Escalade en vue

La Turquie a bombardé des cibles en Syrie, réunion d'urgence de l'OTAN

L'OTAN à la recherche d'un « casus belli »

La Turquie a bombardé, mercredi 3 octobre, des cibles situées en territoire syrien, en représailles aux tirs d'obus venus de Syrie, qui ont provoqué la mort de cinq civils dans un village turc proche de la frontière, a annoncé le premier ministre turc, Recep Tayyip Erdogan. "Cette attaque a fait l'objet d'une riposte immédiate de nos forces armées [...] qui ont bombardé le long de la frontière des cibles identifiées par radar", a-t-il indiqué.
M. Erdogan a annoncé que les pays membres de l'OTAN allaient se réunir en urgence. Le ministre des affaires étrangères turc, Ahmet Davutoglu, s'est entretenu avec le secrétaire général de l'OTAN Andres Fogh Rasmussen et "il a été décidé que l'OTAN réunirait son conseil très prochainement", a précisé le premier ministre turc.
Plus tôt mercredi, plusieurs obus tirés depuis le côté syrien de la frontière ont tué cinq civils turcs et en ont blessé neuf autres à Akçakale, dans le sud-est de la Turquie. Cet incident est le plus grave entre la Turquie et la Syrie, depuis la destruction d'un avion militaire turc par un missile syrien en juin. Parmi les morts"se trouvent une femme et un enfant de 6 ans", a précisé le maire du village d'Akçakale sur la chaîne d'information CNN-Türk.
Il a expliqué que des obus avaient atterri sur une habitation de cette localité, déjà touchée ces derniers jours par des balles perdues et des obus tirés dans les combats entre armée et rebelles syriens, autour du poste-frontière syrien de Tall Al-Abyad. Celui-ci, comme plusieurs postes-frontières avant lui, est tombé aux mains de rebelles de l'armée syrienne libre (ASL) il y a une dizaine de jours, à l'issue de violents combats qui ont fait cinq blessés du côté turc de la frontière. Les écoles du secteur sont fermées depuis côté turc pour des raisons de sécurité.
UN INCIDENT "QUI DÉPASSE LES BORNES"
Après ces tirs d'obus, le vice-premier ministre turc, Besir Atalay, avait estimé qu'il s'agissait d'un "incident très grave qui dépasse les bornes". Le secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a demandé au gouvernement syrien de "respecter totalement l'intégrité territoriale de ses voisins". Selon M. Ban, cet incident"démontre que le conflit en Syrie [...] a de plus en plus un impact négatif sur les voisins" de Damas.
Le secrétaire général de l'OTAN, Anders Fogh Rasmussen, a exprimé sa "ferme condamnation", tandis que les Etats-Unis se sont déclarés "indignés" et ont déploré "les pertes en vies humaines du côté turc", a dit la secrétaire d'Etat américaine, Hillary Clinton. Ce nouvel événement dans le conflit syrien est aux yeux de la secrétaire d'Etat "très, très dangereux".
La France a aussi "fermement" condamné ces tirs d'obus et affirmé sa "solidarité"et son "plein soutien" à son allié turc, a indiqué le ministère des affaires étrangères, précisant que le ministre Laurent Fabius s'était entretenu avec son homologue turc, Ahmet Davutoglu.
ATTENTATS À ALEP, OFFENSIVES À DAMAS
Mercredi matin, près de 50 personnes, en majorité des militaires, ont été tuées, et une centaine d'autres blessées dans un triple attentat qui a secoué le centre d'Alep, la grande métropole du nord de la Syrie que se disputent depuis fin juillet rebelles et forces gouvernementales. "La plupart des morts et des blessés sont des membres des forces gouvernementales.
Les explosions ont visé un club d'officiers et des barrages de l'armée régulière", a indiqué l'Observatoire syrien des droits de l'homme (OSDH), en citant des sources médicales. Des images de la télévision officielle Al-Ikhbariya montraient au moins deux immeubles totalement détruits sur la place et des corps ensanglantés recouverts de débris et de poussière en train d'être évacués.
Au moins seize personnes, dont trois enfants et cinq femmes, ont trouvé la mort dans le bombardement par l'armée syrienne d'un village de la province de Hama, Sahn, selon l'OSDH. Plus au nord, au moins 15 soldats ont été tués dans des attaques rebelles coordonnées contre des barrages militaires et des combats à Bdama, une localité de la province d'Idlib dans le Nord-Ouest, selon l'OSDH.
L'armée menaient dans le même temps une offensive majeure dans des banlieues ouest de Damas selon l'OSDH, des militants et des journalistes de l'AFP, qui ont rapporté un déploiement militaire inhabituel dans la zone. Lesbanlieues de Qoudssaya et d'Al-Hama, deux bastions rebelles de l'ASL, ont été"bombardées par les chars de l'armée, qui mène par ailleurs des arrestations et des perquisitions dans les environs", selon l'OSDH.
Alors que plus de 31 000 personnes, en majorité des civils, ont péri en dix-huit mois selon l'OSDH, aucune issue au conflit n'est en vue en raison des divisions de la communauté internationale, entre l'Occident d'une part qui réclame un départ du président Assad, et l'axe Russie-Chine-Iran, alliés de Damas. Dans ce contexte, le médiateur international Lakhdar Brahimi doit retourner dans la région cette semaine dans l'espoir d'obtenir une réduction des violences


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