Le bâton de pèlerin

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Le référendum n'est qu'une modalité dont on s'occupe en fin de parcours, et non au début






Retour sur le premier débat officiel de la course à la chefferie du Parti québécois tenu mercredi soir à Trois-Rivières. Trois constats ont fait la manchette. Le tir groupé contre le meneur, Pierre Karl Péladeau. Ses non-réponses à certaines questions. La lutte entre Bernard Drainville et Alexandre Cloutier pour la deuxième position.





Un élément fondamental passait toutefois inaperçu. Pour la première fois depuis le référendum de 1995, un discours ouvertement souverainiste est de retour au PQ. Même le mot «indépendance» est réhabilité.




Les cinq candidats à la succession de Pauline Marois brisent avec fracas ce long silence sur l’option imposé par l’establishment péquiste depuis l’arrivée de Lucien Bouchard en 1996. Le virage est majeur.




La catharsis




Comment l’expliquer? Primo, par la thérapie de choc suivant la défaite historique du 7 avril dernier. Le choc fut d’une telle ampleur qu’on semble avoir enfin compris l’effet démobilisateur criant d’un silence aussi prolongé.




Secundo, par l’exemple de la campagne du Oui en Écosse. Précédée de longues années de préparation minutieuse, elle était elle-même inspirée en partie de la «méthode» Jacques Parizeau menant au référendum de 1995.




Le résultat s’entendait mercredi soir avec cinq candidats à la parole indépendantiste décomplexée: PKP, Martine Ouellet, Bernard Drainville, Alexandre Cloutier et Pierre Céré.




S’il y a un élément central qui se dégage de ce premier débat, c’est bien celui-là. Au point où les candidats rivalisaient entre eux d’arguments nouveaux en faisant le lien entre l’indépendance et plusieurs dossiers de gouvernance au Québec. Ce qu’aucun chef du PQ n’a fait de manière systématique depuis 1996.




En mode «survie», les péquistes savent qu’ils devront choisir. Veulent-ils continuer à chercher le pouvoir pour le pouvoir en voyant leur propre option comme un boulet électoral? Ou veulent-ils le pouvoir pour tenter de la réaliser?




La leçon




Or, pour que la réponse à la question soit claire, le PQ et son prochain chef ne pourront pas se contenter d’un changement de vocabulaire, aussi marqué soit-il. Ce qui nous amène à l’élément le plus paradoxal du débat de mercredi soir: le maintien du flou référendaire.




Malgré un discours résolument indépendantiste dans sa forme, quatre candidats à la chefferie hésitent encore à franchir le Rubicon. Martine Ouellet est la seule à proposer un référendum dans un premier mandat.




PKP promet de clarifier sa position, mais seulement d’ici l’élection de 2018. Bernard Drainville refuse de s’y engager s’il n’a pas «les chiffres» pour le faire. Alexandre Cloutier pose la récolte d’un million de signatures comme condition préalable. Pierre Céré rêve en couleurs d’une «entente fondée sur l’égalité des peuples» négociée avec Ottawa. Seul un échec provoquerait la tenue d’un référendum.




Bref, le retour d’un discours clair sur l’indépendance montre qu’on a déjà tiré une première leçon du 7 avril et des effets délétères du long silence péquiste. Les candidats reprennent le bâton du pèlerin abandonné depuis vingt ans.




Le maintien du flou référendaire confirme toutefois que la leçon complète n’est pas encore tout à fait apprise.





 


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