La projet d'un nouvel espace économique pour le Québec suscite de l'espoir

Un pas dans la bonne direction, affirment plusieurs spécialistes.

Plan nord



François Normand; Dominique Lemoine - C'est devenu le principal cheval de bataille de son second mandat : depuis quelques mois, le premier ministre Jean Charest caresse un ambitieux projet, celui de créer un nouvel espace économique pour le Québec.
Il s'agit d'une vaste zone, à cheval sur le Canada et l'Europe, où les entreprises et les travailleurs du Québec pourraient exercer plus facilement leurs activités, de l'exportation de marchandises à l'obtention d'un emploi.
Ce projet vise à consolider et à développer de nouveaux marchés pour le Québec, principalement en Europe, dans un contexte où la force du dollar canadien réduit la compétitivité de nos exportations aux États-Unis, sans parler de la concurrence asiatique et de la pénurie de main-d'oeuvre qui affectent les entreprises d'ici. La construction de ce nouvel espace économique dépend toufefois de la réussite de cinq " chantiers " : la signature d'une entente France-Québec reconnaissant les compétences des travailleurs qualifiés; la conclusion d'un accord Québec-Ontario sur le commerce et l'économie; la promotion d'un partenariat économique entre le Canada et l'Europe; l'application complète de l'Accord sur le commerce intérieur; la reconnaissance des qualifications des personnes formées à l'extérieur du Québec.
Les manufacturiers et les expor- tateurs québécois, en crise depuis quelques années, saluent le projet de Jean Charest.
L'ex-premier ministre du Québec Bernard Landry y voit lui aussi des avantages importants pour les entre- prises d'ici.
Réduire la dépendance face aux États-Unis
" Il s'agirait d'une occasion de diversification qui les rendrait moins vulnérables à la vigueur du marché américain. Quand l'espace est plus vaste, il fait toujours beau quelque part ", dit M. Landry, aujourd'hui professeur au Département de stratégie des affaires à l'École des sciences de la gestion de l'UQAM.
Maurice Marchon, professeur d'économie à HEC Montréal, croit aussi que ce projet d'espace économique est un pas dans la bonne direction. Mais selon lui, il ne fait que corriger les erreurs du passé. " Il n'y a pas d'innovation écono- mique. On prend conscience qu'on est au 21è siècle et que les Chinois sont en ville ! "
Mieux vaut tard que jamais
Il donne l'exemple du chantier pour éliminer les barrières qui nuisent au commerce et à la mobilité de la main-d'oeuvre entre le Québec et l'Ontario. " Cela aurait dû être fait dès la création du Canada en 1867 ", déplore l'économiste.
Joëlle Noreau, économiste principale au Mouvement Desjardins, souligne également que Québec a décidé de s'attaquer à de vieux pro- blèmes. " Mais c'est mieux que de ne rien faire ", ajoute-t-elle. Selon elle, il y a au pays une volonté d'améliorer le commerce interprovincial, surtout en Ontario et au Québec.
" Les deux provinces sont touchées par la force du dollar, le prix de l'énergie et la baisse de leurs exportations aux États-Unis ", dit Joëlle Noreau. Elles sont aussi conscientes de la nécessité de diversifier leurs marchés afin de réduire leur dépendance face aux États-Unis.
Même si elle trouve séduisante l'idée d'un accord de libre-échange entre le Québec et l'Union européenne, l'économiste croit que la tâche s'annonce très difficile.
" Ces négociations vont être très longues, car l'Europe intègre encore de nouveaux pays. De plus, l'Union européenne n'est pas chaude à cette idée ", estime elle aussi Diane Bellemare, conseillère économique du chef de l'opposition officielle au parlement de Québec, Mario Dumont.
Selon elle, il faudrait un grand coup de barre pour restaurer la balance commerciale du Québec, déficitaire avec l'ensemble des pays et la plupart des provinces. À ses yeux, le Québec devrait attirer beaucoup plus d'investisseurs, qui exporteraient ensuite davantage.
francois.normand@transcontinental.ca


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