Une question de volonté

Le Bloc, une certaine chance de survie

Chronique de Jean-Pierre Bonhomme

Les Québécois – et les Canadiens français – ne rêvent généralement pas de prendre le pouvoir dans « leur » pays lorsque le moment des élections arrive. Ils ne vivent pas suffisamment dans l’imaginaire pour cela; il leur faut rêver beaucoup, en effet, pour qu’ils pensent orienter la politique de la Nouvelle-France (ce qui en reste) dans le sens humaniste de certaines de leurs racines! Ce sont les anglo-saxons qui mènent. Et, si vous voulez savoir, ils sont conservateurs : tous.

Ce n’est pas parce que les Canadiens anglais ont récemment choisi un parti « socialisant », le NPD, pour diriger l’Alberta, et qu’ils choisiront ce même parti pour diriger tout le pays « pour faire changement » comme ils disent – cela se pourrait bien! – que nous allons nous trouver du jour au lendemain en plein communisme! Le Canada existe parce qu’il a voulu conserver la monarchie britannique et c’est ce qu’il veut encore « conserver » en rejetant, tout nationaliste qu’il est de ce point de vue, les « aventures » républicaines d’à côté. C’est ce que la campagne de publicité récente du gouvernement fédéral – qui a duré un an - au sujet de la « victoire » britannique de 1812 sur les méchants américains a montré. Et si cette propagande ne fait pas vibrer de part en part la minorité « française » d’ici, celle-ci n’a qu’à s’en retourner en Europe avec sa francophilie évanescente…

Oui mais les Québécois ont eux-mêmes élu une poignée de députés NPD lors de la dernière élection fédérale me direz- vous; cela voudrait-il dire que ceux-ci seraient précurseurs et auraient montré le chemin de la gauche aux Canadians des neuf provinces anglo? La vague socialiste qui s’en vient aurait-elle surgi du comté de Berthier? Y aurait-il, en ces lieux de « culture française », à Lanoraie par exemple, une élite marxiste qui serait à l’origine d’une révolution de gauche?

Je reviens au « je » si on me le permet. Je me permets de penser que nous sommes nombreux à penser que non. Nous sommes nombreux à Montréal – à Québec, la capitale du hockey imaginaire, nous ne le savons pas trop! – à penser que le vote NPD de Berthier était un vote de protestation. De protestation contre la représentation politique fédérale qui ne touchait plus les émotions des riverains du Saint-Laurent. Les Berthiervillois auraient fait un pied de nez à l’Ontario en lui renvoyant sa couleur orange naturelle!

Je ne sais pas comment le député anglo Ruth-Ann Brosseau que les Gagnon et les Tremblay ont élu – et tous les Berthiervillois au reste - peuvent vivre avec une conscience tranquille dans ces circonstances là…? Le vieux mot « Politics make strange bedfellows » ne peut s’appliquer mieux ailleurs qu’à Berthier! C’est tout ce que je peux dire.

Mais je veux être un peu plus sérieux. Si les citoyens de Berthier – paraît que cela comprend les citoyens de Maskinongé – votent encore pour les « orangistes » du NPD ce ne sera plus une protestation. Ce sera une adhésion; une adhésion à une politique « nationale canadian ». Quelle est-elle? C’est la même que celle d’un certain Trudeau : « we are all Canadian »… et le pouvoir fédéral est multiculturel, ce qui veut dire qu’il est uniforme et anglo-saxon. Si c’est ça que nous voulons à Berthier, c’est ça que nous aurons! Les chefs du NPD ne sont pas trop explicites sur ce sujet là et pour cause, le Québec n’est pas pour lui une nation de facto!

Le Québec, lui, dans tout cela?
Le 16 aout dernier – cela ne remonte pas à Honoré Mercier! – un éminent éditorialiste du Journal de Montréal (je présume que cela s’est rendu dans notre « capitale » ) un chroniqueur à qui on donne beaucoup de place à juste titre – une sorte d’éditorialiste – terminait son article par la phrase suivante : «  Comme quoi ces élections marquent une étape de plus dans le déclin du Québec »! Il concluait ainsi en expliquant que les intérêts du Québec ne sont pas pris en compte dans les débats actuels.

Oui il me semble que cela est bien vrai. Le déclin du Québec je le vois, je le constate; collectivement s’entend. Les Québécois, pris individuellement sont très intéressants. La question n’est pas là. La question c’est de savoir s’ils veulent vivre collectivement. Et l’élection nous donnera une certaine réponse à cet égard.
Les Québécois peuvent mettre toute cette question de survie nationale sous le tapis, mais ils seront responsables de leur disparition s’ils ne prennent garde. Car ils ont le choix. Il existe un parti politique le Bloc qui est présent. Oui je sais, son chef a vieilli, il a les yeux un peu trop ronds et il n’est pas très politiquement bavard. Mais il nous l’a dit, il réclame une forme d’indépendance pour ce qui reste de Nouvelle-France. C’est clair!

Les citoyens de Berthier doivent cesser de protester. Le chef du Bloc n’est pas aussi prestigieux que de Gaulle, mais il est à Nous! Il est loin d’être parfait; oui mais comme si M. Harper et les autres étaient parfaits? Je me dis qu’il n’est pas trop difficile de passer de l’orange au Bleu! Il faudra bien, un jour, faire mentir l’adage selon lequel les Québécois n’ont pas d’idées, seulement des sentiments, des maux de ventre en somme.

Il y en a une idée. Si nous votons pour nous-mêmes, en Bloc, il y aura bien moyen, un jour, de négocier une certaine entente, une forme de révision constitutionnelle confédérative au lieu de la fédération centralisée actuelle et alors nous obtiendrons un certain espace vital en Amérique et dans le Monde.

Mais pour cela il faudra que nous existions! Vive le Québec vivant!



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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    27 août 2015

    En 2011, les Québécois ont voté pour un mort-vivant sympathique qui s'appelait Jack Layton. Est-ce un symbole annonciateur de ce qui attend la nation québécoise? Québécois et Québécoises, réveillons-nous avant qu'il ne soit trop tard. Votons pour nous! Votons BLOC!

  • Claude Richard Répondre

    27 août 2015

    Vous avez bien raison, monsieur Bonhomme. En votant pour le NPD, les Québécois se font des illusions. Chasser Harper (et cela peut être fait en votant Bloc), c'est une chose. Mais mettre le NPD à sa place, c'est changer un mal pour un autre. Entre intérêts du Québec et intérêts du Canada, le parti de Mulcair va toujours choisir ces derniers. Il a déjà commencé dans l'opposition sans que sa députation québécoise lève le petit doigt. Que sera-ce au pouvoir?
    Non, la véritable solution, c'est de garder le pouvoir entre nos mains, c'est-à-dire de le mettre entre les mains du Bloc. Le Bloc va toujours voter contre Énergie Est. Le NPD non (après bien des peut-être). Ce n'est qu'un exemple. Il peut être multiplié à l'infini.

  • Richard Dancause Répondre

    26 août 2015

    Merci M. Bonhomme,
    Votre texte nous ramène à l'importance de prende notre destin en main avec la détermination et la créativité que cela implique.
    Il est certain que la déception que nous vivrons au cours des prochaines années en regard au gouvernement élu à Ottawa est très prévisible. Elle est semblable à celle que l'on vit face aux comportements du gouvernemnt Couillard.
    Ottawa nous décevra peu importe qui sera le parti qui nous gouvernera. Nous croyons que l'avenir sera meilleur si le parti de M. Harper est écarté. Probablement, mais soyons réaliste, tous les parties politiques fédéraux sont obligés de tenir compte des doléances des gens du ROC pour obtenir et demeurer au pouvoir.
    Comme ces doléances sont souvent opposées à celles des Québécois, tous les partis fédéraux au pouvoir nous décevront.
    La solution pour les québécois réside donc en un vote qui permet de mettre en évidence nos aspirations, nos valeurs, notre différenciation et notre capacité de définir un pays distinct de celui qu'imaginent les gens du ROC.
    Votons pour le Bloc et affirmons notre capacité à se doter d'un état qui nous ressemble et nous permet de développer notre potentiel sans rien enlever à ceux dont le développement repose sur d'autres fondements.

  • Archives de Vigile Répondre

    26 août 2015

    Oui le bloc peut survivre avec la farce des trois partis fédéraux qui s'accusent de ruiner l'économie. Le Québec peut envoyer des ambassadeurs pour défendre l'autonomie du Québec au fédéral et espérer la balance du pouvoir.
    Le Bloc avec Duceppe lors du débat des chefs pourrait remonter. Il faut que Gilles Duceppe passe à Tout le monde en parle pour lancer une vague. Tom Mulcair n'est pas Jack Layton et cela les Québécois le savent très bien.