Autres exemples de

La pénétration insidieuse de l'anglais

sous l'oeil impassible de nos "autorités"

Tribune libre

Vendredi soir. Repentigny. Kiosque à musique près de la rue Notre-Dame. Une foule de plus de 1 000 personnes. Toutes de langue française. En tout cas, c’est la seule langue qu’on entend dans la foule.
Le spectacle commence sur un pot-pourri de rock’n roll de l’animateur. Suivent six chanteurs et chanteuses. De, disons, trois générations. Christine Chartrand et Jean-Guy Piché ont plus de 50 ans; Gaétan Leclerc (le neveu de Félix) est entre 30 et 40 ans. Ils chantent en français : de très belles chansons du répertoire québécois. Gaétan Leclerc a même un rappel.
Les quatre autres artistes (des pure-laine aussi) ont moins de 30 ans. Ils chantent chacun deux ou trois chansons. Tous interprètent une chanson en anglais. Moyenne : 40% de leur prestation. L’un d’entre eux chante même une chanson qu’il a composée où se retrouvent deux ou trois phrases en anglais sans beaucoup d’à-propos.
Je rappelle que le public est à 100% francophone ou presque. Comment ne pas se poser certaines questions? Pourquoi ces jeunes sont-ils si attirés par l’anglais? Il y a là une tendance très nette. Cette tendance nous conduit vers quoi?
Cette constatation d’un soir est à mettre en rapport avec d’autres faits. Le Rendez-vous estival de Le Gardeur a depuis quelques années un programmation très majoritairement anglophone. Le Festival Feu et Glace de Repentigny fait aussi une très large place à la chanson américano-anglaise. Les gens qui vont patiner à l’île Lebel entendent surtout du répertoire anglophone. Les chansons qu’on fait jouer à tue-tête au stade de base-ball du parc Champigny sont presque uniquement en anglais.
Récemment, Radio-Canada nous présentait un reportage sur les départements de musique de deux cegeps francophones (Marie-Victorin et Drummondville); les jeunes y apprennent et chantent « beaucoup plus » de chansons anglaises que de mélodies françaises.
Dernière évocation. En juin dernier, j’assistais à un spectacle de fin d’année dans une école secondaire de Lachenaie. Je suis parti après vingt minutes; je n’y avais entendu que des chansons en anglais.
Autres questions. À Toronto ou à New-York, enseigne-t-on beaucoup de chansons françaises dans les écoles? Entend-on beaucoup d’œuvres musicales de langue française dans leurs festivals ou leurs spectacles du vendredi soir? La cérémonie d’ouverture des Jeux de Vancouver comportait combien de chansons dans la langue de Molière? Réponse : une seule en plus de deux heures.
On comprend que nos jeunes apprennent de mieux en mieux l’anglais à l’école. Mais est-ce pour s’en servir pour communiquer avec leurs compatriotes (en chansons ou autrement) ou pour faciliter leurs contacts avec l’étranger?
Revenons à la tendance. Si elle se maintient, à quoi le Québec ressemblera-t-il dans vingt ou trente ans? Probablement à un endroit où le français (en musique à tout le moins) sera devenu marginal. À la Louisiane, en somme. Est-ce cela que l’on veut?
Je m’en voudrais de ne pas mentionner la responsabilité de ceux qu’on pourrait appeler « autorités » dans cette dérive. Les directions d’école, les dirigeants municipaux (qui organisent et devraient baliser les événements), les propriétaires et administrateurs de postes de radio ou de télé jouent-ils véritablement leur rôle dans la tâche de préserver notre langue ou l’abdiquent-ils tout simplement?


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4 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2011

    Moi-même, miné par la pénétration irrépressible de la langue anglaise, je tombe par hasard sur votre contribution. Mais je ne suis pas au Québec, quasiment "assiégé" par l'anglophonie ; je suis en France, où j'aurais pu croire que le bouclier continental est-atlantique (tout sauf anglophone) résisterait aux assauts des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Or ici, la pénétration de l'anglais n'est même plus insidieuse ; ça rentre comme dans du beurre ! Et je pense que, vous autres, Québécois, défendez votre langue bien plus et bien mieux que nous Français. Je vous envie, et j'ai pour vous la tendresse d'un père pour ses enfants. Continuez !

  • Archives de Vigile Répondre

    10 septembre 2010

    On comprend que nos jeunes apprennent de mieux en mieux l’anglais à l’école. Mais est-ce pour s’en servir pour communiquer avec leurs compatriotes (en chansons ou autrement) ou pour faciliter leurs contacts avec l’étranger ? ( CR )
    6 septembre 2010, par Patrick CHAUVET
    Le phénomène n’est donc pas propre au Québec »

    Ce qui est propre au Québec, c'est ce qu'on cache à l'étranger...
    On ne dit pas à l'étranger que l'anglais est enseigné et utilisé au Québec comme une langue de remplacement. Et non comme une langue seconde.
    On ne dit pas que le Québec est gouverné par le parti des anglophones et des immigrants, le Liberal Party ov Quebec.
    On ne dit pas que le Québec est gouverné par un premier ministre anglophone, John James Charest.
    On ne dit pas que le gouvernement du Québec et l'administration de la ville de Montréal, fournissent tous leurs services dans la langue anglaise, à quiconque, sur simple demande. Peu importe s'il ne reste plus que 7,7 % d'anglophones, au Québec.
    On ne dit pas que le ministère de l'immigration du Québec, depuis l'élection des libéraux en 2003, offre certains programmes qui paient les immigrants, incluant les immigrants francophones, jusqu'à 150 $ par semaine pour étudier l'anglais à temps plein.
    On ne dit pas que l'anglais est obligatoire et imposé à tous par le ministère de l'éducation du Québec, dès l'âge de six ans à l'école française et jusqu'à la fin du collégial. Sinon, il y a sanction. Pas de diplôme DES et DEC.
    On ne dit pas que l'anglais est obligatoire au travail, au Québec, imposé selon la bonne volonté de la direction des entreprises. Sinon pas d'emploi, peu importe les compétences et l'expérience.
    On ne dit pas que les organisations et entreprises à charte fédérale, tel que les banques, les communications, les pharmaceutiques, l'aéronautique, l'informatique, ne sont pas soumises à la Loi 101 du Québec et donc opèrent en anglais.
    On ne dit pas qu'a la culture audiovisuelle, à la télédiffusion, le cablodistributeur Vidéotron, région Montréalaise, impose aux francophones un forfait de base dont le contenu est 53 % anglo-américain. Soit, 12 chaînes anglo-américaines et 5 chaînes françaises. Malgré une démographie de 65 % de francophones. Sinon, pas de service. Vérifiez...
    Vidéotron...
    Câble classique, Service de base 28,70$ /mois, 1,8 millions d'abonnés.
    Anglo américains...
    ABC Plattsburgh (WVNY) * CBC Montréal (CBMT) * CBC News Network * CBS Burlington (WCAX) * CJNT Montréal CNN * Country Music television (CMT) CTV Montréal (CFCF-12) * Discovery Channel FOX Burlington (WFFF) * Global Québec (CKMI) * NBC Plattsburgh (WPTZ) * PBS Plattsburgh (WCFE) * PBS Vermont (WETK) * Rogers Sportsnet East * The Learning Channel (TLC) The Sports Network (TSN) * YTV
    18 cannaux - inclut 12 chaines
    =========
    Français...
    ARTV Assemblée Nationale Canal D Évasion Historia Le Canal Nouvelles (LCN) Radio-Canada Montréal (CBFT) * RDI Réseau des sports (RDS) Séries+ Télé-Québec * Télétoon (f) TVA Montréal (CFTM) * TV5 * V Montréal (CFJP) * Vrak.TV
    16 cannaux - inclut 5 chaines.
    =========
    Chaines... 71 % anglo américain, 29 % francophone.
    Total... 53 % anglo-américain, 47 % francophone.
    ==============================
    Démographie, RMR Montréal...
    Population... Anglais 425 635 - 11,9% - Francais 2 328 400 - 64,9% - Autres 760 445 - 21,2%
    Le 25 juin 2010

    Cela veut dire...
    Tous les mois, 1,3 millions de francophones financent volontiers la culture de l'anglo-saxon canadien et américain, en payant 18,2 $ millions à Vidéotron pour ces postes de l’anglo-américain.
    Il ne reste plus qu'a demander à l'auteur du billet...
    Dans un état ou... Le gouvernement impose de force à tous l'apprentissage de l'anglais, fournit tous ses services en anglais, les entreprises imposent l'anglais à la culture télévisuelle et au travail, tous les politiciens francophones de l'opposition péquiste supportent le «full» bailingue des jeunes, et répondent volontiers en anglais aux anglophones...
    Comment pouvez-vous parler de « La pénétration insidieuse de l’anglais... » ?...
    Étant donné que vous n'êtes plus d'identité francophone. Plutôt, bailingue.
    SP

  • Archives de Vigile Répondre

    6 septembre 2010

    Et nous n'avons pas encore tout vu et tout entendu à ce sujet.
    Surveillons la ministre Saint-Pierre, elle nous en prépare des vertes et des pas mûres. Ou trop mûres.
    C'est à partir de mercredi qu'elle entonnera son chant funèbre sur le cadavre de la Loi 101. Curieux elle a retrouvé la voix.

  • Archives de Vigile Répondre

    6 septembre 2010

    J'écris de Paris
    La veille de Francofolies de La Rochelle, un des organisateurs disait au micro de LA RADIO France-Inter au journal de 13h qu'il s'inquiétait car la plupart des jeunes chanteurs ou groupes composaient et chantaient en anglais. Il se demandait comment faire pour l'avenir de ce festival... .
    Le phénomène n'est donc pas propre au Québec