La soif d’ignorance de l’inspecteur Charest

Enquête publique - un PM complice?



L’ancien président du Parti libéral du Québec et ex-député jusqu’en 2003, Robert Benoît, croit désormais que son parti “doit faire une enquête à l’intérieur du parti”. “S’il y a un ménage à faire, qu’on fasse un sérieux ménage” affirmait-t-il ce mardi à Radio-Canada.

Cette demande d’enquête interne vient peut-être un peu tard. Les inspecteurs de l’Opération Marteau, et les journalistes, semblent avoir une très grande longueur d’avance sur l’inspecteur Charest.
Je me suis d’ailleurs souvent demandé où était cet inspecteur dans deux cas importants:
L’inspecteur Charest et le mystère d’Anjou
* Qui sont les anges gardiens qui ont acheté des votes pour le PLQ? La chose est connue, lors de l’élection de 1998, un bienfaiteur bénévole appelé Alberto Berardinuccia décidé pour des raisons toujours mystérieuses de donner 10$ à plusieurs dizaines de personnes pour qu’elles aillent voter, à répétition et sous de faux noms, pour le candidat libéral dans le comté d’Anjou. Cet ange gardien fut condamné dans cette affaire et le DGE n’a pu établir de lien entre ce monsieur et le PLQ.
Jean Charest, alors chef du PLQ depuis peu, a-t-il mené une enquête interne ? A-t-il voulu savoir pourquoi ce monsieur achetait des votes pour son parti, mais non pour les autres? Et s’il avait des amis, d’autres bienfaiteurs, dans d’autres circonscriptions ? Personnellement, je n’ai jamais entendu parler de cette enquête. Et vous ?
L’inspecteur Charest et le cas Tomassi
Il y a quelque mois, le premier ministre excluait de son caucus [Tony Tomassi, pour une histoire de carte de crédit->rub1121]. Mais avant, un faisceau de coïncidences démontrait une extraordinaire corrélation entre la délivrance de permis de garderie par l’alors-ministre de la famille Tomassi et les dons à la caisse électorale du PLQ.
L’inspecteur Charest a-t-il voulu savoir si, au delà des apparences, il y avait anguille sous roche ? S’il y avait une branche pourrie dans son parti, qu’il aurait intérêt à couper lui-même, avant qu’on la lui coupe ? Et s’il n’y aurait pas, dans d’autres parties de la grande famille libérale, des habitudes pas trop catholiques qu’il faudrait découvrir soi-même, avant de l’apprendre à la télé ou dans un dossier d’accusation ? Je n’ai jamais entendu parler de cette enquête interne. Vous ?
L’inspecteur Charest vs Infoman
Le cas David Grégoire est intéressant. Comme pour Anjou, le chef libéral invite le DGE à faire enquête. Comme le DGE n’a pas trouvé de lien, dans Anjou, entre la personne qui achetait des votes pour le PLQ et le PLQ lui-même, faut-il être cynique pour conclure que l’inspecteur Charest sous-traite les enquêtes au DGE dans l’espoir que le DGE… ne trouve rien ?
Il est vrai qu’une enquête interne, entre libéraux, risque de poser un problème difficile à gérer: découvrir des vérités.
En attendant le DGE ou l’Opération Marteau, il faut nous contenter du travail, sur David Grégoire, de l’inspecteur Infoman:

Squared

Jean-François Lisée297 articles

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Ministre des relations internationales, de la francophonie et du commerce extérieur.

Il fut pendant 5 ans conseiller des premiers ministres québécois Jacques Parizeau et Lucien Bouchard et un des architectes de la stratégie référendaire qui mena le Québec à moins de 1% de la souveraineté en 1995. Il a écrit plusieurs livres sur la politique québécoise, dont Le Tricheur, sur Robert Bourassa et Dans l’œil de l’aigle, sur la politique américaine face au mouvement indépendantiste, qui lui valut la plus haute distinction littéraire canadienne. En 2000, il publiait Sortie de secours – comment échapper au déclin du Québec qui provoqua un important débat sur la situation et l’avenir politique du Québec. Pendant près de 20 ans il fut journaliste, correspondant à Paris et à Washington pour des médias québécois et français.





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