La fusillade d’Ollioules, ou quand nos rues se transforment en champs de bataille

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L'hyperviolence en France dissimulée par les médias


Il y a trois jours, un couple de touristes qui circulait paisiblement à scooter dans le centre-ville d’Ollioules (Var) a été victime de tirs survenus à l’occasion d’un règlement de comptes entre truands. Si les jours de l’homme ne sont aujourd’hui plus menacés, la femme, âgée de 57 ans, y a perdu la vie. Une fois encore, les médias n’ont accordé que peu d’importance à ce qui est devenu un banal fait divers. Entre fatalisme et résignation, notre société est en train d’accepter peu à peu l’inacceptable, laissant le soin au hasard de décider qui vivra et qui mourra.


Les origines de ce drame et le scénario mis en place sont pourtant bien connus. Une cité sensible à La Seyne-sur-Mer, à quelques encablures du lieu de la fusillade, et où règne un vaste trafic de stupéfiants. Trois bandes rivales qui, depuis plusieurs mois, se disputent le juteux marché que génère cette activité criminelle. La circulation d’armes de guerre que l’on peut maintenant se procurer avec une facilité déconcertante, tous les ingrédients sont ainsi réunis pour que les rues de nos villes se transforment régulièrement en véritables champs de bataille. Bien entendu, le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner, n’a pas manqué, au lendemain de cette agression sanglante, de servir sa litanie habituelle. Ainsi, « tous les moyens seront mis en œuvre pour identifier et interpeller les coupables ». Et sa « détermination à éradiquer ces réseaux criminels qui gangrènent nos quartiers » est, dit-il, plus forte que jamais. Propos mille fois entendus et jamais suivis d’effets.


La « nouvelle » police de sécurité du quotidien voulue par Macron est un échec retentissant. Elle était morte avant même d’avoir été mise en place, car complètement déconnectée de la réalité du terrain. Bien plus, la situation sécuritaire dans notre pays ne cesse de se dégrader, les chiffres relatifs à la délinquance étant tous orientés à la hausse. Face à ce constat, l’État est aujourd’hui complètement démuni. Aucune stratégie à long terme de lutte contre le crime, gestion quotidienne de la sécurité à courte vue, inadaptation et désorganisation de nos forces de sécurité devenues incapables de faire face à ces défis majeurs. Justice également dépassée car matériellement en état de mort clinique.


Notre pays, en matière de délinquance, est en train de payer des décennies de laisser-aller. De politiques inefficaces dont le seul objectif était de maintenir la paix sociale, fût-ce au prix de démissions et de compromis qui se révèlent désormais catastrophiques. Pendant longtemps, la seule méthode mise en place, avec la complicité de nombreux élus locaux plus intéressés par les subventions que par les résultats, a été de déverser des dizaines de millions de francs puis d’euros, en espérant ainsi entraver une montée de la criminalité pourtant inéluctable.


L’heure de vérité a donc sonné. Et c’est un véritable plan d’urgence qui s’impose désormais. Reconquérir nos quartiers et « éradiquer les réseaux criminels » demandera du temps, des moyens et de la détermination. C’est tout un travail en profondeur qu’il faut envisager, et reprendre enfin l’initiative sur le terrain. Mais pour cela, il faut, dans un premier temps, redonner des moyens suffisants aux forces de l’ordre. Cesser de fermer les commissariats et les brigades de gendarmerie et de saupoudrer les personnels et les matériels au bon gré des envies des politiques. Il faut, également, redonner confiance aux policiers et aux gendarmes en cessant de les accabler dès lors qu’ils ne font qu’exécuter les instructions d’un pouvoir démocratiquement élu. Mais, surtout, il faudrait au préalable une réelle volonté politique d’en finir avec le cycle infernal d’une délinquance qui nous met tous en péril. Et de cela nous ne voyons pas le moindre signe.