Larose s'enflamme... puis s'excuse

Le président du Conseil de la souveraineté traite Layton d'«imposteur», les autres de «crosseurs professionnels»

Élection fédérale du 2 mai 2011 - au Québec : une « insurrection électorale »



Guillaume Bourgault-Côté - Gérald Larose n'avait pas tant envie de «Parler Québec» hier matin que de parler crûment: le président du Conseil de la souveraineté a dû s'excuser en après-midi après avoir qualifié Jack Layton d'«imposteur» et les autres adversaires du Bloc québécois de «crosseurs professionnels».
Visiblement ulcéré par la tournure de cette campagne électorale, M. Larose a sommé le chef néodémocrate de clarifier sa position à l'égard de cinq questions concernant le statut du Québec (loi 101, gestion des fonds en culture, immigration, intégration du principe de la nation québécoise dans la Constitution, etc.). «S'il n'a pas répondu le 1er mai au soir, ce sera un imposteur, et peut-être plus crapuleux parce qu'il se drape du drapeau du progrès social, a lancé l'ancien président de la CSN. Il a des responsabilités plus grandes que les autres: eux, c'est des crosseurs professionnels. Ils ont eu une longue vie pour le prouver.»

M. Larose participait à une activité officielle du Bloc québécois, dans les locaux de la campagne bloquiste à Montréal. Il était entouré de six candidats du parti, dont les têtes d'affiche Vivian Barbot et Bernard Bigras.
Le bouillant souverainiste a lancé qu'une absence de réponse de M. Layton à ses questions indiquerait «qu'il nous prend pour des imbéciles ou des valises. On n'a pas de poignées dans le dos: soyez clair, mon cher Jack! Il faut arrêter de zigonner, et qu'on discute des vraies questions», a-t-il dit.
Quelques heures plus tard, M. Larose reconnaissait qu'il n'avait peut-être pas employé le bon ton pour discuter de ces «vraies questions». «Je regrette sincèrement certains termes inappropriés utilisés», a-t-il indiqué par voie de communiqué. Il a dit souhaiter que le débat électoral «puisse se poursuivre dans le respect mutuel de tous les participants».
M. Larose a expliqué son emportement par la passion qu'il éprouve pour l'avenir du Québec et l'importance des «enjeux soulevés» par l'élection du 2 mai. Mais «cette préoccupation face aux choix qui seront bientôt faits ne saurait justifier d'avoir recours à des termes abusifs à l'égard de membres des autres formations politiques», reconnaît-il.
Duceppe d'accord sur le fond
Interrogé sur la sortie rugueuse de M. Larose, Gilles Duceppe a refusé de prendre le blâme «pour les propos tenus par quelqu'un d'autre». Depuis Drummondville, le chef du Bloc québécois a affirmé que M. Larose «parlait en son nom», même si sa sortie s'est faite dans le cadre d'un événement de campagne du Bloc.
M. Duceppe a indiqué qu'il était «entièrement d'accord sur le fond» — c'est-à-dire que le NPD est un parti «extraordinairement centralisateur, qui a l'option canadienne férocement ancrée», comme l'affirme M. Larose —, mais pas avec les termes employés.
«Ce n'est pas une bonne chose [d'employer ce genre de mots], mais ça arrive quelques fois. Thomas Mulcair l'a déjà fait à la Chambre des communes. Ce sont des débordements verbaux qu'il faut éviter.» Le chef du Bloc a souligné que «certains en font plus souvent que d'autres, c'est dans le style».
L'incident concernant M. Mulcair s'est déroulé le 31 mars 2010. Pour dénoncer le refus d'Ottawa d'offrir une compensation pour l'harmonisation des taxes au Québec, le chef adjoint du NPD avait demandé si Stephen Harper «réalise qu'il est en train de donner des munitions à ceux qui disent que le fédéral, c'est des crosseurs?». Rappelé à l'ordre, il s'était défendu en citant la version anglaise de ses propos: «crosseurs» était devenu «double crossers», soit «traîtres»...
Dernière attaque
Thomas Mulcair a par ailleurs réagi hier aux diverses attaques suggérant que le «NPD ne se démarque pas des autres partis fédéralistes lorsque vient le temps de prendre parti en conformité avec les valeurs canadiennes», comme le répétait hier Bernard Bigras.
Selon M. Mulcair, c'est la «dernière attaque qu'il reste au Bloc» pour tenter de contrer la montée du NPD. «Mais quand on mesure ces attaques à l'aune de nos engagements et de la réalité, on voit que ça ne colle pas», dit-il.
M. Mulcair a rappelé quelques positions de son parti pour contrer le tir: opposition à une refonte de la carte électorale qui désavantagerait le Québec, dépôt du projet de loi C-455 sur l'usage du français comme langue de travail, plein droit de retrait du Québec de programmes fédéraux touchant à ses champs de compétence... «Des attaques comme celle de Gérald Larose aujourd'hui, ou de Jacques Parizeau lundi, c'est la principale raison qui fait que les Québécois veulent du changement aujourd'hui», affirme-t-il.


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé

-->