Le Québec forme une nation dans un Canada uni, dit Stephen Harper. Une motion ne coûte pas cher. Elle n'a aucune conséquence financière, ni juridique.
Une fois la motion adoptée, le gouvernement du Québec n'a pas de nouveaux pouvoirs, l'anglais continue de gagner du terrain au Québec et le français continue d'être marginalisé dans la fonction publique fédérale. Le poids politique du Québec ne cesse de diminuer au sein du Canada, et le Québec n'a toujours pas le droit de parler en son nom sur la scène internationale. Aux yeux du Canada anglais, rien ne change vraiment: le Québec n'est qu'une province sur dix, et non le berceau de l'un des deux peuples fondateurs de la fédération canadienne.
Si au moins la motion de M. Harper symbolisait le changement, on pourrait dire qu'elle inaugure peut-être une nouvelle ère. Ce serait le cas, par exemple, si cette motion disait simplement que le Québec forme une nation, comme la motion présentée par le Bloc québécois. Mais la motion de M. Harper est en fait un éloge du statu quo.
L'idée que se fait M. Harper de la nation québécoise est conforme à l'esprit du fédéralisme canadien: le Québec n'a jamais choisi librement d'en faire partie et il n'est pas maître de son destin, quoi qu'ait pu en penser Robert Bourassa.
Le Québec a été conquis par les armes en 1760, écrasé dans le sang en 1838, annexé par l'Acte d'Union en 1840, minorisé par la Confédération en 1867 et trahi en 1982. En 1990, on lui a refusé les plus petits accommodements constitutionnels. En 1995, on a bafoué ses droits démocratiques. En 2000, on lui a interdit par une loi de décider de son avenir lui-même et, du même souffle, on l'a menacé de partition.
Aujourd'hui, M. Harper ne fait que nous répéter sur un autre ton le discours auquel nous sommes habitués: chers Québécois, appelez-vous comme vous voulez, société distincte, peuple, nation ou pays, mais en ce qui me concerne, vous êtes prisonniers à jamais du Canada.
Le fait de se savoir prisonnier ne suffit-il pas pour vouloir résolument cesser de l'être?
Bernard Desgagné
Gatineau
La nation prisonnière
Le fait de se savoir prisonnier ne suffit-il pas pour vouloir résolument cesser de l'être?
Laissez un commentaire Votre adresse courriel ne sera pas publiée.
Veuillez vous connecter afin de laisser un commentaire.
Aucun commentaire trouvé