La sacoche en vacances

MJF - démission



Monique Jérôme-Forget quitte le ministère des Finances et son comté. La dame de fer part pour le Mexique et prendra des cours d'espagnol. Ça se dit comment «partenariat public-privé» en espagnol?...
Son bilan? Mitigé, pour le dire diplomatiquement...
L'équité salariale? Oui. Elle en a livré la mouture finale. Mais c'est Louise Harel qui en fut la génitrice. Ce qui lui avait d'ailleurs valu quelques luttes épiques au sein même du gouvernement péquiste!
Surtout, la dame de fer - ce qui rappelle le sobriquet dont on affublait Margaret Thatcher... - part en laissant derrière elle quelques souvenirs moins heureux.
La réingénierie de l'État. Vous vous souvenez? En 2003, au début du premier mandat du gouvernement Charest, MJF était présidente du Conseil du trésor. Elle annonce alors «une vaste opération de réingénierie de l'État», dont la pièce de résistance était déjà ces fameux PPP (partenariats privé-public).
L'objectif? Déléguer plus au privé et donc, réduire le rôle de l'État. Bref, lorsqu'on vous rappellera que MJF fut dès le début une porteuse passionnée d'une vision de droite ou plus conservatrice idéologiquement parlant que libérale, croyez-le. Une vision qui était déjà la sienne lorsqu'elle présidait l'IRPP (Institut de recherche en politiques publiques) de 1991à 1998.
Mais la réalité est qu'avec ou sans MJF, cette vision était également celle du premier ministre. De toute évidence.
L'héritage? Échec quant à la réingénierie. Elle fut mise de côté dès la fin 2003 face au tollé qu'elle soulevait dans la population et la chute du gouvernement dans les sondages qui s'ensuivit. Et échec quant aux PPP. Jetez un coup d'oeil sur le dossier des méga hôpitaux, et vous comprendrez pourquoi.
Ce matin, MJF s'est aussi vantée de «parler vrai» et de toujours «donner l'heure juste». Vraiment?
Pourtant, s'il y a eu bris de confiance envers ce gouvernement nouvellement reporté au pouvoir, c'est beaucoup parce que ses déclarations, et celles de M. Charest, à l'effet qu'il n'y aurait ni récession, ni déficit, ou que ni l'un, ni l'autre ne connaissait l'étendue des pertes de la Caisse de dépôt, a convaincu bien des électeurs qu'il n'y avait justement pas eu beaucoup de «parler vrai» dans tout ça...
Parlant de la Caisse de dépôt, MJF laissait aussi de plus en plus voir qu'elle ne maîtrisait pas nécessairement très bien ce dossier.
La crise y a couvé pendant des mois pendant que d'immenses pertes se profilaient à l'horizon et qu'elle laissait la CDP sans PDG pendant plus de six mois! Et ce, en pleine «tempête» économique...
Puis vint la nomination de Michael Sabia aux allures d'une commande directe du bureau du PM.
Puis vint l'histoire de la fiducie de M. Sabia. MJF disait qu'elle avait été créée, alors qu'on apprenait que c'était faux.
Puis vint son admission hier que les conditions d'embauche de M. Sabia étaient ENCORE en négociation avec le secrétaire aux emplois supérieurs. Pourtant, un gouvernement n'annonce à peu près jamais une nomination aussi importante avant que toutes les conditions n'aient été négociées et signées! Le tout confirmant que cette nomination avait été particulièrement précipitée!
Puis vint cette rencontre surréaliste de Sabia aux bureaux de Power Corporation à la manière des courtisans qui se rendaient à Versailles pour quérir les faveurs du Roi...
Bref, si on s'attendait à ce que MJF quitte la politique avant la fin de l'année, il semble bien que la crise continue à la CDP aura contribué à précipiter sa décision.
Quant à son successeur, Raymond Bachand, certains y voient la possibilité que ce gouvernement prenne un nouvel «élan». Mais j'y vois plutôt un changement d'acteur alors que l'auteur de la pièce de théâtre, le PM, demeure le même... Les intonations seront donc peut-être différentes, mais le texte ne devrait pas trop changer.
Il conservera aussi son ministère du développement économique, probablement jusqu'au prochain remaniement. Une question: n'est-ce pas là beaucoup de pouvoir concentré entre les mains d'un seul ministre?
On disait que MJF servait de «bouclier» à M. Charest. On souhaite donc à M. Bachand de s'en être acheté un bon, lui aussi...


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