Incendie du Parlement en 1849 -

La SSJB veut des excuses de <i>The Gazette</i>

Le quotidien The Gazette a incité des émeutiers à détruire l'Hôtel du Parlement, à Montréal, il y a 160 ans, affirme la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, qui lui réclame des excuses.

Le parlement brûle - 1849


La Presse Canadienne Bernard Barbeau - Le quotidien The Gazette a incité des émeutiers à détruire l'Hôtel du Parlement, à Montréal, il y a 160 ans, affirme la Société Saint-Jean-Baptiste (SSJB) de Montréal, qui lui réclame des excuses.
La SSJB estime que le quotidien a joué rôle crucial dans l'incendie, un rôle d'agitateur. C'est ce sur quoi elle insistera, cet après-midi, lors d'un point de presse et d'une commémoration qui se tiendront sur les lieux du drame, en face du Centre d'histoire de Montréal. Des historiens prendront la parole et on y distribuera des cartes postales commémoratives.
«Ce serait une bonne chose que The Gazette (...) fasse amende honorable, lance le président de la SSJB, Mario Beaulieu. C'est l'occasion de prêcher par l'exemple et d'admettre ses torts.»
Il serait cependant fort étonnant que le quotidien présente ses excuses ou ses regrets. L'éditeur Alan Allnutt a fait savoir à La Presse Canadienne que The Gazette n'avait aucun commentaire à formuler.
Une capitale déchirée
L'historien Gaston Deschênes, auteur de Une capitale éphémère - Montréal et les événements tragiques de 1849 (Septentrion, 1999), raconte que, le soir du 25 avril 1849, «la marmite montréalaise a éclaté». Des émeutiers en colère saccagèrent et incendièrent l'Hôtel du Parlement - alors en pleine session.
Montréal, alors la capitale du Canada-Uni, traversait déjà une période trouble.
«Il y avait beaucoup d'agressivité à ce moment-là, indique M. Deschênes. D'abord, la ville était majoritairement anglophone et c'était très chaud, on ne ménageait pas les insultes. Les députés canadiens-français étaient qualifiés d'étrangers. A Montréal, c'est assez fort!»
Quelques heures avant le drame, le gouverneur de l'époque, Lord Elgin, sanctionnait une loi que le premier ministre Louis-Hippolyte Lafontaine avait fait adopter pour indemniser les gens du Bas-Canada ayant subi des pertes durant la rébellion de 1837-1838. La répression alors menée par l'armée britannique avait été particulièrement sévère.
«Certains anglophones trouvaient que c'était comme une espèce de prime à la rébellion qu'on accordait», explique M. Deschênes.
Dans la journée du 25 avril, dans un feuillet spécial, The Montreal Gazette avait manifesté son dégoût devant la sanction du gouverneur Elgin, avait exhorté les «Anglo-Saxons» à faire de leur sang et de leur race leur «loi suprême», les avait invités à un rassemblement sur la Place d'Armes le soir même, et les avait appelés «au combat».
Mario Beaulieu déplore cette sortie qu'il considère comme un «appel à la race» jumelé à une «incitation à la violence».
Entre 1200 et 1500 citoyens furieux répondirent à l'appel et se rendirent écouter quelques orateurs, dont Alfred Perry, qui demanda à la foule de le suivre jusqu'au Parlement. Celle-ci incendia alors l'immeuble du marché Sainte-Anne, où se trouvait l'Hôtel du Parlement. Les émeutiers empêchèrent même les pompiers de combattre les flammes.
«Il est amusant de souligner que ce Perry était un des chefs des pompiers, précise Gaston Deschênes. Il s'en est vanté, d'ailleurs, pendant plusieurs années.»
Près de 25 000 livres et documents, certains datant des débuts de la colonie française, disparurent dans l'incendie. Et le Parlement ne siégea plus jamais à Montréal.
De plus, quelques jours plus tard, des émeutiers mirent le feu à la résidence de Louis-Hippolyte Lafontaine. Et lui-même échappa de peu au lynchage.
Un stationnement se trouve aujourd'hui à l'endroit où était situé l'Hôtel du Parlement. Il en recouvre d'ailleurs les vestiges. Ni monument ni plaque n'y ont été installés.


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