La vie publique au banc des accusés

Tribune libre

Deux incidents récents viennent ajouter au cynisme ressenti par la population relativement aux épisodes scandaleux qui entourent la vie publique. D’un côté, le juge Marc Nadon retire un salaire de quelque 142 800 $, soit cinq mois sur une base annuelle de 342 800 $, sans avoir siégé à la Cour suprême. De l’autre, Yves Bolduc remettra 26 000 $ sur les 215 000 $ qu’il a touchés en primes pour les 1500 patients qu’il a rencontrés, et ce, pendant qu’il retirait son salaire de député à temps plein.

Deux cas qui démontrent clairement à quel point les contribuables sont en droit d’être désabusés d’un système pourri qui met en évidence l’incongruité frappante qui existe entre le discours officiel des politiciens qui se targuent d’arguments faisant appel aux valeurs de justice sociale, et les écarts de conduite outranciers auxquels ils sont confrontés dans leur vie professionnelle.

Comment voulez-vous, dans ces circonstances, faire confiance à nos hommes publics quand nous assistons à répétition à de telles comédies de bas étage dignes d’une farce monumentale ?

Pas comme un citoyen ordinaire


À entendre le témoignage de Lise Thibault en cour, on croirait que la citoyenne s’était littéralement métamorphosée en vice-reine au quotidien, peu importe les activités auxquelles elle s’adonnait.

« Il faut dire que je ne lisais pas les journaux comme un citoyen ordinaire lit le journal, mais plutôt comme un chef d’État lit le journal », souligne la représentante de la reine. « Le citoyen qui venait me donner la main au Tim Hortons ne donnait pas la main à un client ordinaire, mais au lieutenant-gouverneur. C’était donc officiel »

Il y a quelque chose de méprisant dans cette attitude cavalière de snober le « citoyen ordinaire » comme si le simple rôle de lieutenant-gouverneur conférait à son titulaire le droit de se situer au-dessus du simple citoyen…Eh bien sachez, Mme Thibault, que les grands personnages sont ceux qui sont demeurés des « citoyens ordinaires » quels que soient les titres dont ils ont hérité!

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Henri Marineau2033 articles

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Né dans le quartier Limoilou de Québec en 1947, Henri Marineau fait ses études classiques à l’Externat Classique Saint-Jean-Eudes entre 1959 et 1968. Il s’inscrit par la suite en linguistique à l’Université Laval où il obtient son baccalauréat et son diplôme de l’École Normale Supérieure en 1972. Cette année-là, il entre au Collège des Jésuites de Québec à titre de professeur de français et participe activement à la mise sur pied du Collège Saint-Charles-Garnier en 1984. Depuis lors, en plus de ses charges d’enseignement, M. Marineau occupe divers postes de responsabilités au sein de l’équipe du Collège Saint-Charles-Garnier entre autres, ceux de responsables des élèves, de directeur des services pédagogiques et de directeur général. Après une carrière de trente-et-un ans dans le monde de l’éducation, M. Marineau prend sa retraite en juin 2003. À partir de ce moment-là, il arpente la route des écritures qui le conduira sur des chemins aussi variés que la biographie, le roman, la satire, le théâtre, le conte, la poésie et la chronique. Pour en connaître davantage sur ses écrits, vous pouvez consulter son site personnel au www.henrimarineau.com





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2 commentaires

  • Pierre Cloutier Répondre

    2 août 2014

    Les maux que vous décrivez sont des conséquences de notre impuissance politique citoyenne dont la cause des causes est l'anti-constitution, pour employer l'expression d'Étienne Chouard, dans laquelle nous vivons. Et on pourrait en ajouter des dizaines et dizaines d'autres.
    Tant et aussi que nous vivrons dans une anti-constitution, les choses ne changeront pas. Au lieu de nous attaquer aux conséquences, il faut, dit Chouard, s'attaquer à la cause des causes en mettant fin à notre impuissance citoyenne par l'adoption, par tirage au sort d'une constituante citoyenne avec le mandat d'écrire une constitution par et pour le peuple. Le reste c'est juste du bla bla.
    Pierre Cloutier

  • Ouhgo (Hugues) St-Pierre Répondre

    31 juillet 2014

    Oui, mais Bossuet dit aussi que l'homme n'est grand qu'à genoux...
    ... ou assis(e)?