La « paix » selon B'Nai Brith

Géopolitique — Proche-Orient


Aujourd'hui le 27 juillet 2006, le B'nai Brith coordonne à Montréal un « Rassemblement exceptionnel pour la paix en Israël et au Proche-Orient ». Selon le communiqué de presse que j'ai trouvé sur le site Judéoscope.ca, on nous invite à venir nombreux, habillés de bleu et blanc pour cette manifestation en soutien à Israël et en opposition au terrorisme et à ceux qui soutiennent la terreur.
Opposition au terrorisme, voilà qui est tout à fait normal dans une manifestation pour la paix. Ce qui est moins normal, est l'absence complète de revendication d'un cessez-le-feu dans les plus brefs délais.
Comment une manifestation pour la paix au Proche-Orient peut-elle faire l'économie de la demande d'un cessez-le feu immédiat, alors que l'on n'est plus simplement témoin d'une lancinante guerre de frontière de basse intensité qui perdure depuis cinq ans entre Israël et la milice du Hezbollah, mais bien du plein feu ouvert, destructeur et terrorisant de part et d'autre ? Je suppose qu'on me répondra que « la paix » dont il est question est la « nouvelle paix du Proche-Orient » dont parle Condoleeza Rice. Celle-ci, évidemment obtenue lorsque les « combattants illégaux » du Hezbollah seront neutralisés ce qui nécessite d'employer des ressources militaires et des bombes, c'est-à-dire de faire la guerre.
Si on préconise la solution militaire pour obtenir en fin de compte la paix qu'on souhaite selon les conditions qu'on souhaite alors il faut dire les choses telles qu'elles sont : on est pour la guerre. Prétendre que cette manifestation est « pour la paix » relève du doublespeak orwellien. J'entends par là cette façon de désigner les choses désagréables par des euphémismes voire même par des noms qui contredisent carrément la réalité dans le but de manipuler l'opinion publique.
L'arme du doublespeak est efficace. En début de journée, les quelques reportages que j'ai entendus sur cette manifestation parlaient des revendications de paix sans souligner le fait que les organisateurs ne prêchaient pas pour un cessez-le-feu. Encore une fois, les médias nous laissent tomber pour ne relayer que les communiqués de presse sans aucune réflexion. J'ai aussi entendu par la suite que le maire Tremblay justifiait sa présence à ce rassemblement en disant qu'il participerait à toute démonstration qui ferait la promotion des valeurs communes de paix partagées par tous les Montréalais. Au moment où j'écris ces lignes, je ne sais pas si les médias feront un meilleur travail en fin de journée en questionnant cette « paix » désirée par les manifestants. De toute façon, le mal est fait.
Un rassemblement pour la paix à Montréal c'est très rassembleur. Tout le monde se souvient qu'ils étaient 100 000 à manifester il n'y a pas si longtemps contre la guerre en Irak. Une manifestation en bleu et blanc c'est encore mieux, combien de Québécois adorent se parer des couleurs du drapeau du Québec (qui par une coïncidence heureuse a le bon goût de ne contenir aucune trace de rouge et de vert). Je me demande combien de Montréalais se seront rendu à cette manifestation avec leurs vêtements bleu et blanc portés au dernier défilé de la Fête Nationale en croyant à tort manifester pour la paix au Proche-Orient. Ceux-là, en tout cas, auront été manipulés par le doublespeak du B'Nai Brith.
Marie-Claude


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