La taxe anglaise - Sus aux primes !

L’Empire - mondialisation-colonisation



Faute d'avoir pris au sérieux les avertissements servis par le gouvernement britannique concernant les énormes primes que les banquiers accordent à certains employés, celui-ci a fini par trancher: une taxe sera imposée. Sur-le-champ, la City a ramené ce geste à une inflexion strictement populiste. Autrement dit, elle a usé de l'anathème comme paravent à l'obscénité de sa culture en la matière.
Amorçons le sujet avec le quiz financier de l'année. Quel montant la banque d'affaires Goldman Sachs va-t-elle accorder à ses courtiers à titre de prime pour l'exercice 2009? 5 milliards, 14 milliards ou 20 milliards? La réponse: 20 milliards. Soit le record des records obtenu, en partie il est vrai, grâce au prêt alloué à vil prix par les pouvoirs publics, sans oublier la ribambelle de gestes faits, on pense à l'interdiction des ventes d'actions à court terme, pour éviter que ces sociétés sombrent parce que considérées comme trop grosses pour tomber. Bref, un an après avoir été secourues, les grosses devenues plus grosses se gavent logiquement de primes plus grosses.
Plus sérieusement, la valse des récompenses pécuniaires observée ces jours-ci confirme encore une fois que les gestionnaires des grands établissements financiers n'ont apporté aucune modification aux mécanismes qui ont ébranlé passablement la planète économique il y a un an à peine. En l'occurrence, on pense aux politiques des revenus qui favorisent la culture du court terme aux dépens d'une saine gestion du risque et donc de la pérennité de l'entreprise.
Ayant pris acte de la paresse, si l'on peut dire, des patrons des banques, de leur mauvaise volonté, de leur crasse réticence, de leur absence totale d'éthique élémentaire, le gouvernement du premier ministre Gordon Brown, qui a pratiquement nationalisé le système bancaire à l'automne 2008, a décidé d'imposer une taxe de 50 % sur la somme des primes que tel ou tel établissement alloue à ses champions. Précisons que cette taxe touche la banque, la personne morale, et non le courtier qui perçoit les millions. Précisons également que cette mesure a été annoncée lors du discours sur le budget, au cours duquel le ministre des Finances a indiqué que la contraction du PIB britannique serait de -5 % (-5 %!) et non 3,2 % comme envisagé plus tôt cette année. Rappelons que cet énorme revers de fortune que constitue cette contraction ,et qui touche tous les citoyens britanniques, est attribuable en grande partie à cette économie casino qui fait les délices de la City.
Bien évidemment, les acteurs de la scène financière ont usé pour la énième fois du chantage suivant: cette taxe, qui soit dit en passant s'applique au seul exercice 2009, va encourager le débauchage des meilleurs éléments par la concurrence et affaiblir du coup la City. À Londres comme à New York, Paris ou Francfort, on nous ressort encore et toujours la même rengaine. Comment dire? Les cracks de Moody's, Standard & Poor's et Fitch, les têtes bien pleines d'AIG, Merrill Lynch, Barclay's, Bank of America, les cerveaux bien formatés de HSBC, Citigroup, ont-ils vu venir la crise? Non! Mille fois non! Et aujourd'hui, on voudrait nous faire croire que ces incompétents ont découvert depuis le mantra de la compétence, le chakra de l'expertise? Bonté divine, c'est à pleurer!
D'autant qu'on oublie beaucoup trop que notre système de retraite étant celui de la capitalisation versus celui de la répartition, les fonds de retraite, nos fonds de retraite, alignent davantage des déficits actuariels que l'inverse. Et grâce à qui? Aux magiciens du mantra et du chakra.


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