Projet de loi 52 vs le projet de loi 60

La liberté de religion est-elle devenue plus importante que le droit à la vie ?

Gaston Lévesque

Tribune libre

Comment se fait-il que les juristes sont si prompt à monter aux barricades et à contester avec ferveur au nom de la liberté de religion l'interdit du port de signes religieux pour les employés de l'État et qu'aucun d'entre eux, à ma connaissance, ne conteste au nom du droit à la vie et à la dignité humaine le projet de loi 52 légalisant l'euthanasie en fin de vie ? Devons-nous comprendre de cette attitude que la liberté de religion est plus importante que le droit à la vie et à la dignité humaine ? Est-ce à dire qu’il est plus odieux et inacceptable de porter atteinte à la liberté de religion que de violer le droit à la vie et à la dignité humaine ? Dans sa lettre encyclique du 25 mars 1995, le Pape Jean Paul II rappelle à toute personne de bonne volonté que la dignité humaine commande le respect des personnes faibles et vulnérables :
« De fait, c'est ce qui se produit aussi dans le cadre politique proprement dit de l'État: le droit à la vie originel et inaliénable est discuté ou dénié en se fondant sur un vote parlementaire ou sur la volonté d'une partie — qui peut même être la majorité — de la population. C'est le résultat néfaste d'un relativisme qui règne sans rencontrer d'opposition: le « droit » cesse d'en être un parce qu'il n'est plus fermement fondé sur la dignité inviolable de la personne mais qu'on le fait dépendre de la volonté du plus fort.
Ainsi la démocratie, en dépit de ses principes, s'achemine vers un totalitarisme caractérisé. L'Etat n'est plus la « maison commune » où tous peuvent vivre selon les principes de l'égalité fondamentale, mais il se transforme en Etat tyran qui prétend pouvoir disposer de la vie des plus faibles et des êtres sans défense, depuis l'enfant non encore né jusqu'au vieillard, au nom d'une utilité publique qui n'est rien d'autre, en réalité, que l'intérêt de quelques-uns. Tout semble se passer dans le plus ferme respect de la légalité, au moins lorsque les lois qui permettent l'avortement ou l'euthanasie sont votées selon les règles prétendument démocratiques. En réalité, nous ne sommes qu'en face d'une tragique apparence de légalité et l'idéal démocratique, qui n'est tel que s'il reconnaît et protège la dignité de toute personne humaine, est trahi dans ses fondements mêmes: « Comment peut-on parler encore de la dignité de toute personne humaine lorsqu'on se permet de tuer les plus faibles et les plus innocentes? ».
Comment se fait-il que deux anciennes éminentes juges de la Cour suprême du Canada se soient prononcées publiquement sur le projet de loi 60, mais qu'aucune d’elles ne se prononce publiquement contre le projet de loi 52 afin de défendre la dignité humaine et le droit à la vie des personnes âgées et vulnérables ? L’ancienne juge l’Heureux-Dubé ne disait-elle pas, le 13 février 2014 dans le Globe and Mail, qu’elle partage aujourd’hui les mêmes valeurs qu’elle chérissaient dans le passé lorsqu’elle siégeait comme juge de la Cour suprême vis-à-vis les personnes opprimées et vulnérables ?
Je ne suis pas juriste mais logiquement les droits à la dignité humaine et à la vie ne précèdent-ils pas la liberté de religion ?
Assistons-nous à une inversion de toutes les valeurs ?


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7 commentaires

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    Un vieillard qui aspire à l'euthanasie parce qu'il ressent être une gêne pour le bonheur de ses enfants (ou leur hâte de l'héritage), vaut-il mieux qu'une femme qui se dit consentante à porter le voile, voire fière de suivre la voie honorable et de frustrer tous les mâles de sa beauté, hormis son époux (c'est à dire la dignité islamique de la femme) ?
    L'avortement : un grand progrès pour les hommes qui veulent échapper à leurs responsabilités paternelles. Et comme c'est la femme qui passe sur la table, les hommes n'ont pas de remords de conscience.
    M..dit mâles !

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    Alors que le Québec se penche sur la question de l’aide médicale à mourir, le docteur en droit belge Étienne Montero dénonce le projet de loi en soutenant qu'il est impossible de baliser et de contrôler l’euthanasie.
    http://www.24hmontreal.canoe.ca/24hmontreal/actualites/archives/2013/12/20131208-173103.html
    Vidéo explicative
    http://www.gloria.tv/?media=566436

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    Devant l'Assemblée nationale de Québec une vigile contre le projet de loi 52.
    http://www.gloria.tv/?media=572305

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    ...jamais la terminologie exacte n’a été utilisée auprès des Québécois concernant l’euthanasie en lien avec le projet de loi 52, le peuple, par ce subterfuge, a l’impression que les expressions « aide médicale à mourir » et « soin de fin de vie » désignent les soins palliatifs...
    Ce projet de loi menace l’existence même des soins palliatifs.
    http://www.cqv.qc.ca/fr/une-tr%C3%A8s-bonne-lettre-%C3%A0-envoyer-%C3%A0-son-d%C3%A9put%C3%A9-sur-le-projet-de-loi-52-euthanasie

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    Le poids d’une culture de la mort pèserait-il sur nous ? », écrivait récemment Mme Denise Bombardier dans le Journal de Montréal.
    http://www.ledevoir.com/politique/quebec/400305/l-aide-medicale-a-mourir-est-toujours-une-forme-deguisee-d-euthanasie

  • Archives de Vigile Répondre

    19 février 2014

    'Si Dieu n'existe pas tout est permis.'
    Dostoïevski

  • Archives de Vigile Répondre

    18 février 2014

    Et le droit de mourir dans la dignité, cela vous dit-il quelque chose? Et le droit de mourir au lieu de passer le reste de sa vie comme un légume, cela vous dit-il quelque chose?
    Pierre Cloutier