La «transparence» version Hydro-Québec

B2e17705c915bc41ab90a97cdbb5f681

L'heure de l'imputabilité et de la reddition de compte a sonné

L’étude des crédits budgétaires à l’Assemblée nationale est toujours une boîte à surprises.
En période de compressions, face aux questions des députés d’opposition, on y voit invariablement sortir de la bouche des ministres de nombreux diables cachés dans les détails du budget. En cette année de budget annonciateur d’austérité, l’exercice ne fait pas exception.
Mon collègue Simon Tremblay-Pepin en fait ici (1) un premier survol éclairant. À lire…
***
Ce lundi, en commission parlementaire pour l’étude des crédits pour l’agriculture, les pêcheries, l’énergie et les ressources naturelles, c’était au tour du grand patron d’Hydro-Québec (HQ), Thierry Vandal, de subir les questions des députés d’opposition.
Contrairement à ce qui a été allégué récemment devant la commission Charbonneau par le fameux «Témoin A», M. Vandal jurait qu’il n’y avait pas la moindre trace de collusion ou de corruption à HQ. Hormis, laissait-il quand même tomber, quelques cas de malversation constatés ces dernières années. Des cas qu’il qualifiait mystérieusement de «gestes inappropriés» et de «cas isolés».
Ah bon?
Rappelons que le «Témoin A» alléguait que des firmes de génie-conseil auraient obtenu de lucratifs contrats de la société d’État en échange de dons faits illégalement aux partis politiques.
Mais que veut dire au juste «gestes inappropriés»? L’expression tient-elle de l’euphémisme? En point de presse, M. Vandal donnait l’exemple d’un usage frauduleux d’une carte de crédit. Mais encore?
Pour la réponse à ces questions pourtant fort légitimes, armez-vous de patience. Le grand patron d’Hydro-Québec, voyez-vous, refuse de s’engager à rendre publics les rapports internes d’enquête. Du moins, pas sans l’approbation, dit-il, du comité interne de vérification. Et on ne sait trop quand, ni comment.
La belle affaire.
Idem pour les rapports internes sur le processus d’octroi de contrats par HQ. Un peu plus et on penserait que le PGD d’HQ avait raté les deux dernières années de la commission Charbonneau…
***
Des airs d’aristocratie intouchable
Les députés Bernard Drainville du PQ et Gérard Deltell de la CAQ ont eu beau exiger ces rapports internes, rien n’y fait. Selon M. Vandal, l’UPAC et la commission Charbonneau auraient eu accès à l’information dont ils avaient besoin.
Mais pour le public – soit les Québécois qui paient leurs factures d’électricité et, par conséquent, la fort généreuse rémunération de M. Vandal -, c’est silence radio.
Au début juin, le Vérificateur général du Québec dénonçait pourtant le «manque de collaboration» d’HQ et son refus de lui fournir un certain nombre de documents internes. Ce qui, déplorait le VG, complique considérablement son travail de vérification de gestion des fonds publics et «menace l’indépendance nécessaire à la réalisation de (sa) mission».
Les mots-clés ici sont «fonds publics» et «indépendance».
Or, rappelons aussi que le mandat du VG s’étend à Hydro-Québec depuis l’an dernier seulement et que selon le PDG d’HQ, remonter trop loin dans le temps serait inutile. En réaction, le ministre des Ressources naturelles, Pierre Arcand, disait alors «exiger» qu’HQ «se conforme à la loi».
Quelqu’un pourrait-il en informer le principal intéressé ?
***
Depuis trop longtemps, la réputation d’HQ est devenue celle d’un État dans l’État. Un État dans l’État où la «transparence» et l’«opacité» sont des synonymes prisés par une haute direction qui, au fil des ans, a pris des airs d’aristocratie intouchable de la très haute fonction publique. Et ce, sous des gouvernements rouges ou bleus.
HQ est pourtant une société d’État dont le rôle au Québec est essentiel. Et n’y a-t-il pas un ministre responsable?
Qu’attend-il pour exiger la plus totale des transparences à M. Vandal sans laquelle il faudra tout simplement le remplacer.
***
(1) http://blogues.journaldemontreal.com/iris/politiques-publiques/ce-que-lausterite-change-dans-votre-vie/


Laissez un commentaire



Aucun commentaire trouvé