La Presse grande castratrice de la révolution tranquille (4e partie)

La pieuvre Desmarais prend le relais

Tribune libre

Cet homme d’affaires franco-ontarien était habité par la même urgence que Trudeau. Il était d’avis que, durant les premières années de la Révolution tranquille, madame Berthiaume-Du Tremblay, alors propriétaire de La Presse, avait trop souvent laissé ses journalistes faire, on dirait aujourd’hui,   du « copier-coller » avec ce qu’ils avaient vu et entendu à CBFT.

Fiction toute proche d’une certaine réalité : pendant la campagne électorale de 1962, imaginons un Paul Desmarais devant son téléviseur. Il y voit René Lévesque craie à la main devant son traditionnel tableau. Le ministre explique comment étaient rendues intenables les disparités régionales qu’entrainait la multiplication des réseaux électriques au Québec.

Quelques jours plus tard, quand notre homme d’affaires déplie son journal, ses yeux tombent tout de go sur  Les Abitibiens jubilent, grosse manchette à la une de La Presse. S’empressant de lire le texte que sous-tend un aussi percutant titre, il éclate.

« Pourquoi diable Angélina laisse-t-elle faire une telle ignominie? Elle n’a donc pas le contrôle de ses journalistes. Ne sait-elle pas que, dans notre milieu, ce Lévesque est considéré comme le Fidel Castro du Nord. La question du clignotement des lumières en Abitibi ? De grâce, laissons la compagnie régler seule le problème! On n’a vraiment pas besoin de ce Lévesque pour offrir le 60 cycles aux Abitibiens.»

L’élection de 1962 a convaincu Desmarais que les journalistes de La Presse ont tout autant tombé dans la marmite socialiste et nationaliste que leurs confrères de la télé. Il fallait donc absolument fermer les deux robinets. Et dans un tel serrage de vis, Desmarais devance Trudeau d’un an. Dès juillet 1967, il achète La Presse.


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