La Loi et l’Ordre

La politique de la terre brûlée

Tribune libre

En ces jours de la célébration des Patriotes de 1837-1838 et de l'anniversaire du référendum de 1980, que faut-il penser des conséquences de la loi 78, prétextant le droit à l’éducation, adoptée sous le bâillon, et déjà très largement contestée ?
L'actuel premier ministre Jean Charest, ce héraut des combattants contre les « séparatistes », pratique maintenant la politique de la terre brûlée envers les étudiants en grève et les Québécois.
Au sens figuré, l’expression politique de la terre brûlée désigne l'attitude d'une personne qui, risquant de perdre, face à un adversaire, saccage la place que celui-ci s'apprête à prendre afin de minimiser ses gains et de gêner toute progression ultérieure. (Source : Wikipédia)
Cette loi vise à « criminaliser », à « tuer, à terme, les associations étudiantes », clament les jeunes leaders. Elle « transforme tout mouvement social d'expression citoyenne en crime », alerte un chef syndical. Elle porte atteinte « aux droits constitutionnels et fondamentaux des citoyens », souligne le bâtonnier du Québec, qui ajoute que « L'ampleur de ces limitations aux libertés fondamentales n'est pas justifiée pour atteindre les objectifs du gouvernement ».
En désespoir de cause, ce gouvernement confisque aux étudiants et à la population – par des règlements équivoques et des sanctions excessives – les droits démocratiques de s'exprimer, de s’associer et de manifester librement.
En créant de toutes pièces cette crise avec tout son potentiel d'un chaos social, le premier ministre Jean Charest se bricole des ouvertures pour ses prochaines manœuvres électorales. Se présentant comme le matamore de la paix sociale, il pense qu’on en oubliera alors la corruption érigée en système et la piètre gouvernance du gouvernement libéral, au pouvoir depuis bientôt dix années.
Les étudiants sont piégés : l'égalité d'accès de tous aux études supérieures n'est plus le propos… On est passé du dossier des droits de scolarité, aux incantations des « lucides » et des « solidaires », pour dangereusement en arriver à la veille – virtuellement – d'une révolte ou d’une insurrection sur les droits et libertés bafoués des citoyens!
Tout ce mauvais film « La Loi et l’Ordre », parce qu'il n'y a pas eu ni dialogue honnête ni médiation libératrice.
Pour plusieurs, la tentation de se dresser contre une loi injuste est salutaire, parce que « Le droit de résister est le moteur du développement historique de la liberté, le droit et le devoir de la désobéissance civile étant exercés comme force potentiellement légitime » selon le philosophe allemand Herbert Marcuse (1898-1979). D’ailleurs, sans désobéissance, que seraient nos enfants, nos héros et nos créateurs ? nous distillait l’écrivain anticonformiste Jean Cocteau.
Mais attention ! Naïfs et naïves, s'abstenir de toutes actions volontaires, mais irréfléchies, aux conséquences néfastes quant aux résultats recherchés, ainsi que pour sa propre sécurité physique.
S’il faut respecter la loi, bienvenue alors aux libérateurs ingénus de notre époque ! Pourtant, il y a toujours les exemples du sage Mahatma Gandhi, du patriote André Chénier ou du Métis Louis Riel.
Gilles Châtillon
Montréal, 21 mai 2012
www.gilleschatillon.com

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Gilles Châtillon23 articles

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En un mot, j'aspire à être un humaniste en quête de
d'égalité et de solidarité. Une espèce rare et en perdition.

Ma vie professionnelle débute dans l'enseignement, du primaire à
l'université (1963-1970). Pour la suite, à titre de haut fonctionnaire au
Conseil exécutif du Gouvernement du Québec (1977-1984), j'ai facilité le
dialogue social et la concertation au Québec en dirigeant les Conférences
socio-économiques – les 52 « sommets » – ainsi que les dix-sept
Commissions régionales et nationale sur l'avenir politique du Québec.

De 1990 à 2006, j'ai été président-directeur général du Cercle des
présidents du Québec, un réseau sélect de 80 PDG de grandes entreprises du
Québec INC. à l'affût des signaux faibles des futurs possibles pour
éclairer leur gouvernance.

Professeur, administrateur public, dirigeant et consultant d'entreprises,
aussi carnetier sur le Web, je suis diplômé en philosophie, en pédagogie et
en administration (MBA). J'ai œuvré au sein de gouvernements, de
coopératives et d'entreprises privées.

Aujourd'hui, je suis à créer L'institut Québec – Le Monde, un lieu
de réflexion, de propositions et d'influence réunissant des experts et des
universitaires, des gens d'affaires et des artistes, des travailleurs et
des citoyens, des seniors et des jeunes, tous habités par l'idée que
l'avenir ne sait pas attendre et qu'il vaut mieux le convoquer soi-même.





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1 commentaire

  • Serge Jean Répondre

    23 mai 2012

    Des lois de criminels du genre 78, ne devraient jamais prendre un caractère de validité juste ou injuste dans notre conscience.
    Les criminels ne sont aucunement mandatés légalement par aucun peuple pour éditer des lois qui vont à l'encontre de l'existence même de ces mêmes peuples.
    La loi 78 ça ne vaut strictement RIEN. C'est de la marde.