Daviken Studnicki-Gizbert - Professeur d'histoire de l'Amérique latine, Université McGill
Devant les réactions houleuses des citoyens qui assistaient aux audiences sur les gaz de schiste, le président de Gastem se permettait de traiter le Québec de «république de bananes», faisant référence à ces régimes d'Amérique centrale au XXe siècle. Sait-il exactement ce qu'est une «république de bananes»? Il y a lieu de se le demander.
La menace de M. André Caillé de poursuivre le Québec si celui-ci décide de déclarer un moratoire sur le développement du gaz de schiste évoque le cas de la compagnie minière canadienne Pacific Rim et sa poursuite actuelle contre le gouvernement du Salvador pour 200 millions. Après avoir jugé que les impacts environnementaux de la mégamine à ciel ouvert proposée par l'entreprise canadienne étaient trop dangereux pour ce petit pays densément peuplé, ce gouvernement a mis un terme au projet. Pour cette soi-disant «république de bananes», dont l'histoire fut marquée par l'ingérence politique des entreprises étrangères, cette défense et affirmation de ses droits est tout à fait à son honneur.
On ne sait encore pas quels pourraient être les impacts des nouvelles techniques proposées par l'industrie gazière pour extraire les gaz de schiste. Aux États-Unis, où la fracturation hydraulique a suscité de nombreuses plaintes concernant la contamination de l'eau, le EPA (Environmental Protection Agency) vient tout juste d'entreprendre une étude indépendante sur la question. Elle devrait être terminée d'ici deux ans.
M. André Caillé espère faire oublier les responsabilités de notre gouvernement, qui sont de protéger adéquatement notre eau et nos terres, et souhaite que celui-ci protège plutôt les spéculations des investisseurs. S'il réussit, on pourra alors se demander, avec le président de Gastem si le Québec n'est pas devenu une «république de bananes».
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé