La vie en bleu et blanc

Fête nationale - 24 juin 2010


Mélissa Guillemette - Pour voir la vie en bleu et blanc, il fallait être au parc Maisonneuve hier. Plus de 200 000 personnes ont mis leurs plus beaux vêtements aux couleurs du jour et leurs casques-parapluies fleurdelisés pour assister à un spectacle audacieux.
Les célèbres chansons traditionnelles ont cédé un peu d'espace cette année aux nouvelles pièces. Les spectateurs ont ainsi eu droit à du nouveau matériel des derniers albums de Paul Piché et de Dumas. Alors que c'est ce qui est prisé à l'Autre Saint-Jean, ce spectacle financé uniquement par le privé qui se déroule le 23 juin dans Rosemont, c'était franchement rafraîchissant.
C'est Paul Piché qui a ouvert la soirée avec Y'a pas grand chose dans le ciel à soir. Tous les artistes de la soirée sont venus chanter un bout de la chanson. Même l'animateur de la soirée, Guy A. Lepage, a fait entendre sa voix quand il a chanté être «écoeuré de [se] masturber». Le répertoire de Paul Piché a servi de fil conducteur au spectacle, puisqu'il revenait sur scène fréquemment pour faire danser et chanter le public. Marie-Mai, Yann Perreau, Les Trois Accords, Dumas, Luck Mervil, Jonas et les Tireux d'roches ont chacun ajouté leurs notes aux festivités.
Deux hommages ont ponctué la soirée. Le premier, à Gerry Boulet, qui est mort il y a vingt ans. «C'était une bête de scène», a dit Guy A. Lepage en parlant du rockeur aux cheveux longs. Ce sont donc «trois bêtes de scène», Luck Merville, Marie-Mai et Jonas, qui ont interprété Câline de blues, Chu un rocker et autres succès qui ne nécessitaient pratiquement pas les paroles qui défilaient sur les écrans, comme dans une soirée de karaoké. Jonas, anglophone qui chante habituellement en anglais, fêtait sa première Saint-Jean-Baptiste en français.
Le second hommage était pour Dédé Fortin, décédé depuis déjà dix ans. C'est un pot-pourri des meilleures chansons des Colocs que les spectateurs ont pu entendre pour se remémorer l'oeuvre de l'artiste.
Coeur de pirate est arrivée en surprise au milieu du spectacle pour repartir presque aussi vite. L'auteure-compositrice-interprète Béatrice Martin, entre deux voyages en Europe où elle a beaucoup de succès, s'est installée au piano du parc Maisonneuve pour jouer sa pièce Ensemble. Les paroles du simili karaoké ont alors été utiles!
Guy A. Lepage animait pour une seconde année ce grand concert dont le tempo ne ralentit presque jamais. Au tout début du spectacle, il a avoué avoir les nerfs nettement plus en boule que la dernière fois. «La deuxième fois, tu veux être meilleur, mais ça a l'air que tu ne peux jamais être meilleur que ton public. Alors la question qui tue: allez-vous être bons?» a-t-il lancé à la foule, pour parodier l'émission Tout le monde en parle.
C'est Marie-Élaine Thibert et Marc Béland qui ont interprété, en mots et en chanson, le texte patriotique.
Le spectacle s'est déroulé uniquement en français, tel que l'avaient annoncé les organisateurs plus tôt ce mois-ci. «Il y a 13 millions de francophones en Amérique du Nord, dont la moitié est au Québec. On est un peu comme le village d'Astérix, mais nous, on n'a pas de potion magique pour la protéger, a dit Guy A. Lepage, encouragé par la foule. On peut juste la transmettre et l'enseigner.»
Le tout s'est déroulé rondement, sans anicroche. La température aura été du côté des organisateurs. La fin de journée a connu une éclaircie qui a duré toute la soirée.
Des gens d'aussi loin que de l'Estrie ou de Lanaudière sont venus assister au concert montréalais. De nombreux Néo-Québécois ont participé à l'événement également, comme Rosa Moali, qui se déhanchait en regardant le spectacle. Le Québec, elle l'adore. «C'est ma terre d'accueil, c'est là où je peux m'épanouir.» Au Québec depuis trois ans, cette Algérienne d'origine est heureuse de constater que les Québécois peuvent «crier haut et fort» leur identité.
La soirée a été complète, avec ses spectateurs costumés de drapeaux et autres accessoires fleurdelisés.


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