Le chef du Parti libéral du Canada (PLC), Justin Trudeau, a avoué candidement avoir fumé du pot quelques fois, récemment, avec des amis. Un joint s'allume, il circule, Justin inhale. Banal! Cet aveu non sollicité cache un calcul politique: «je suis comme vous tous, je pèche parfois, de façon inoffensive. Je veux légaliser la mari, alors je la dédramatise».
Justin pense rallier ainsi les gens, plus nombreux qu'on ne le pense, qui décompressent avec un joint le soir ou la fin de semaine.
Mais le message est pervers. Un de mes ados me lance: «M'man, tu t'énerves avec le pot, mais même le ministre en prend». Je le démêle entre ministre et député, candidat et élu. Quelque temps avant, j'avais eu une discussion Facebook acerbe avec un de ses copains qui lui proposait de «puffer». Autant un joint partagé par des adultes en congé me fait sourire, autant le même joint entre deux cours au secondaire me semble dévastateur.
Cerveau
Deux psychiatres chercheurs viennent de remettre les pendules à l'heure. Consommée à l'adolescence, la mari peut se révéler dévastatrice. Les THC qu'elle contient interfèrent avec le développement cérébral, peuvent déclencher une maladie mentale génétiquement latente, mettre en marche les mécanismes de dépendance. Une fois le cerveau complètement formé, ces risques s'estompent.
Le lobe frontal, qui constitue le système de freinage cérébral du jeune, se forme lentement, entre 12 et 22 ans. Durant ces années, l'impulsivité mène. Les statistiques d'accidents en disent long sur la témérité typique de la jeunesse reliée simplement à l'état de développement des zones du cerveau qui induisent peur et prudence.
Il faut légaliser la marijuana. Pas parce qu'elle est inoffensive, au contraire, mais pour la rendre plus inaccessible aux jeunes, clientèle favorite du crime organisé, qui sévit impunément autour des écoles.
La simple décriminalisation ne réglerait rien. Même si on ne pouvait pas poursuivre Justin pour un joint, cela laisserait quand même tout le pouvoir et le contrôle au crime organisé qui profite de la vulnérabilité biologique de la jeunesse pour l'entraîner dans la dépendance.
Répression
La légalisation, accompagnée d'un plan vigoureux de répression, permet à l'État de contrôler les produits, les taxes, la distribution. Comme l'alcool ou le tabac. En aucun cas, elle ne doit s'accompagner d'une banalisation, d'une désinvolture comme celle arborée par Trudeau.
Si un politicien sérieux veut légaliser le pot, il devra présenter un vrai plan. Cela inclut de la recherche pour mettre au point des tests de dépistage aussi efficaces et peu chers que les ivressomètres. Un travailleur qui fume un joint avant d'opérer son pont roulant me semble aussi dangereux que celui qui lampe un flacon de gin à sa pause; un conducteur «stoned», aussi nocif qu'un chauffeur saoul.
Il faut pouvoir les détecter, faciliter l'usage de tests, pour éradiquer la drogue en milieu de travail et à l'école, là où elle torpille la productivité québécoise. Il faudra des sanctions impitoyables pour ceux qui fournissent les mineurs, et des mesures efficaces pour les traquer. Policiers et éducateurs se sentent trop souvent coincés par une charte des droits qui bénéficie aux salopards.
Alors seulement, le soir sur son patio, Justin pourra se targuer de fumer son joint, acheté légalement, d'une industrie qui paie taxes et impôts, comme il boit sa bouteille de Chianti ou fume son paquet de clopes.
D'ailleurs, ne nageons-nous pas en plein paradoxe? Les ayatollahs antitabac diabolisent les parents qui fument devant leurs enfants; l'aspirant premier ministre se vante publiquement d'avoir fumé un produit nocif et illégal, et toute l'intelligentsia glose sur sa franchise!
Justin Trudeau a raté l'occasion de se poser en vrai chef d'État, avec un plan sérieux. Il a préféré jouer les vils flagorneurs, quitte à passer le mauvais message aux jeunes, y compris à ses propres enfants.
La «Pot-litique»
Myriam Ségal
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