialiste.
Je sais, je sais qu’il y a pire ailleurs dans le monde, mais comme le note Facal, le moteur économique du Québec ne crée pas des emplois en nombre suffisant pour permettre la collecte d’impôts et de taxes nécessaires au paiement des salaires des nombreux fonctionnaires au comptoir des services publics. Il est là le problème, nulle part ailleurs.
La « tempête parfaite » a provoqué des fermetures d’usine par centaines et des dizaines de milliers d’hommes et de femmes se sont retrouvés sans emploi. Le nombre de contribuables du privé, la véritable source de « richesse », a chuté. Comme les profits des entreprises. Cela a fait fondre les revenus du gouvernement, mais les dépenses n’étant pas plus sous contrôle durant la tempête qu’avant, le gouvernement a creusé un déficit multimilliardaire.
« bureaucratie onusienne »
Des efforts additionnels seront donc réclamés des contribuables; on leur demandera plus d’argent pour soutenir la santé et l’éducation et pour payer notre onusienne bureaucratie.
Mais rassurons-nous. Si le désordre des choses paraît catastrophique, il serait subordonné à notre bonheur! En anglais, on dit : « Don’t worry, be happy »... Nous traînons peut-être une dette qui part en montgolfière et un budget écrit en rouge, il ne faut pas s’énerver. Le ministre des Finances, Raymond Bachand, l’a dit : l’important, c’est d’être heureux.
« La finalité, a-t-il dit lundi, ce n’est pas d’équilibrer le budget. La finalité, c’est d’être heureux comme peuple. » Vous pouvez l’écouter sur YouTube... Et lire Confucius plus tard.
Je n’ose pas imaginer ce que l’élite médiatique bien-pensante aurait dit si Mario Dumont ou Gilles Taillon avaient laissé tomber une pareille énormité. Mais M. Bachand est un pur-sang de la social-démocratie. Ex-collaborateur de René Lévesque, ex-patron du Fonds de solidarité de la FTQ, il croit totalement à ce qu’il dit.
Mais M. Bachand devrait savoir ce qui nous rendrait vraiment heureux comme peuple. Il faudrait qu’on aille au bout de son inspirant sophisme et que, dans le budget de mars, il n’y ait pas plus d’impôts, de taxes ou de tarifs. Si l’équilibre budgétaire est aujourd’hui aussi peu important qu’hier, alors allons au bout du bonheur! Jusqu’à ce que ça pète!
Le bonheur du peuple
Si l’équilibre budgétaire est aujourd’hui aussi peu important qu’hier, alors allons au bout du bonheur! Jusqu’à ce que ça pète!
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