Cri d'alarme du Monde diplomatique

La France doit se protéger contre la menace de la langue anglaise

17. Actualité archives 2007



Norman Delisle - Québec - Menacée par l'anglais au Québec, la langue française doit aussi se défendre contre l'anglais... en France.
Le prestigieux mensuel Le Monde diplomatique lance d'ailleurs un cri d'alarme à cet égard dans son dernier numéro. Il y dresse la liste des obstacles que la langue de Molière a rencontrés récemment en territoire français.
Des entreprises ont été condamnées devant les tribunaux français pour avoir transgressé la loi Toubon, parrainée en 1994 par le ministre Jacques Toubon, qui est un peu l'équivalent de notre loi 101.
La loi reconnaît notamment le droit pour tout salarié ou consommateur de s'exprimer ou de recevoir toute information utile en français. Le texte législatif s'appuie sur l'article 2 de la Constitution de la République, qui dit que «la langue de la République est le français».
Le Monde diplomatique raconte qu'en janvier dernier, l'association Greenpeace avait, lors d'une manifestation, déployé sur la tour Eiffel une banderole unilingue où il était écrit «It's not too late» sans que les partenaires environnementalistes français appuyant Greenpeace aient trouvé à redire.
Une centrale syndicale française, la Confédération générale du travail (CGT), vient de dénoncer publiquement «la prolifération de l'anglais dans les noms de produits maison», en donnant les exemples de BlueSky, Firstline, GreenCut, Ink Set, Powder Flash, Top Bike Number One et BootStore.
Le cas Alcatel
Le cas de la multinationale Alcatel est aussi rapporté. Depuis sa fusion avec l'américaine Lucent Technologies, la direction d'Alcatel «accélère la mise en pratique du concept d'entreprises à langue unique mondiale» et impose l'anglais à tous les niveaux: logiciels, outils internes, langue des messages, etc.
À la suite d'une plainte du syndicat représentant ses employés, la General Electric Medical Systems de France a été condamnée récemment à verser 500 000 euros (716 000 $CAN) en dommages et intérêts pour ne pas avoir traduit en français 58 documents internes.
Une autre entreprise, Europ Assistance, a été forcée par la cour de traduire en français ses logiciels comptables et commerciaux, avec une amende de 5000 euros par jour de retard à s'exécuter.
Le Monde diplomatique rapporte même le décès de quatre patients du Centre hospitalier d'Épinal «surirradiés à la suite d'un cancer de la prostate pour cause de mauvaise compréhension du logiciel» de l'appareil de radiation. Le logiciel n'était qu'en anglais.
Carpette anglaise
Un groupe de défenseurs de la langue française en France, l'Académie de la carpette anglaise, a même créé un prix qui est attribué, depuis 1999, «à un membre de l'élite française qui s'est particulièrement distingué par son acharnement à promouvoir la domination de l'anglais en France, au détriment de la langue française».
Le grand gagnant du prix en 2006 a été le Conseil constitutionnel de France, pour avoir approuvé le protocole de Londres sur les brevets. Ce protocole permet à un texte de langue anglaise d'avoir un effet juridique en France.
D'autres gagnants des années antérieures sont la compagnie France Télécom en 2005, «pour la mise en place de produits et de services aux dénominations anglaises», ou le ministre de la Défense Alain Richard en 2000, pour avoir obligé les militaires français à parler anglais au sein du Corps européen alors qu'aucune nation anglophone n'en fait partie.
L'Académie de la carpette anglaise est composée de plusieurs écrivains et journalistes, et est présidée par l'écrivain Philippe de Saint-Robert, qui fut jadis conseiller du général de Gaulle sur les questions du Québec.


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