Léo Bureau-Blouin au PQ

La grande déduction

Élection Québec 2012 - les souverainistes

Il est de ces militants de Québec solidaire qui ne se contentent pas de penser que leur parti est le seul dépositaire de la vertu. Certains comme André Beaudet (La grande déception, Le Devoir, 30 juillet) tiennent même à l’écrire. Ainsi, plutôt que de se pervertir en joignant le Parti Québécois, Léo Bureau-Blouin aurait dû « garder sa position de leader et continuer la mobilisation au sein de Québec solidaire » dont la pureté idéologique est l’apanage exclusif, comme chacun sait. M. Beaudet en prend pour preuve le fait que Pauline ait « dépouillé » Léo de son carré rouge. Or quiconque se penche froidement sur la question comprend aussitôt que ce choix ne vise pas à renoncer à quoi que ce soit, mais bien à couper court à la démagogie malheureusement efficace de Jean Charest sur « la violence et l’intimidation », tout cela dans le but de battre les Libéraux.
J’ai 50 ans et j’ai milité près de 20 ans au sein du PQ. Après deux amères défaites référendaires, j’y ai compris qu’en politique, on a le choix. On peut d’une part, perdre et ne rien obtenir du tout parce qu’on a voulu tout tout de suite, sans compromis aucun. D’autre part, on peut aussi rester à gauche, mais sans trop s’éloigner du centre, gagner par le ralliement et ainsi mettre en œuvre tout de suite l’essentiel de ce qu’on veut, puis le reste plus tard. Léo Bureau-Blouin a compris cela. Élu sous la bannière péquiste, il pourra annuler la hausse de 82% des frais de scolarité et abroger la liberticide loi 78. Il pourra ensuite s’assurer que les frais de scolarité seront les plus bas possibles en attendant éventuellement et ultimement, la gratuité scolaire.
Mais encore faudra-t-il que QS n’entraîne pas « la division du vote des jeunes » que M. Beaudet attribue bien étrangement au PQ. En 2008, Françoise David reprochait au Parti vert de diviser le vote de Québec solidaire qui a pourtant causé la défaite d’au moins cinq candidats de gauche du PQ. Cette fois-ci, Mme David s’entend avec le chef d’Option nationale pour que ce parti ne divise pas son vote dans Gouin. Pourquoi alors ces deux partis ne font-ils pas qu’un, réglant le vote une fois pour toute? Parce qu’ils sont tous deux souverainistes, de gauche, féministes, altermondialistes et environnementalistes, mais pas dans le même ordre. La belle affaire…
Christian Gagnon
_ Montréal

Featured 38a394e6dfa1bba986fca028dccfaa78

Christian Gagnon138 articles

  • 125 446

CHRISTIAN GAGNON, ing.
_ L’auteur a été président régional du Parti Québécois de Montréal-Centre d’octobre 2002 à décembre 2005





Laissez un commentaire



2 commentaires

  • Joseph Berbery Répondre

    2 août 2012

    La terreur anti-communiste est passée de mode depuis 20 ans. Il faut se mettre à jour.
    Ceci dit, je trouve la stratégie de Pauline Marois concernant l'accession à la souveraineté parfaitement adaptée au réel. Elle a réussi à mettre au pas ou à mettre dehors les «pelleteux de nuages». Pour moi, c'est un bon point.
    Cependant, j'ai beaucoup de réticences quant à deux points que je juge importants.
    1- Une propension à personnaliser le conflit avec ses vis-à-vis. Et à passer trop vite de la discussion à la prise à partie. Il y a là un manque d'élévation pour le moins inquiétant pour tout serviteur de la Nation supposé regarder la ligne d'horizon plutôt que le bout de ses chaussures.
    2- La question sociale, celles de la fonction de l'État et du Service public, la redistribution des richesses, la lutte à la pauvreté et à l'exclusion me semblent être des sujets glissés subrepticement sous le tapis.
    Qui se souvient encore que le Parti Québécois de René Lévesque avait adhéré à l'Internationale Socialiste?
    O tempora! O mores!

  • Mario Boulet Répondre

    1 août 2012

    Il y a de grandes différences idéologiques entre Option Nationale et Québec Solidaire. Certaines de leurs idées se recoupent, mais à différent degré. En gros, Option Nationale dit que l'on ne pourra pas faire progresser la situation au Québec, sans obtenir l'indépendance. Tandis que Québec Solidaire désire se séparer seulement s'il ne peut pas réaliser son projet de société pseudo socio-communiste. Si Québec Solidaire était au pouvoir et si le Canada étudiait en profondeur les demandes de ce dernier parti (plusieurs « si », m'enfin!) et qu'il acquiescait à ceux-ci, Québec Solidaire resterait au sein de la confédération canadienne. C'est le statu quo!
    Plusieurs diront que j'exagère avec le communisme, mais le Parti Communiste du Québec a été englouti par Québec Solidaire. Le Directeur général des élections s'apprêtait à dissoudre ce parti en début de semaine. Leurs membres s'étant affilié à Québec Solidaire. Donc, qu'on le veuille ou non, une forte influence communiste règne à l'intérieur de ce parti, qu'Amir Khadir ou Françoise David soit d'accord ou non.