ABITIBI

Le BAPE autorise la plus grosse mine à ciel ouvert du Canada

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Le développement d'une économie solide au Québec ne passe pas par la «lunarisation» de son paysage

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement juge « acceptable » l’imposant projet minier de Royal Nickel, qui compte implanter en Abitibi la plus grosse mine à ciel ouvert de l’histoire canadienne. L’exploitation du gisement ne comporte pas moins plusieurs risques environnementaux et pour la santé humaine, selon la Coalition Québec meilleure mine.

Le projet Dumont, situé à l’ouest d’Amos, renferme un potentiel d’extraction de plus d’un milliard de tonnes de nickel. La mine à ciel ouvert sera exploitée dès 2016, pour une période de 35 ans, et créera une fosse de plus de cinq kilomètres de longueur. C’est deux fois plus gros que la mine d’or de Malartic.

Jusqu’à 400 000 tonnes de matière brute pourraient être extraites chaque jour durant l’exploitation. La consommation d’eau de la mine devrait en outre dépasser les 100 millions de litres sur une base quotidienne. La réalisation du projet nécessitera des investissements de plus de 3 milliards de dollars.

Le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) vient de juger que le projet de Royal Nickel Corporation peut aller de l’avant. Mais l’organisme souligne que l’entreprise devrait au préalable « mettre en oeuvre les mesures appropriées à l’égard des eaux souterraines et de surface, du climat sonore et de l’air ».

Des inquiétudes persistent en effet concernant l’impact de cette mine sur les eaux souterraines. Selon le BAPE, les forages menés par l’entreprise sous les aires d’accumulation de stériles « sont insuffisants pour apprécier avec justesse et fiabilité l’impact de la percolation de l’eau sur la qualité des eaux souterraines ».

Contrairement à ce que souhaite faire Royal Nickel, le rapport d’enquête conclut que l’eau utilisée par la minière ne devrait pas être rejetée directement dans la rivière Villemontel, située tout près. Le BAPE recommande plutôt de passer par un dispositif permettant de vérifier la « qualité » avant le rejet dans l’environnement abitibien.

Les commissaires du BAPE estiment en outre qu’il faut mettre en oeuvre plusieurs mesures d’atténuation du bruit, surtout que l’immense fosse sera creusée à moins d’un kilomètre des premières résidences, situées dans le village de Launay. Enfin, « pour contenir l’émission de contaminants atmosphériques et préserver la qualité de l’air », on suggère de plafonner l’extraction quotidienne à 400 000 tonnes.

Risques multiples

Même si le BAPE souligne plusieurs lacunes dans son rapport, la Conférence régionale des élus de l’Abitibi-Témiscamingue a relevé certaines omissions.

Ainsi, les analyses en matière de santé publique ont été faites, « mais les poussières et les contaminants qui la composent ne font pas l’objet de recommandations spécifiques » à l’égard de la santé du personnel oeuvrant sur le site de la mine. « À cet égard, le BAPE demeure malheureusement silencieux », a souligné le président de la Conférence régionale, Jean-Maurice Matte.

La Coalition Québec meilleure mine estime pour sa part que le BAPE aurait dû aborder la question de la taille maximale qui pourrait être imposée à ce type de mine, alors que d’autres projets sont en développement au Québec.

Selon son porte-parole, Ugo Lapointe, le rapport souligne néanmoins plusieurs constats « très inquiétants ». Il cite la question des dépassements anticipés de normes réglementaires reliées aux poussières et au bruit, l’insuffisance des études du promoteur concernant les eaux souterraines et « l’absence d’étude sur les émissions de gaz toxiques lors des sautages ».

« Ces constats sont très troublants. À notre avis, il est incohérent que le BAPE ait accepté un tel projet, même du bout des lèvres, alors que les lacunes sont nombreuses et que des dépassements de normes réglementaires sont anticipés. Ça envoie un très mauvais message à l’ensemble de l’industrie et à la population », selon Daniel Green, de la Société pour vaincre la pollution.

Québec dit maintenant étudier le dossier avant d’autoriser, ou non, le projet Dumont.


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