Laïcité : ici comme ailleurs même combat.

Tribune libre

Ce qui se passe au Québec avec le débat autour de la Charte des Valeurs Québécoises au niveau du thème de la laïcité, s'est passé et se passe encore actuellement en France autour des mêmes principes issus de la loi de 1905 (loi qui, après un long débat dans la société entérinait la séparation de l'Église de France d'avec l'État français).
Tout d'abord, un préambule important. La laïcité n'est pas une idéologie parmi d'autres, qu'elles soient religieuses ou non, mais ses principes sont au-delà et s'appliquent donc à tous les résidents d'un pays, en ce qu'elle sert à gérer les rapports entre ces mêmes résidents qui sont de confessions différentes ou sans confession (1).

Pour se faire elle stipule que l'État n'a plus de religion préférentielle (donc y compris dans toutes ses représentations) et que le domaine public n'est pas le domaine d'expression d'une religion quel qu’elle soit (par exemple, interdiction des processions ou des prières de rue, sauf autorisation). Ce qui renvoi implicitement la religion au domaine privé et son expression publique dans des lieux prévus à cet effet (églises, ...).
A l'époque il s'agissait de la religion catholique qui avait une emprise importante sur la vie sociale et politique française, mais à la lecture de la loi de 1905, on s'aperçoit que celle-ci est assez claire et générale pour s'appliquer à toute autre religion qui est apparues après en France.
Ceci étant posé, nous pouvons constater qu'ici, comme ailleurs, le débat ardu est le fait d'un regain de religiosité venant surtout des intégristes musulmans. Mais les conservateurs chrétiens sont en embuscades et ne sont pas en reste. Parfois même ils rajoutent leurs voix (2).
Le problème c'est que cette remise en cause de la laïcité ne se fait pas dans le sens du progrès.

Les intégristes demandent au minimum une lecture plus souple de la laïcité mais parfois ils demandent des nouvelles règles plus restrictives qui conviennent à leurs modes de vie religieux :
- acceptation du port du voile dans les lieux publiques (donc administrations, rue, entreprises, ...).
- repas halal dans les cantines scolaires.
- horaires de piscines séparées pour les femmes.
Tout cela au nom de la liberté d'expression, de la liberté religieuse à partir d’une relecture révisée de la loi de 1905.
Tout opposant à de telles démarches ou revendications démagogiques est traité d'islamophobe, de raciste, de fasciste. Ceci afin de le déstabiliser et de couper cours à tout débat. Le fait que les intégristes qui sont à la pointe de ce combat, assimilent islam à arabes ou maghrébins, ne doit pas nous priver de discuter et de défendre la laïcité pour ce qu'elle doit être et non pas ce qu'ils veulent qu'elle soit (c'est à dire disparaître car à côté de cela ces intégristes ne reconnaissent pas la démocratie comme un système politique à défendre, seul compte la loi de Dieu).
Cette contestation ne doit rien au hasard. Il y a recherche systématique de confrontations dures pour obtenir une couverture médiatique et une stigmatisation des adversaires progressistes et/ou féministes, pour mieux les isoler et discréditer leurs positions.
Ces intégristes sont à l’œuvre dans d'autres pays avec les mêmes pratiques : provoquer, discréditer pour mieux masquer leurs positions foncièrement conservatrices, misogynes, homophobes, fascisantes.
Mais ils ne sont pas seuls.
Ils sont soutenus, sur la base de cette façade victimaire, par des gens de gauche et d'extrême-gauche, de façon idiotement utile ou sincèrement convaincus ou vraiment complices. Et cela est grave car ça signifie que ces gens ont perdu les raisons et leurs fondements idéologiques tout simplement parce qu'ils ont entendu dans la bouche des intégristes les mots magiques : "raciste", "fasciste", "liberté d'expression", "...".
Ils ne cherchent pas à analyser et comprendre (5). Ils ont entendu ces mots magiques et ne veulent pas se les voir jeter à la figure. Alors, ils hurlent avec ces loups devenant ainsi les petits soldats d'une cause qui n'est pas la leur ni celle du peuple dans toute ses composantes.
Cette cause telle que revendiquée par les intégristes, vise à mettre en place des états théocratiques dans lesquels vivront des sous-êtres (les femmes et les mécréants) à côté des élus de Dieu.
On pourrait croire que cette offensive ne concerne que peu de pays.
Elle ne revêt pas la même forme et la même intensité d'un pays à l'autre mais elle est générale dans les pays occidentaux.
Elle se fait sous la houlette du Qatar et de l'Arabie Saoudites qui financent les organisations religieuses intégristes (6) (sans compter le chantage au pétrole) et font pression auprès de l'ONU pour que la critique de l'islam (et non pas des musulmans) soit assimilée à du racisme.
En France, c'est le modèle de laïcité qu'il s'agit de faire sauter dans un premier temps, en discréditant ceux qui le défendent ou en révisant la loi de 1905.
En Angleterre ou aux États-Unis, il s'agit d'utiliser le communautarisme qui régit la vie sociale de ces pays, pour imposer la loi religieuse en premier lieux au sein de toute la communauté musulmanes puis, de l'imposer aux autres au nom de préceptes religieux intangibles qui demandent des modifications comportementales des citoyens hors de la communauté. Préceptes auxquels on ne saurait s'opposer sans être traiter de raciste, ...
Pour autant, en France dans des quartiers ou vivent des intégristes actifs, on constate des tentatives d’imposer des règles religieuses pour gérer la vie sociale du quartier, pour mettre en place un communautarisme sur base religieuse. Au Québec ces intégristes s'opposent à ce qui ressemble à la mise en place de règles de vie laïques après les dérives de la politique des accommodements raisonnables.
I


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1 commentaire

  • François A. Lachapelle Répondre

    20 septembre 2013

    Merci à l'auteur Pierre Potager pour cette réflexion qui offre une comparaison avec ce qui se passe ailleurs. Sauf erreur de ma part, on me corrigera, Richard Desjardins et Michel Rivard ont appuyé publiquement le "Manifeste pour un Québec inclusif".
    Je crois que la partie suivante du présent texte s'applique à eux, je cite: « Ils sont soutenus, sur la base de cette façade victimaire, par des gens de gauche et d’extrême-gauche, de façon idiotement utile ou sincèrement convaincus ou vraiment complices. Et cela est grave car ça signifie que ces gens ont perdu les raisons et leurs fondements idéologiques tout simplement parce qu’ils ont entendu dans la bouche des intégristes les mots magiques : "raciste", "fasciste", "liberté d’expression", "...". Ils ne cherchent pas à analyser et comprendre (5). Ils ont entendu ces mots magiques et ne veulent pas se les voir jeter à la figure.»
    Si ces Québécois connus ont pris position, peuvent-ils expliquer pourquoi ils se sont empressés de signer le Manifeste en question sans attendre l'évolution du débat qui a cours en ce moment chez des milliers de Québécois, sans écouter le murmure qui monte ?
    J'ai lu et commenté le «Manifeste pour un Québec inclusif» sur vigile. J'ai constaté le sens unique de la pensée derrière ce document. J'ai posé la question aux auteurs: "  Pourquoi votre manifeste parle-t-il aux Québécois à sens unique, ce qu’ils doivent faire pour inclure les immigrants et non l’inverse ? »
    J’apprécierais que Messieurs Desjardins et Rivard s’expliquent publiquement et qu’ils sachent qu’ils auraient pu se garder une petite gêne pour écouter le débat actuel en marche vers un début de consensus sur quelques valeurs de base au Québec. Desjardins et Rivard sont-ils conscients que les adversaires du Québec sont légions à annoncer des entraves futures à la démarche démocratique du Québec qui n'a pas signé la Constitution de Trudeau de 1982.
    Actuellement, on parle principalement de 3 valeurs: la laïcité de l’État, la primauté du droit à l’égalité femmes-hommes, et la reconnaissance de la langue française comme langue commune au Québec. Cela n’est pas difficile à comprendre et à accepter.