La mairesse de Paris sous les feux de la critique

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L'écologie punitive est la nouvelle marotte de la gauche bobo.

Il n’y a pas qu’à Montréal que le maire affronte une vague de critiques sans précédent. Celle que Denis Coderre aime bien appeler par son petit nom, « Anne », chaque fois qu’il passe à Paris n’est pas en reste. Comme dans la métropole québécoise, on a vu monter à Paris une vague de mécontentement à l’égard des politiques municipales. Et il se pourrait bien que la mairesse socialiste soit victime de ce qu’on nomme ici le « dégagisme ».



Depuis les dernières législatives, Paris ne compte plus qu’un seul député socialiste. Heureusement, les prochaines élections ne sont qu’en 2020. Car, avec une cote de popularité d’à peine 25 %, selon le baromètre politique Kantar Sofres-onepoint, il n’est pas certain que celle que l’on qualifie allègrement de « reine des bobos » ou de « Pol Pot en Vélib » serait réélue.



S’il n’y a ni cônes orange ni Formule E à Paris, les motifs d’insatisfaction ne manquent pas. Que cela concerne la « boboïsation » de la capitale, la guerre aux voitures ou la propreté, Anne Hidalgo a été l’objet de critiques virulentes. Elles ont notamment été formulées dans un livre en forme de pamphlet intitulé Notre-Drame de Paris (Albin Michel).Les auteurs, Airy Routier et Nadia Le Brun, n’y vont pas par quatre chemins. Ils accusent la mairesse de rendre « invivable la vie quotidienne des dix millions d’habitants de Paris ».


50 %


La moitié des Parisiens ne possèdent pas de voiture. Le prédécesseur d’Anne Hidalgo, Bertrand Delanoë, a multiplié comme jamais les pistes cyclables, des voies réservées et des lignes de tramway pendant ses 13 années à l’Hôtel de Ville.



Entre une « Nuit des débats » (où l’on organise des échanges philosophiques à 3 h du matin !) et la multiplication des opérations Paris Plage, la création d’un « espace nudiste » au bois de Vincennes est devenue le symbole de ces mesures qui visent à faire de Paris la capitale mondiale du « bobo gaucho homo écolo », écrivent Routier et Le Brun.



Selon la mairesse, il fallait faire comme Berlin (qui a une vieille tradition naturiste) et Barcelone (qui a des plages !). Résultat, les Parisiens ont rigolé tout l’automne de cet « espace » situé dans un bois déjà reconnu pour être un des hauts lieux… de la prostitution !



Haro sur l’automobile



Mais c’est pour sa véritable déclaration de guerre à l’automobile qu’Anne Hidalgo a été la plus critiquée. Il faut dire que la succession n’est pas facile après 13 ans de règne de Bertrand Delanoë, qui a multiplié comme jamais les pistes cyclables, des voies réservées et des lignes de tramway. Résultat, aujourd’hui, 50 % des Parisiens n’ont pas de voiture.



« La voiture ne représente plus que 10 % des déplacements parisiens, loin derrière la marche à pied (55 %), les transports en commun (30 %) et le vélo (5 %), expliquait récemment dans L’Obs l’économiste Frédéric Héran, maître de conférences en économie à l’Université de Lille. Anne Hidalgo ne fait donc que poursuivre une politique de réduction du trafic automobile qui est bien antérieure à son arrivée à l’Hôtel de Ville. »



Mais fallait-il aller si loin ? Chaque week-end, la petite rue Jourdain dans le 20e arrondissement est fermée à la circulation malgré l’incompréhension des résidants. Selon la mairesse, il s’agit de « reconquérir » l’espace réservé aux voitures. Résultat, la rue semble morte et les rares piétons qui s’y aventurent continuent à utiliser les trottoirs, qui suffisent amplement.



La décision d’interdire les moteurs diesel à l’horizon 2024 et les moteurs à essence en 2030 a aussi provoqué un tollé. D’abord, parce que 60 % du parc automobile français est diesel. Ensuite, parce qu’on ne voit pas comment la capitale pourrait agir seule, sans tenir compte du reste de la France.



Cette décision est d’autant plus mal acceptée que, un an après la piétonnisation des voies sur berge, « aucun impact significatif sur l’exposition des populations [à la pollution] n’a été mis en évidence »,notait l’organisme de surveillance Airparif. Sans compter qu’en semaine, les piétons boudent les voies sur berge.



Mais ce n’est pas tout. Depuis le 1er juillet 2016, les véhicules désignés comme polluants par leur vignette sont déjà interdits dans la capitale. Une mesure jugée particulièrement sévère pour les ménages pauvres qui fuient déjà la capitale à cause des prix du logement. Bientôt, la rue de Rivoli, équivalent de la rue Sainte-Catherine à Montréal, n’aura plus qu’une seule voie réservée aux voitures. Ce qui a fait sursauter le préfet, qui s’inquiète des embouteillages.



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